jeudi 28 mai 2015

La charade de la santé

Bonjour, comment allez-vous ? On sait (certains se répandent là-dessus jusqu’à la défécation) que l’origine de cette question est versaillaise - on prête bien  au monarque absolu  d’avoir dit : “L’Etat, c’est moi”,
 
Dans nos régimes où l’Etat exerce un contrôle et une spoliation absolus(?), à défaut de gouverner et de protéger absolument. Nos régimes ne sont pas étatistes et si elle venait un jour à être renversée, ce qu’à dieu ne plaise, car c’est un équilibre comme un autre, la République n’inspirerait pas la même nostalgie qu’ont gardé pour le communisme ceux qui étaient sous son joug, car c’était un régime protecteur. -
 
Dans quel état errez-vous? La question est commune, bien qu’elle ne s’adresse qu’aux ivrognes, et tout le monde ne boit pas jusqu’à se mettre minable, tout le monde ne se saoûle pas jusqu’à ‘'l’infini, il y a même des abstinents complets par choix, sacrifice, privation surmontée ou non, ou qui ne souffrent pas de leur abstinence. 
 
“Dans quel état errez-vous ?” La question est commune et pourtant versaillaise, sous sa forme plus commune encore de
“Comment allez-vous ?”
 
La question comporterait des points de suspension, qui n’auraient pourtant pas été nécessaires avant la naissance de l’intimité, à cette époque du plus grand lustre classique où, en même temps que les bones manières, l’étiquette imposait aux courtisans d’assister au lever du roi et de l’entendre en le humant s’asseoir sur sa chaise percée, peu reluisant dans sa malpropreté ordinaire, que compensait à peine la poudre, l’hygiénisme n’ayant pas encore pasteurisé les consciences, qui se laissaient pourtant aseptiser jusqu’à souffrir des points de suspension pour ne pas ajouter “à la selle” à “comment allez-vous ?”.
 
“Valeo”, “je me porte bien”, répond-on pour ne pas entrer dans les détailles et ne pas infliger à ses contemporains, non pas le récit courant et odoriférant de ses selles, mais les affres complaisantes de sa vie intime, avouable et inavouable.
 
La bienséance exige qu’on ne se plaigne pas. Ni qu’on n’exhibe le pathétique de sa vie manquée, de ses talents gâchés ou de ses peines de coeur.
 
D’ailleurs, de nos jours où il paraît qu’on ne supporte plus la mort et pas davantage la souffrance, sauf lorsqu’elle se confesse sur les divans improvisés de la confidence, certains préviennent les réponses affligées :
“Comment que ça va bien ?”
 
La manière d’entrer en relation par-delà l’alternance des jours et des nuits montre la différence des préoccupations d’une ère de civilisation à l’autre. Les musulmans se souhaitent la paix. Ils espèrent faire droit et bon visage devant un dieu trop grand. Nous souhaitons que Dieu sauve notr eâme, car nous espérons mener grand train devant un dieu ilimité. Notre espérance ne connaît pas de bornes. Notre espérance  est pleine d’orgueil.  C’est pourquoi il nous paraît indigne de notre condition que Dieu n’aille pas jusqu’à nous arracher à grand prix d’un grand péril. Et nous nous interpellons
“Salut, ça va ?”
 
IL y a beaucoup d’orgueil dans l’espérance du salut. Et comme le paradoxe n’est jamais très loin du paradis, ceux qui ont l’espérance du salut chevillée au corps ont fait de l’orgueil le premier des sept péchés capitaux. Il serait presque impardonnables d’être orgueilleux, alors que, si je ne m’abuse, le péché est de se prétendre quelque chose en face de l’Infini. Le péché n’est pas l’orugueil, mais c’est la prétention.
 
Notre verbe est plein d’injonctions paradoxales et produit des effets d’hétérotellie : nous atteignons le contraire de ce que nous souhaitons. Les musulmans n’atteignent pas la paix, quand nous qui avons faim et soif du salut, vivons dans des sociétés globalement pacifiques, si elles contribuent pour une part non négligeable à la guerre ambiante, mais dont la richesse est contraire au dépouillement qu’exige le salut.
 
“Salut, ça va ?” “Bien”, je suis homme de bien, et je me porte bien “valeo”. Je me porte tout seul. Je me porte comme un charme. Mais il faut que le salut vienne dissiper le charme solitaire de ma fanfarone bien-portance, “je suis malade” :
 
.
 
“Quoi ? Tu es malade ? Cela se peut-il ? Mais qu’est-ce que ça vient faire ici ? Et de quoi tu es malade ? De ne pas aller à la selle ?”
 
Vous ne croyez pas si bien dire. J’ai entendu la chose de mes oreilles, mais ce n’était pas à propos des déjections canines ou fécales, ce n’était pas à propos de la merde, c’était encore moins à propos de la virilité (la soixantaine est la décennie du sexe, la soixante-dizaine est la décennie de la prostate), c’était à propos de la pisse.
 
J’étais dans une des tours de l’hôpital Bichat, et j’avais pour voisin de chambre un Africain, nanti d’une femme adorable, et qui, venant d’être opéré, redouta, comme il ne se sentait plus pisser, qu’il allait mourir. Il appela sa “maman”, sa femme qui était à côté de lui n’arrivait pas à le calmer. J’en fus bouleversé et sentis toute mon impuissance.
 
Pourquoi, entre la scatologie et l’eschatologie, il n’y a qu’un “ès” de différence ? J’ose à peine rappeler que la proposition “ès” était la contraction de “dans les”. Donc, par un syllogisme insensé, je pourrais en déduire, si j’étais blasphémateur et favorable au droit au blasphème, que, si on est dans l’”ès”cathologie, on est dans la merde...
 
 
Mais en voilà assez. Il ne faut pas tuer le Verbe pour un bon mot.
 
En selle !
 
IL y a un lys dans ma première d’après Balzac, ce n’est pas un os dans le potage, c’est le titre d’un roman cougare (deux syllabes) ;
mon deuxième est le pronom de celui à qui l’on parle et son homonyme est le verbe de l’occision ;
mon troisième est le verbe qui exprime ce qu’on fait quand on parle, c’est aussi le contraire de faire ;
Mes quatrièmes peuvent être de boeuf ou déclencher une crise.
Et mon tout se dit d’un état maladif.
 
Résolvez cette première énigme ici:
ou :
 
D’où vient que l’état maladif soit désigné par un dérivé de l’adjectif qui a pour radical le verbe de la bien-portance ?
 
C’est comme cet autre mot. Je n’ai jamais pu l’entendre sans commettre le contresens de le croire sympathiques alors qu’on devrait avoir “peur la nuit” quand on rencontre ce “mauvais garçon” :
 
 
Mon premier est le participe passé d’un vieux verbe de souffrance, coommandé par le même préfixe grec que celui du discours sur les maladies ;
mon deuxième a trop abusé du fruit de Bachus ;
je vous laisse, je vais prendre mon troisième.
Et mon tout est “propre à un individu qui inspire de la méfiance”, pas du tout bonhomme, l’individu
 
Résolvez cette autre énigme de l’invalide bonhomme ici :
 
ou
 
C’est un jeu, vous avez jusqu’à dimanche et vous serez appointé selon l’ordre d’arrivée et la pertinence (développement, décomposition) de vos réponses.
 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire