dimanche 23 septembre 2012

Verbe et proverbe

Du torrentiel: En plein coeur de la nuit, après que les charades ont quelque temps été mises en sommeil, avant l'"aube" où "blanchit la campagne" et qui, paraît-il fait du bruit (à l'aube, on entend les roseaux et les corbeaux... Et les colombes ?) Je suis votre corbeau du jour, je fonds sur vous en rase campagne et j'ai papilloné pour vous un proverbe à découvrir, une fois n'est pas coutume, qui résume tout l'esprit de ce jeu. On dit souvent de la sagesse qu'elle est proverbiale. Comme si le proverbe se mettait à la place du verbe pour tirer la meilleure des leçons, la meilleure en sa forme et sa formulation : elle est définitive, se présente souvent sous la forme thème (un peu l'équivalent du sujet de la phrase)+le verbe définitif (ici, il sera impersonnel et moral)+le prédicat (l'équivalent de l'attribut du sujet, telle s'énonce la définition : le sujet à définir+le verbe être+ la définition, ce qu'on appelle le prédicat ou l'attribut que l'on prête au sujet. On ne prête qu'aux riches, les vérités que nous recélons dans un proverbe sont le plus souvent empruntées, au fait, on ne prête qu'aux riches est-il un proverbe ou un dicton ? La leçon du proverbe semble avoir été recueillie par la sagesse millénaire. Elle semble faite pour être retenue dans un livre, cet objet rassurant qui forclot les paroles. Qu'est-ce qui distingue le proverbe du dicton ? Vous savez les distinguer, vous ? Un dicton, on ne lui prête pas grande créance, c'est un dit qui semble devoir faire ses preuves, c'est une parole de grand-mère, un peu comme une recette des mêmes vieilles dames, le dicton est un peu au proverbe ce que le rebouteux est au médecin. Mais surtout, le "dicton" ajoute toujours un peu dubitatif à ce qu'il énonce, enfin, "dict-on", forme en ancien français de notre "dit-on", tandis que le proverbe est très affirmatif et sentencieux : il ne prétend à rien de moins (le prétendant) qu'à se mettre à la place du verbe. Que manque-t-il donc au proverbe pour être sage ? C'est quelque chose d'assez subtile. Il lui manque l'activité dans la sagesse. Le proverbe est donné là, leçon prête à l'emploi tout commme à la lecture, puisque le mot "leçon" désignait à l'origine une séance de lecture et est (et est resté) le mot savant de la lecture ; le plus souvent, les proverbes, avec leur construction prédicative (pas loin des dictons avec leur superstition prédictive, mais le proverbe est prescripteur...), le proverbe, dis-je, est construit avec un verbe d'état. Tous les verbes sont réputés d'action sauf être, paraître, sembler, demeurer, rester, avoir l'air, passer pour, nous dit ce site qui a rafraîchi ma mémoire grammaticale : http://la-conjugaison.nouvelobs.com/regles/grammaire/les-verbes-d-etat-162.php Comme traditionnellement, la liste ajoute "devenir", ce qui est un contresens incroyable, car quoi de plus actif que le "devenir" ? Pour la Bible hébraïque, Dieu Est à la fois "toujours le même" et "celui qui devient". Un bel exemple de l'"union des contraires" par quoi les définitions se complètes dans le paradoxe. C'est bien là où les proverbes manquent de sagesse : ils ne donnent pas dans le paradoxe et ne le cherchent pas. J'aime écrire qu'entre le paradis et le paradoxe, il y a même parenté... de radical, mais de radical grammatical. Or le radical grammatical est tout sauf radical, il vient du mot "radix" qui signifie "racine". Le radical grammatical, c'est la racine du mot et son enracinement dans le sens. La racine est "miroir des sens". De la racine du mot se ramifie le sens. C'est pourquoi le paradoxe, l'opinion d'à côté l'orthodoxe, émane toujours de la racine, qui est loin d'être ce pour quoi elle passe et se donne, comme la pus définitivement enfouie. Encore faut-il se mettre dans une disposition à connaître pur désocculter ce sens caché (Jean cocteau disait que les critiques sont toujours publiques, seules les compliments sont confidentiels, le secret est sacré...) Il faut se disposer à connaître pour naître avec ce qu'on apprend, et ne pas recevoir la sagesse toute crue dans un esprit recuit, replet. Qu'est-ce que la réplétion ? Il faut se mettre en quête de la sagesse pour que, selon le beau mot du siracide (qu'est-ce que le siracide ?) "la sagesse vienne marcher au-devant du sage et le précéder." Voilà bien un chapeau de charade qui signe son charadier chancel : "Et dieu dans tout ça ?" Dieu, le paradis, le paradoxe, le verbe, les proverbes, "le cru et le cuit" (de qui, ce livre ?) l'être et le devenir, le paradis et le paradoxe... "Le style, c'est l'homme." Il ne faut pas chercher pour chercher, vous connaissez le