dimanche 18 novembre 2012
La charade de la poussière
(et non pas de la soupière)
"Souviens-toi que tu es poussière et que tu retourneras en poussière". Je vous parais lugubre ? ce n'est pas moi qui suis lugubre, c'est Fillon, courrage, Fillons ! Au fait, il a gagné ? Je n'ai pas encore écouté les infos.
Lorsque les chrétiens entrent en carême (on n'y est pas, on entre dans l'avent, enfin, bientôt), le mercredi des cendres (Mustapha dirait descendre et non point remonter), le prêtre, en vous marquant le front de cendres, a le choix entre deux formules. La première est optimiste et a tellement enthousiasmé Henry bonnier qu'elle lui a inspiré son "Journal d'une conversion" :
"Convertissez-vous et croyez à l'Evangile".
La deuxième est pessimiste et est celle que j'ai mise en en-tête, en chapeau de cette charade :
"Souviens-toi que tu es poussière et que tu retourneras en poussière".
Mais, à bien retourner ces deux formules (dans toute conversion ou metanoia, pénitence, il y a une idée de retournement), on pourrait se demander si la première formule n'est pas pessimiste et la seconde optimiste. est-ce un jeu purement idéatoire ? voyons voir ! La formule où il est question de "conversion" peut aussi être traduite par :
"Repentez-vous et croyez à l'evangile", ce qui fait dire à un pasteur de mes amis, puisque l'Evangile signifie "bonne Nouvelle", que "la bonne nouvelle" commence par une mauvaise nouvelle.
Un jour, j'ai interrogé une de mes amies sur cette question du repentir préalable à la conversion et qui me paraît à moi le rabat-joie de la conversion. Elle n'était pas de cet avis. Je la poussai dans ses retranchements :
"Mais comment peux-tu considérer que le repentir est stimulant ?"
"tu n'as qu'à prendre le mot et le dérouler, tu verrras que le repentir, c'est un changement de pente. En quelque sorte, se repentir, c'est remonter la pente." Je ne peux plus souffrir cette expression depuis que mon pauvre père (expression méridionale pour dire "mon défunt papa" ou "feu mon père"), dans une pause de la maladie qui l'a emporté, l'a prononcée en y croyant vraiment :
"Je suis en train de remonter la pente."
Peut-être, au sens figuré, était-il en train de juguler l'abandon dont il avait souffert toute sa vie et était-il en train, en effet, mais spirituellement, de "remonter la pente" vers son créateur, Celui qui ne l'abandonnerait jamais, "ne le laisserait pas orphelin".
Quant à moi, le voir, non pas spirituellement, mais physiquement, dégringoler dans la maladie m'a fait tant de peine que j'ai écrit quelque choose comme:
"Je ne laisserai plus personne dire qu'il est au bout du tunnel tant que je ne l'en verrai pas sorti."
Et aussi, sur la guérison, ceci :
En un sens, la guérison n'existe pas. Car, pour qu'elle existe, il faudrait qu'elle soit définitive. Et les sceptiques ont raison de ne pas croire au miracle, même si le scepticisme avec lequel ils n'y croient pas relève d'un nihilisme qui endeuille. Ils ont raison de nepas y croire, car le miracle n'existe pas. Le miracle n'existe pas, car il n'est jamais qu'un "signe" et un "prodige" destiner à émerveiller pour un moment, non à résorber pour jamais le mal de vivre. La résorption, que même l'harmonie ne réussit pas, on me dira qu'il y a l'éternité pour cela. Le miracle n'existe pas, car la guérison relève du miracle et elle n'est pas définitive. Elle n'est qu'un signe avant-coureur de l'arrêt espéré de toute maladie, avant que l'homme doive mourir condamné et puis ressusciter peut-être. Cette réalité est beaucoup plus grave et beaucoup moins triviale que cette galégeade pourtant vraie, qui rend à la tristesse de ce qu'elle énonce la politesse du désespoir :
"La vie est une maladie incurable et constamment mortelle."
Mais laissons là mes élucubration faussement désespérées sur l'invraisemblance de la guérison. Moi-même, je n'y crois pas. Ce qu'il m'importait d'établir est qu'il y a une version optimiste du repentir, du repentir comme retournement d'une pente descendante à une pente que l'on remonte, avec le remonte-pente de la grâce ? De la Grâce qui élargit, délivre ?
Examinons à présent s'il existe une version moins poussiéreuse de la poussière.
