mardi 27 novembre 2012

Le classement de la résipiscence

(et non de la résilience). Nous devons le signalement de l'omission de ce compte rendu et de ce classement à la vigilance de Babeth. Vous en souvenez-vous ? Je vous exposais ma "théorie du dialogue", qui consiste à laisser l'autre s'énoncer et à le suivre jusqu'au point où l'on peut, mais sans prétendre le faire venir à (et voici l'énoncé de la charade) : le faire venir à mon premier qui est une narration ; mon deuxième qui est un nombre vacher, mais pas d'or ; et mon troisième qui était ce que devaient acquitter les contribuables qui prétendaient prendre part au vote, contributions dont tirent aujourd'hui parti, pour universaliser le suffrage, les partisans du vote des étrangers ; mon tout étant l'état d'abjuration auquel il ne faut pas aspirer, m'est avis, à retourner celui avec lequel on veut subir ensemble la transformation par le dialogue, jusqu'à un certain point. Avant d'appeler notre dictionnaire à la rescousse pour en savoir plus sur l'étymologie et la signification du mot résipiscence, j'ajouterai quelques mots à propos du dialogue (Méfiez-vous, mon deuxième point sera une charade, il y aura même deux charades au cours de ce compte rendu-classement, donc soyez attentifs, ne baissez pas la garde, même si vous bâillez d'ennui) ! 1. Ne croyez pas le "postulat de balanche" qu'"On ne discute bien que si on est d'accord". Ceci n'est valable que pour une "discussion d'opinion", où les forts en gueule veulent se gaver d'arguments, parce qu'ils ne sont pas certains de disposer de tout l'attirail. Charles Maurras, dont je ne me fais pas honte d'avoir lu un ou deux ouvrages majeurs, qualifiat de "vice de la discussion" l'usage de la démocratie. C'est qu'il n'y connaissait rien. Discutailler n'est pas discuter. Discutailler pourrait relever du café du commerce : on échange des opinions auxquelles on ne tient pas. La discussion entre gens qui sont d'accord, distincte du débat et encore plus de la polémique, qui n'est pas stérile que si les jouteurs ne se ferment pas à la possibilité de changer d'avis, la discussion est le fait de personnes qui ont besoin de se conforter dans leurs arguments, donc de s'assurer dans leur pensée. Il se peut que la polémique se place en fait entre la discussion et le dialogue. Pour ma part, je prétends dialoguer, mais je suis encore plus discuteur que polémiste, et pourtant mon attitude d'esprit est celle que je voudrais voir épouser aux polémistes : je ne donne presque jamais raison à mon contradicteur. Le croissant de lune, mon contradicteur principal depuis près de deux ans, a trouvé que mon pseudonyme cybernétique, le torrentiel, avait pour anagramme la (plus ou moins) "locution verbale" : "Nier le tort". C'est bien vu, comme à chaque fois que l'inconscient sémantique, qui est la fine fleur de la linguistique (saussuure voulait écrire un livre sur "Les anagrammes"), donne la clef des non-dits, ouvre le langage au silence éloquent des mots. Oui, je nie avoir tort ; mais en réalité, c'est pour pousser mon contradicteur dans ses retranchements les plus insoupçonnés des gardes champêtres ; et, s'il résiste à ma logique, à ma carapace, à mon refus de lui céder en rien, alors, que je l'avoue ou non, je saurai qu'il a vaincu. Plus tard viendra mon aveu. Le croissant de lune rêve de me jeter ainsi à terre, mais lointain est le jour où son rêve deviendra réalité. Le dialogue est le sommet de l'échelle qui part de la discutaillerie, monte à la discussion, puis à la polémique ou dispute et arrive à ce dernier étage. Avec qui dialogue-t-on ? Je prétends... Qu'on n'a la prétention de dialoguer qu'avec son ennemi. Mais dans quel but ? Dans trois buts principaux: a) D'abord pour lui permettre de s'énoncer, ce qui est un acte de fraternité combattante : on presse l'autre pour qu'il s'exprime, parce qu'il a besoin de se délivrer en se livrant ; b) ensuite pour le connaître ; c) et enfin, pour l'aimer. Je ne prétends pas, selon l'adage, que "la connaissance soit l'amour". Non, c'est plutôt l'inconnaissance qui est l'amour, et pourtant "on n'aime que ce que l'on connaît". 