dimanche 14 octobre 2012

La charade oftalmologique

"Comment l'entendez-vous", "ça vous regarde" ? Quoi, qui vous regarde ou pas ? Où j'étais ce week-end ? Ce n'est pas un secret et pourtant, je le garderai. Mais, bien que je le garde - parce qu'il ne s'agit pas non plus que vous puissiez lire dans ma vie à livre ouvert, non mais... -, la charade du jour m'a été inspirée par un récit qui m'a été fait ce week-end. Mais d'abord, quelques éléments de contexte. connaissez-vous la kynésiologie, la PNL (Programmation Neuro-Linguistique) ? Pendant un temps, j'ai été fortement incité à m'y intéresser par une cousine qui croyait y avoir trouvé l'alpha et l'oméga d'une bonne communication ainsi que d'une utilisation maximale des forces de son cerveau. Elle y voyait, en quelque sorte, un principe d'activation cérébrale. La Programmation Neuro-Linguistique est une méthode inventée par un certain Milton erikson qui prétendait avoir vaincu par les forces de sa découverte la poliomyélite dont il avait souffert, enfant, bien qu'il en connût une rechute, peu d'années avant sa mort. Son idée était qu'on n'utilisait que 5 % de son cerveau et qu'au moyen de recettes comme l'hypnose (sans assoupissement du sujet), injustement abandonnée par Freud, mais aussi, antécédemment, par une meilleure synchronisation de sa communication verbale et de sa communication non verbale, on pourrait précisément, à la fois accroître son pouvoir sur sa propre volonté, et avoir davantage accès au monde des synchronicités dans lequel s'attirent les coïncidences pour nous parler en une langue des signes qu'il est inexplicable que nous ayons tant de mal à traduire, comme si nous nous étions résolus à ce que cette langue des signes ne soit qu'un champ magnétique incapable de rien signifier, ou comme si dieu faisait un clin d'oeil à notre croyance en l'absurdité du monde en nous parlant en langue des signes sans que la sémiotique qui nous permettrait de la traduire en un champ clair de signification soit à notre portée. A l'usage - puisque j'ai essayé -, cette méthode m'a paru tenir à la fois du charlatanisme et de quelques aptitudes mentales étonnantes. Par exemple, c'est en essayant d'appliquer les rudiments de cette méthode que j'avais compris que j'ai pu établir avec mon père, qui était à l'article de la mort, un dialogue de conscience dont je demandais à dieu de me confirmer qu'il n'était pas un leurre en faisant que, si mon père et moi nous étions bien compris, il retrouve le lendemain un peu de vigueur. Or le fait est que, le lendemain, il était transformé et ne parvint à rien de moins qu'à organiser un entretien où, convoquant tous les siens, il nous interrogea chacun tour à tour sur ce que nous pensions de sa mort et nous communiqua la peur qu'il en avait. Lorsque je consultai un kynésiologue, celui-ci me fit boire un verre d'eau (avec moi, ce n'est jamais du luxe). Puis il s'assit à côté de moi, je l'entendais de temps à autre chuchoter à voix basse. Il me dit qu'il était en communication avec mon inconscient, lequel lui révéla des formules qu'il chercha dans son livre, ces formules étant les suivantes : "Dans la peur de perdre, je me sens amer" et : "Dans l'hostilité, je me sens sarcastique." Il me fit répéter ces formules en dirigeant mes yeux de tout côté, tout en se demandant quelle était la pertinence de l'application de sa méthode sur un non-voyant. Cela ne me fit pas recouvrer la vue, et il ne l'imaginait pas (je ne vous raconte pas cette histoire pour le tourner en ridicule) : le fait de me faire tourner les yeux de tout côté avait pour but selon lui de donner à tout mon corps la conscience des réalités qu'il avait découvertes en parlant avec mon inconscient, dans le but d'imprimer à toutes ces parties de mon corps la volonté de lutter ensuite contre ces réalités, qu'il avait identifiées comme les sources de blocage des problèmes que je lui avais signalés. Mais le fait de tourner ainsi les yeux me donna à la fin, à la fois une sensation de vertige, de fatigue et de relaxation. Pour montrer à quel point je ne le trouvai pas ridicule de prétendre parler avec mon inconscient, il y eut un moment dans la séance où je m'évadai, en écoutant monter la petite fille qui habitait l'appartement à côté du mien, une petite fille dont j'aimais bien la fraîcheur et la vitalité. Peut-être mon visage trahit-il que j'avais l'attention fixée ailleurs, en tout cas il me dit : "vous êtes avec moi ?", ce que j'entendis comme : "Revenez avec moi !" Or une des personnes avec lesquelles j'étais ce week-end m'a raconté qu'étant malvoyante, elle avait suivi des cours intensifs de rééducation visuelle, qui avaient fini par lui donner une appréhension complètement différente et infiniment plus reposante de la manière dont elle regardait, mais qui, avant d'en arriver là, stimulaient tellement ses yeux qu'elle finissait par en avoir des hallucinations visuelles. Lorsque je suis arrivé à Mulhouse, je suis allé proposer mes services d'organiste à la paroisse située juste en face de chez moi. Cette église avait pour particularité de n'avoir pas d'organiste titulaire, mais de préférer les faire tourner, et je voulais être de la ronde, je finis par en être. Mais cette personne commença par me manifester je ne sais combien de réticences. Je finis par lui faire cracher le morceau, de sorte qu'elle m'avoue enfin : "Mais enfin, comprenez que votre handicap nous fasse peur !" Je lui répondis que je le comprendrais de toute autre, mais pas de personnes engagées dans l'Eglise, parce qu'elles étaient des non pratiquantes du discours qu'elles tenaient sur l'accueil des plus faibles et des handicapés, qui sont une richesse pour l'Eglise, etc., et que rien ne me rebutait autant que ce genre d'incohérence majeure. Or cette personne exerçait la profession qu'il va s'agir pour vous de trouver maintenant : vous trouvez mon premier dans des mines, on en a fait un étalon, et ce métal précieux est le plus haut symbole de la valeur monétaire ; quand j'aurai fini de poser ma charade, je vous donnerai mon deuxième pour que vous puissiez partir et me donner la solution de l'énigme ; il n'y a pas que les peintres qui travaillent sur les toiles, les araignées aussi (mon troisième) les leurs (je n'ai pas écrit les leurres, ces trompe-l'oeil des peintres, je parle bien des araignées, ne vous laissez pas leurrer et dériver) ! mon quatrième est un pronom personnel du tutoiement et de valeur complémentaire ; et mon tout est la profession qui a peut-être provoqué des hallucinations visuelles à mon amie, rencontrée ce week-end. Je vous donne mon deuxième. Soyez hallucinants de perspicacité et ahurissez-moi ici : julien.weinzaepflen@numericable.fr

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