Selon la révélation de la genèse, l'homme serait né du souffle de dieu animant de la poussière d'argile en un pot. L'homme serait donc une sorte de sphère d'argile creusée en son milieu comme par un trou d'air ou une "blessure d'amour" (Sainte Thérèse d'avila), tour à tour (de potier), tour à tour, ce trou d'air, attrait du vide ou vasque du désir, ce qui est tout un, d'après le bouddha et l'abbé de tanoüarn. L'affaire est plus sérieuse que ma feinte ironie ne s'ingénie à le déguiser. En quoi a consisté le péché originel ? Pas tellement à consommer le fruit défendu qu'à vouloir séparer le bien du mal. L'arbre du fruit duquel il était interdit de manger était en effet, non pas l'arbre de la connaissance (il n'y a pas de contradiction de principe entre amour et connaissance), mais l'arbre de la connaissance du bien et du mal. Et la première honte que conçut l'homme, ce fut de se voir nu devant dieu, nu en Présence de Dieu. En latin, il n'y a qu'un mot, "pudet", pour désigner la honte et la pudeur. C'est tout un que de la honte et de la pudeur. L'homme fut pudique devant Dieu qui, "au souffle du jour" (au soir, dans les vêpres de dieu), lui posa la question qui ne cesse de retentir à l'oreille de la condition humaine :
"Adam, où es-tu ?"
"Mon enfant, comment te situes-tu ? Où en es-tu, que veux-tu ?"
L'homme avait perdu le paradis et sa situation. D'où il infère que, si l'on se demande en quoi consistait le paradis, il consistait à vivre nu, humble poussière à la Face de dieu qui avait donné "la Vie" pour "Lumière des hommes", mais les hommes en avaient insulté la transparence, ils s'étaient mis à juger, puis à déprécier la vie et, comme de juste, ils devenaient révocables de jugement, leur jugement avait entraîné la mort et leur mort serait suivie de leur jugement. La mission du christ consistait à redonner à Dieu la Création dans la transparence dans laquelle il l'avait faite et de redonner à l'homme le paradis. En cela consistait la rédemption. Savoir si elle est acquise, "accomplie" ou "inaccomplie", c'est-à-dire en voie d'accomplissement. Le programme du paradis retrouvé est qu'il redevient licite de vivre "à nu, à la face de dieu", sans honte et sans pudeur, merveille d'innocence et d'harmonie pour laquelle il n'y aura jamais de chant assez beau ! En d'autres termes, le paradis, c'est la poussière, CQFD : il y a une version optimiste de la poussière.
Mais encore ?
Une question que je me pose :
A valeur non constante du nombre de la population des créatures qui peuplent la terre, est-ce que la naissance d'un être vivant augmente la masse terrestre ? Nous discutions de ça hier, ma mère, Nathalie et moi, et aucun de nous trois n'a pu trancher la question. Si non, cela voudrait dire que nous sommes vraiment de "la matière organique" constituant la terre et que, selon le titre du livre de Marguerite duras, "LA VIE" est vraiment "MATERIELLE". - Quel était ce philosophe musulman qui croyait en l'éternité de la matière - ? Si oui, le mystère s'épaissit. Mais je préfère que la poussière que je suis ne change rien et que les saveurs lui survivent, elle se coulant dans les saveurs en une métempsicose de l'engrès.
Mon premier se porte au-dessus du maillot de corps, quand on n'aime pas les chemises blanches ;
mon deuxième est une lettre qui fait un coude ; sans trop lever le coude, on peut faire des plans de table selon la forme de cette lettre qui est directement la voisine dans l'alphabet, de la lettre à deux angles droits avec laquelle on peut aussi faire des plans de table ;
J.P. raffarin (pas fillon, Raffarin était pour copé) a dit que ma troisième ne doit pas gouverner. Les petits ruisseaux font les grandes rivières et un homonyme de ma troisième est un petit ruisseau ;
mon deuxième et mon troisième donne des boutons, enfin un bouton à faire enlever par le dermatologue. (Après la honte que l'homme conçut d'être nu devant Lui, dieu lui a fabriqué une "tunique de peau", cette seconde peau qui cache notre être derrière le masque de la personne) ;
mon quatrième est le chef-lieu de l'aine ;
et mon tout est l'adjectif de la poussière, dérivant d'un verbe qui signifie "réduire en poussière".
Essuyez-vous les pieds avant de répondre ici :
julien.weinzaepflen@numericable.fr
je viens de faire les poussières !
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