2. Le dialogue ainsi conçu est susceptible de tomber dans deux pièges : a) Le premier est l'interdiction que l'on se donnerait a priori d'amner l'autre moins à soi qu'à cette idée, à cet élan, à cette foi qui nous fait vivre et qu'on croit être la meilleure pour lui, la meilleure pour nous, la meilleure pour le monde entier. En un mot, il ne faut pas s'interdire de pratiquer charade... Mon premier veut dire qu'on est pour ; il y a des grèves de mon deuxième ; et, quand on n'en fait pas la grève, faire de mon deuxième est, soit le fait d'un faillot, soit le fait d'un consciencieux ou d'un perfectionniste ; celui qui est un spécialiste de mon deuxième a, son premier qui est un poisson et son deuxième aussi, mais l'homonyme du poisson de son deuxième est ce patriarche dont la femme se changea en statue de sel ; il y avait Simon de sirène et simon le tout de cette sous-charade, qui est celui qui fait presque par profession mon deuxième de la charade principale de ce 2. a) ; mon troisième est le titre américain d'un film touchant sur un extraterrestre qui voulait "téléphoner" à "sa maison" pour y rentrer ; et mon quatrième, qui n'est pas une syllabe, est le cigle de l'ancien système Monétaire Européen ; mon tout est ce qu'il ne faut pas s'interdire dans le dialogue sous peine d'insincérité, d'hyypocrisie ou de tartuferie ; b) Mais il ne faut pas non plus vouloir faire venir l'autre à résipiscence. que dit Dic de ce mot ? Il est assez concis. résipiscence (du latin resipiscere, revenir à la raison) nom féminin Littéraire. Venir, amener à résipiscence : reconnaître, amener à reconnaître une faute avec la volonté de s'en corriger. La résipiscence, essentiellement employée dans des expressions verbales, constitue donc une espèce de repentir d'opinion. 3. J'ai rédigé cette charade au plus fort de notre dernière querelle avec le croissant de lune, qui ne "tolérait pas" qu'on lise en sa présence "Les versets sataniques" ; mais, comme il n'avait pas donné d'explications à son intolérance, ce qu'il a fait par la suite dans un courrier privé qu'il m'a adressé et que j'ai relayé à quelques-uns d'entre nous, on pouvait croire qu'il n'avait fait qu'intérioriser la fatwa lancée par l'imam Kohmeini contre salman rushdi. Il estimait que c'était le sous-estimer. Il aurait été plus direct qu'on se serait économisé une polémique. Mais il avait ses raisons. La genèse du "dialogue entre le torrentiel et le croissant de lune" est imputable au refus d'un autre forum "glaucosphérique", qui se prétend pourtant intellectuel, de nous permettre de croiser le fer. "On échange et ils censurent", m'écrivit le croissant de lune. Il me proposa que nous continuions la controverse en privé. J'acceptai et bientôt publiai ce que je pus, tant il me semblait que les contributions de mon adversaire étaient de qualité. Mais nous n'employions pas le même mot pour décrire ce qui était en train de se passer : je lui servais du "dialogue", quand il me proposait un "face à face dialectique". C'est que ce cavalier, qui se prétend pourtant ennemi de l'esprit chevaleresque, prenait le tournoi ou la joute au sérieux. Il voulait qu'entre nous, il y eût un gagnant et un perdant. De mon côté, sans jamais lui céder outre ce que je croyais juste, ni me mésaimer assez pour me donner le coup de poignard dans les entrailles par lequel il aurait voulu me voir soumis, je me rendais compte, tout de même, que le dialogue était inégal. Ce n'était pas que je manquais d'argument. Mais pour lui, cette dispute était essentielle, où j'avais l'impression de n'être là que pour lui donner la réplique. Nous envisageâmes de faire de ce dialogue un ouvrage, mais je ne disposais pas de l'infrastructure en "petites mains" éditrices qui m'eussent permis de mettre l'objet en forme. Lui rêvait que je préface l'ouvrage comme si, moi, l'adversaire de sa nation, je devenais son avocat, à force de subir la pertinence et la justesse de ses arguments. Il se méprenait sur le degré où ceux-ci portaient sur moi. Et deux raisons le faisaient se méprendre. La première était que nous n'étions pas d'accord sur la prémice intellectuelle. Lui ne concevait pas que ce dialogue se poursuivît sans que l'un de nous l'emportât. Pour moi, ce qui importait était que celui qui avait le plus à dire et à crier puisse s'énoncer jusqu'au bout. Le deuxième