vendredi 5 septembre 2014

La charade de la patience et du don

Amateurs du casino des charades, soyez plus heureux que les flambeurs du gouvernement Valls et Flamby, qui misent au casino de l'économie ce qui n'est pas de leur fonds. Ce matin, les grands mots me réveillent et m'ont soudain fait un devoir de vous préparer trois charades, où si pouvait s'entrechoquer le sens pour vous faire signe comme fable, j'aurais été un moraliste affable et passable, moi qui suis d'un moralisme douteux. Mais, pour que vous ne m'accusiez pas de vous perdre dans mes méandres, que je commence par vous donner le dernier mot de ma fable, tel qu'il vous suffirait de lire ma morale pour que tous mes mots vous y soient donnés comme par le dictionnaire, mais les définitions que je sous-entendrai dans ma morale iront du dernier au premier des mots à deviner, la morale est devineresse et Göthe, dont je suis en train de lire "Les années d'apprentissage de Wilhelm Meister" parce que je suis un éternel apprenti, dit que les arrêts de la raison ne valent que pour un coup, mais ceux du coeur sont universels. Aussi y a-t-il plus d'hommes raisonnables que d'homme de coeur, car la raison suppose un jugement extérieur, et peu d'êtres aiment habiter leur intériorité. Voici donc la morale de ma fable : Il faut persévérer en son humeur et faire preuve de beaucoup de patience pour parvenir à donner sans compter. Ceci étant posé, il nous suffit de remonter la pelote en partant du dernier mot défini, qui sera celui de la première charade à trouver, car j'ai l'esprit d'escalier, d'association et de contradiction, mais "Les derniers seront les premiers", tant il est vrai que le don n'est pas facile, même celui qui paraît sans discernement. Le don sans discernement, c'est le tout de ma première charade, dont mon premier n'est pas simple amateur ; mon deuxième retient l'eau en vrai mur des barrages ; mon troisième doit garder le lit, ce qui donne l'attribut en trois syllabes de la position du malade. Mon tout est un don sans discernement, qui paraît bien improprement retenu par ma deuxième, car si l'on élève un barrage contre le Pacifique, l'océan rompt les barrages. On définit parfois "le sentiment océanique" comme la sensation que tout se dissout dans le divin. Or l'océan n'est pas pacifique, comme le roman de Marguerite Duras ne le prouvent que trop. Pourquoi les noirmoutrins (habitants de Noirmoutiers) disent-ils qu'ils vont "à l'océan" plutôt qu'à la mer, et que ça les apaise ? en vérité, la dualité à la fois contraire et complémentaire qu'il y aurait entre la transcendance et l'immanence océanique se synthétise sans se résoudre dans l'incandescence avec laquelle l'océan rompt les barrages. Et nous donnons sans discernement, plutôt que de faire d'un don le fruit mûri d'une décision. Le premier don est impulsif, nous allons l'auréoler de patience, mais prenons garde qu'à force de travail, il ne perde une impulsivité qu'il doit garder en dernier ressort. Comme la vertu que je vais dépeindre n'est pas aisée pour une âme volcanique, et que je suis loin de la posséder, laissez-moi la grimer sous un masque assez peu gentil. Mon premier vous dira la taille de mon amie. Grande, élancée, sa sveltesse la rend ennemie de la largeur des hanches et du bassin, ma première est sa ligne... Mon amie s'appelle presque Amie, il vous suffit de permuter une lettre et de la doubler à l'écrit, vous aurez son prénom, ma deuxième, qui est celle de la chercheuse de "moments parfaits" de "La nausée" de sartre, ressourcement en perfection d'Antoine Roquentin. Mais la perfection n'est pas de ce monde, et le "moment parfait", celui de la plus grande connivence et harmonie entre deux coeurs, ne se confond pas avec le kairos, le "moment favorable" pour changer de vie et faire son salut, tellement plus-que-favorable (et non plus-que-parfait), ce kairos, ce moment, qu'il n'y a même plus à le discerner. (Je bois pour me maintenir en état d'imperfection.) Mon ammie s'appelle donc Amie+1 dans l'alphabet. Une certaine Madame Ernaux porte ce prénom dans la littérature. Devrais-je l'avouer ? J'ai été reçu au CAPES et ai obtenu 18 à ma dissertation, en devant traiter un sujet qui supposait une connaissance de l'oeuvre de cette Madame Ernaux, dont je n'ai jamais luu un traître mot, mais seulement entendu le grain de la voix. Mais que diriez-vous si mon amie était crottée comme la princesse de la butte et que ses habits soient rongés de ces petites bêtes qui les auraient troués, parce qu''elle n'a pas d'argent pour se payer de la naphtaline ? Ma belle est grande amie a donc des habits troués par des bêtes qui sont des homonymes des contes ou de la supercherie superstitieuse. Karl-Gustave Jung croyait pourtant que ces légendes correspondaient à des archétypes vivants dans notre âme, mais qu'il fallait raviver, de sorte qu'il n'y aurait pas de vraie différence entre mythologie (j'ai des mittes au logis) et religion. Comment lutter contre les petites bêtes qui grignotent les textiles ? Les textiles de ma grande amie sont grignotés par les petites bêtes, et ma grande ami est rongée par la patience qu'exige la vertu cachée dans mon tout, que je vous ai déguisée, car cette vertu est entre autres une patience dans la douleur de me supporter. Car je ronge plus que j'aime, et mon amour, s'il ne lutte, grignote la place de l'autre, là où aimer, ce serait donner plus de place à l'autre, tandis qu'érotiser cet amour, ce serait se réjouir avec un quasi fétichisme de ce surcroît de place qu'il aurait su accaparer, de façon qu'"entre elle et moi, plus il y a d'espace et moins je respire, je l'aime à mourir !" Rien n'est plus contraire au tout de ma troisième charade que ce pathétique étalé par ses deux premiers que voici détaillés : Les tirades des tragiques commencent souvent par une interjection (mon premier), complété d'un adverbe interrogatif, que l'on trouve aussi dans la classe des pronoms relatifs. Mon troisième est une conjonction de coordination qui a la valeur de "et" dans les phrases négatives. Ma quatrième n'est pas la croûte du pain. Mon cinquième est la boisson qui infuse. Et mon tout est cette égalité d'humeur avec laquelle je souhaite être supporté dans mon torrent verbal et que vous résolviez mes énigmes ici (plus vous décomposerez, plus vous gagnerez de points) : julien.weinzaepflen@laposte.net, vous souvenant qu'il faut beaucoup d'égalité d'humeur et de patience pour discipliner la pulsion de donner sans mesure afin qu'elle devienne un acte généreux comme un art libéral.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire