dimanche 20 janvier 2013
La charade bourdieusienne
bourdieusiens, bourdieusiennes
(ou bourdivins, bourdivines),
Vous devez (ou je dois de vous poser) le remue-méninges de ce jour aux quelques heures que "france culture" vient de consacrer cette nuit à Pierre Bourdieu.
Vous êtes "bourdieusien" si vous vous intéressez à l'homme, à l'auteur, au chercheur.
Vous êtes "bourdivin" si vous lui vouez un culte, exaltez ses catégories, voyez le monde à sa manière, divisé entre "dominants" et "dominés", destiné, par un déterminisme plus moral que social, au devoir d'émancipation, au déracinement de la domination dans l'ordre social, à travers ce qu'on appelle pompeusement des "changements de paradigme".
Par exemple, si vous considérez que l'homme et la femme construisent leur identité sexuelle plus qu'ils ne la reçoivent de la nature, si vous mettez en avant cette construction prioritairement à la biologie, bien avant la théorie du "gender", Judith butler et vous-même serez bourdieusien et bourdivin sans le savoir et, pour endiguer "la domination masculine", vous travaillerez à changer la représentation de "l'éternel féminin" dans la société.
vous serez fondés à le faire parce que, selon vous, "éternel féminin" n'existe pas. Il n'y a pas à proprement parler de nature humaine. La nature humaine est une construction de la société. Bourdieu irait-il jusqu'à concéder que l'instinct social y prend la place de l'instinct animal ?
"changer les mots, c'est changer les choses en changeant la représentation des choses".
L'intériorisation de la représentation reproduit la matrice atavique. Y aurait-il atavisme sans représentation ? bourdieu ne le croit pas, même s'il reconnaît que la représentation est très enracinée dans la perception qu'ont les hommes de leur état, de leur position sociale, et cet enracinement peut tenir lieu de "nature" pour des citoyens non informés.
Quelques effets de l'intériorisation de la représentation qui reproduit l'atavisme (La "reproduction" est très importante pour Pierre bourdieu) : c'est l'africain s'intériorisant comme esclave et continuant, en afrique, à travailler pour ses anciens maîtres sans qu'il lui vienne à l'idée de produire à ses fins les matières premières qui lui manquent tant, de mettre à sa disposition les outils et moyens de production, d'exproprier ses pillards.
Nous échangions ces considérations avec le croissant de lune à qui je ne répéterai pas que l'intériorisation de l'atavisme islamique est la reprise sur soi de la révolte d'Ismaël de se sentir illégitime quoiqu'étant le premier né d'abraham, d'après le seul texte écrit qui parlait d'abraham, d'Ismaël et d'Isaac à l'époque de la prédication, puis de la rédaction du coran. Intériorisation qui a eu pour effet, de la part des musulmans, de se prendre de fureur contre cette acte d'illégitimation, de la nier en substituant, dans le coran, contre le texte biblique antérieur, Ismaël à Isaac dans le sacrifice qui faillit être fait de son fils par abraahm, de la nier et d'aller jusqu'à nier l'importance du droit d'aînesse, dont la légitimité d'Ismaël devrait pourtant procéder, de la nier, elle et la filiation, (le croissant de lune prétend que l'islam est une religion de relative désaffiliation, où les crimes de fratricide et de parricide sont traités comme des crimes de droit commun,sans circonstance aggravante particulière).
Pierre Bourdieu, après des études à l'"Ecole Normale supérieure" de la rue d'Ulm, fut professeur (d'histoire géographie, apparemment) en algérie, séjour dont il profita pour écrire une "sociologie de l'algérie". Y parle-t-il de ces choses ? sans doute, il serait intéressant de la lire.
Mais, par la suite, Pierre bourdieu éprouva un intérêt plus particulier pour la société kabyle, qu'il prenait pour un des modèles les mieux construits de "société primitive", à la manière de la société béarnaise, région dont il était originaire et dont il considérait, à cause de la victoire de la langue d'Oil (la langue du Nord) sur la langue d'Oc (celle de l'Occitanie), pour former la langue française, qui considérait comme les félibres et, sur un autre front géographique, comme les militants du FLB (front de Libération de la bretagne) que le béarn et l'Occitanie n'étaient pas loin d'avoir fait l'obje d'une colonisation par la france analogue à celle de l'aglgérie,comme la société kabyle avait subi une inculturation par l'islam dont beaucoup de Kabyles se plaignent encore aujourd'hui.
Peut-on transformer, changer la matrice atavique ? Pierre bourdieu pense que oui :
"On n'est pas responsable de son premier mouvement, mais on est responsable du second."
C'est ce caractère antifataliste de la sociologie et de la philosophie de bourdieu qui fait de celle-ci, moins étude de la société qu'étude prescriptrice à prétention scientifique en vue d'une transformation sociale, une école de pensée qui a suscité et continue de susciter beaucoup d'espoir, même si Pierre Bourdieu a beaucoup été mis au ban du monde intellectuel, et continue d'avoir moins le vent en poupe que les héritiers du structuralisme, parce qu'i a nomenclaturé les goûts et les codes des intellectuels, il a "vendu la mèche" sans beaucoup se dévoiler personnellement, lui reprochaieent ses confrères, mais en puisant ses observations en partie dans ses propres habitudes. Autre reproche qu'on a fait à bourdieu : parler avec beaucoup de complexité d'un mécanisme qui dénonçait la complexité du parler des élites, renvoyant les masses à une incompréhension complète du langage des élites, dénonciation faite pour secouer le joug du dominé, mais dans la langue du dominant. D'après bourdieu, cette critique est primaire. Mais il est habituel qu'aux questions les plus simples, on ne répond pas :
"Ne dites pas que Bourdieu est chiant parce qu'il vous dit que c'est impossible, mais demandez-vous quoi faire de cette impossibilité", ça ne vous rappelle rien ni personne ?
Comment changer la représentation ? En modifiant légèrement le tout de ma première charade, au moyen de transformations progressives, dont je puis vous donner un exemple caricatural, mais qui ne serait pas conforme à la finesse qu'exige ce changement de paradigme, ou de l'état de la conscience d'un phénomène.
Cet exemple, je peux l'emprunter au débat qui fait rage autour du "mariage homosexuel". si la réforme passe, le plus probable est qu'on s'habituera à penser qu'un mariage n'unit plus nécessairement un homme et une femme, et l'instittution deviendra, après les âpres débats que nous vivons, pourla conscience des citoyens, indifféremment l'union entre deux personnes du même sexe ou l'union entre un homme et une femme. Là où la transformation est plus fine qu'il n'y paraît, c'est que, contrairement à l'adoption, qui joue sur la filiation, le "mariage homosexuel" passera pour l'affaire privée du peu de couples (ou de "duos") qui demanderont à convoler. Pour ceux qui croient en une nature humaine ou en un "droit naturel" préservé par les institutions, c'est une catastrophe. Pour ceux qui, comme Piere bourdieu, croient que l'institution peut être modifiée par l'entremise d'un thème dérivatif, le changement de l'institution fait partie de sa dérivation, de son évolution naturelle, sans qu'on ait à parler nécessairement de perversion ou de subversion, mais plutôt dediversion ou de digression.
Mais quel est cet élément susceptible de dérivation et qui fait progressivement bouger les consciences, avant que les moeurs elles-mêmes n'imposent ces changements à la société ?
Première charade :
mon premier est l'esclaffement du rire ;
mon deuxième est le préfixe du double ;
mon troisième est la terminaison de la deuxième déclinaison latine (la deuxième déclinaison est masculine, la première est féminine, cela n'entre pas dans les shémas bourdieusiens de "la domination masculine") qui viendrait prendre une boisson anglaise ; chez Jean racine, le prénom de l'époux de bérénice se terminait par mon troisième (vous l'aurez plus directement, comme ça) ;
et mon tout est présenté par Pierre Bourdieu comme "un caractère acquis".
"Caractère acquis", Bourdieu y voit un oxymore, une contradiction dans les termes, où se déploie tout le paradoxe de sa sociologie : "caractère" est un mot qui suppose l'existence d'une nature, d'une biologie ; mais "acquis" montre que celui-ci n'a pas été forgé par la nature et qu'on peut encore le modifier. donc il n'y a pas de nature humaine, il n'y a qu'une nature humaine forgée par la société et constamment susceptible de modifications, à condition qu'elles aillent au pas lent de l'évolution, hors des phases de révolution, pour s'imposer efficacement et durablement dans les consciences.
La deuxième charade va vous faire chercher un autre concept de bourdieu, moins fondamental que le premier :
mon premier est la qualité de ce qui est présent (Dieu sait que Pierre bourdieu a critiqué la philosophie d'Heidegher et son dasein) ; adverbe de lieu, c'est un synonyme d'ici ;
mon deuxième est, selon xavier Bichat, "l'ensemble des forces qui s'opposent à la mort". quoi ! La mort serait une, et celle-là serait un ensemble de forces multiples ? quand on nous demande de la choisir, on ne nous demanderait de choisir qu'un certain rapport de ces forces ?
ma troisième est indispensable à toute deuxième (un point pour vous si vous me donnez le proverbe sans ses trous) ;
ma quatrième est une ville du pas de calais où on vient d'installer une filiale du musé du Louvre ;
faisons un palier. Vous devriez avoir trouvé un article et un nom commun qui désigne une utilisation des forces de ma deuxième dans des mouvements naturels intenses et spectaculaires, dans des émotions non canalisées ou sous la forme de rixes physiques ou verbales.
ON redécolle, rattachez vos ceintures.
Celui qui a sa ceinture attaché est mon cinquième ;
mon sixième désigne un récipient ou du pot ;
mon septième désigne un os dans le potage, dans le vieux pot où l'on fait la bonne soupe, un caillou dans la chaussure, un problème ;
mon tout de 5 à 7 désigne un mot que Pierre bourdieu emploie dans beaucoup de ses métaphores capitalistes : il y a un capital de 5 à 7, un "marché des échanges de biens" de 5 à 7, dont font partie les femmes, dans l'ancienne acception du mariage, qui se choisissaient comme emblèmes d'un domaine. Comme quoi il y a eu de tout temps des perversions du mariage.
Bourdieuseiz ici (avec plusieurs sujets de dissertation possibles) :
1. selon vous, existe-t-il une nature humaine et comment articuler le rôle de la nature et celui des modifications ?
2. Quelles sont les différentes manifestations du tout de ma deuxième charade que vous pouvez repérer ?
vous pouvez bien sûr aborder tout autre sujet à votre convenance.
J'atends vos contributions, poussées au niveau que vous souhaiterez.
L'adresse pour réfléchir est ici :
julien.weinzaepflen@numericable.fr
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