ressort tient aux origines psychologiques de la guerre. Trouvez cette science dans cette deuxième charade : mon premier est magnétique et dialectique, il y en a toujours un pour s'opposer à l'autre, le malade atteint du trouble de mes premiers était autrefois qualifié de cyclothimique ou de magnaco-dépressif, sur terre, il y a le (premier) Nord et le (premier() sud (qui n'est pas le courrier), il donne aussi un prénom en quatre lettres, qui est celui d'un comique provençal dont on ne dit pas qu'il est mort dans son pucier, mais qu'il serait mort puceau, sans avoir vu, non la louve, mais la féline, féminine et coquine ; mon deuxième est le pluriel de l'émail ; mon troisième est le suffixe du discours (charadier, tu es non seulement discuteur, mais discoureur) ; et mon tout est une science crée par gaston Bouthoul dont le croissant de lune a selon moi sous-estimé l'influence des ressorts comme conditions de possibilité de notre conciliation avant terme (à moins que notre réconciliation n'intervienne trop tard, passés les besoins de lh'istoire). 4. Mais j'ai parlé du croissant de lune, il est temps que je lui donne la parole et vous livre sa décomposition de la résipiscence : " Torrentiel, avec tes valeurs, Ton premier n'est-il pas le récit de la vie? Ton second serait donc un certain nombre de pis, six au justes, trois vaches donc, si je compte bien, Ton dernier est le sens, qui vaut plus que les valeurs, Ton tout est la récipiscence, là où je suis sensé te réduire à tout prix. Est-cela? Donc, s'il en est ainsi, n'es-tu pas arrivé à récipiscence? Ou à quelle distance es-tu de ce terme, moitié, trois quarts? Et moi-même, n'as-tu pas quelquefois emporté mon adhésion? Qui est allé le plus loin sur le chemin de l'autre? Satisfais ma curiosité, sans erreur, ne trébuches pas. Quelles sont ces valeurs de la France profonde que je suis sensé ne pas partager? Si c'est qu'il faut pas marcher sur les pieds des autres, je suis d'accord, alors après? Tolérance, moralité, ça signifie quoi exactement?" Aux questions qu'il me posait, j'ai répondu au croissant de lune : " Tout d'abord, bonne réponse, à un détail orthographique près : "résipiscence" s'écrit r, é, s, i et non pas r, é, c, i. Mais je veux répondre à tes questions : " N'es-tu pas arrivé à récipiscence?" Je pourrais te répondre que cette question est mal posée ou n'a pas de sens, puisque , précisément, pour moi, la finalité du dialogue n'est pas de faire venir son vis-à-vis à résipiscence. Or souviens-toi : dans le projet de livre que tu m'avais proposé, tu voulais faire de moi, ton vis-à-vis, ton interlocuteur, l'avocat de "ta nation". Question : "Ou à quelle distance es-tu de ce terme, moitié, trois quarts?" Autre question dont je n'apprécie pas le libellé, mais je n'esquiverai pas, là non plus : je dirais qu'à mon corps défendant, j'évaluerai de 40 à 50 % la prise qu'ont eue sur moi tes arguments. "Et moi-même, n'as-tu pas quelquefois emporté mon adhésion?" C'est à toi de le dire, mon impression est que oui, mais sur des sujets mineurs. "Qui est allé le plus loin sur le chemin de l'autre?" Je crois que c'est moi, sans nul doute possible. Je ne le regrette pas, mais d'une part aimerais avoir ta propre réponse à ton propre questionnaire, et d'autre part précise que vouloir faire venir l'autre à résipiscence, c'est éradiquer son vis-à-vis, pas seulement dialectiquement, mais dans son propre esprit. Il y a là comme une éradication métaphysique, la pire de toutes, si tu tiens absolument à maintenir ce paradigme de l'"éradication" qui serait l'apanage des chrétiens, selon toi, je crois t'avoir démontré à l'instant que non. Je te précise d'emblée que moi aussi, je préfère le sens aux valeurs, mais le sens n'exclut pas les valeurs. Je fais le choix du sens incluant les valeurs et des vertus surplombant les valeurs, et la tolérance consiste à "se supporter les uns les autres" pour soutenir le monde et porter la responsabilité de l'aventure vivante de son prochain hétéronyme et dissemblable". 5. Mais voici, pour finir, le classement que vous attendez tous : 1 Croissant, : 25 points ; 2 Benoîte, 20 points ; 3 Mustapha : 18 points ; 4 Cathou, 16 points.

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