mot gaullien : "Des chercheurs qui cherchent, on en trouve, mais des chercheurs qui trouvent, on en cherche". Mon maître Jean-Louis chrétien, lecteur occasionnel de Maître Eckhart, était attentif à ce que, lorsque Jésus énonça : "Qui cherche trouve", cette trouvaille était sans complément. Il en inférait que chercher autre chose que Dieu, mais surtout quelque chose avant Dieu, c'était se condamner à ne rien chercher et donc à ne rien trouver. Il faut laisser la connaissance rester (verbe d'état) intransitive, et néanmoins livrée tout entière à l'éctivité de connaître. Le mouvement se prouve en marchant (proverbe) et la connaissance est une démarche. Du mouvement seul, peut jaillir la sagesse, pas de la méditation ou, si d'elle, moins du silence qui la produit de ce que ce silence cache, qui est mouvement des pensées, distraction. La connaissance est mouvement, la définition est inamovible comme une geôle. Le proverbe est une espèce de préjugé, de "jugé d'avance", d'a priori, d'axiome. La sagesse est d'action sans être axiomatique. Dans "Les mots et les choses", Michel foucauld fait un long développementpour expliquer que, selon "La logique de Port-Royal", les noms contenaient toujours implicitement le verbe être, c'est pourquoi cette grammaire ne reconnaissait pas la catégorie des noms, et les rangeait parmi les verbes. De même que le judaïsme comme l'islam répugnent à nommer dieu : le judaïsme l'appelle Ashem tandis que l'islam n'en donne que des "dénoms", comme dirait le croissant de lune, c'est-à-dire des attributs qui essaient de le cerner avec le respect qui Lui est dû. Seul, le christianisme prétend opposer à ces deux religions de la loi une religion du Nom, en faisant consister le salut dans le Nom de Jésus, Nom qui guérit l'homme malade de ses lois, ou plus exactement de ne jamais parvenir à être mis en équation, à résoudre ses équations, ni à ce que le signe "égal" ne soit plus que l'idéal d'un droit pris dans l'absolu. Mais voici qu'à présent, j'ai convoqué la "connaissance" et les trois "religions du Livre", ainsi définies par l'Islam (dont j'aimerais bien savoir pourquoi les Français, même cultivés, continuent à appeler son prophète Mahomed, alors qu'ils savent très bien qu'il a Nom Mohamed.) Or le christianisme ne se reconnaît pas comme "religion du livre". Il est religion du Nom, c'est-à-dire d'une Loi qui se fait personnelle, et religion du verbe, moins de la connaissance que de la cognition, et de la sagesse créatrice en tant que telle et créative en tant qu'activité humaine. La sagesse en effet est par lui tour à tour assimilée au "féminin de dieu" qu'est le Saint-Esprit pour l'orthodoxie, et à un enfant joueur et créatif, à un enfant qui crée en jouant (n'est-ce pas, Ludo ?. La sagesse est assimilée à une femme et à un enfant, mais surtout à celui qui crée et c'est le verbe. Le verbe peut même y avoir la vertu performative (ou autoréalisatrice) de la parole guérisseuse. C'est-à-dire qu'Il suffit à justifier. Vous le dire me justifie, le croyez-vous ? Bon, il est temps que je mette un frein à mon incontinence verbale, afin qu'après l'effort, vienne le réconfort (proverbe ou dicton ?) Voyons la chose de près : mon premier est loin du continent ; la mort nous est souvent présentée munie de ma deuxième, ustensile qui sert aussi aux paysans fourchus ; mon troisième ressemble à s'y méprendre et phonétiquement à ce gendre idéal qui n'est tel que s'il sait changer le radical de culasse de mon troisième ("ah, que c'est bien d'avoir un mari bricoleur"), mais non pas en fumer un qui l'exalte de ses vapeurs hallucinées. Que je n'entende personne dire que votre charadier a trop fumé la moquette ! mon quatrième est un biscuit, donnez-moi du biscuit, petit, petit, petit ! mon cinquième est le nom d'un ancien juge antiterroriste prénommé Gilbert, parti à la retraite assez amer, et qui n'a pas fini, comme les autres, dans la politique ; mon sixième est une des vocalisations possibles de "le en Arabe" ; il est aussi le srevne'l de "la", qu'est-ce que le srevne'l ? Parlez-vous srevne'l ? mon septième est, au choix, une discipline de l'athlétisme ou un verbe placé dans les formules de politesse de nos correspondances officielles et qui fait plus que bénir : Il assume, soutient, reprend à son compte ; mon huitième et dernier est un suffixe qui va faire de mon septième un adjectif et qui est tel que, si vous buvez la boisson préféréee des Anglais sur ce suffixe devenu support, vous obtiendrez une table. Mettez-vous à table ici julien.weinzaepflen@numericable.fr Vous obtiendrez des bonifications si vous me faites une belle décomposition, si vous arrivez parmi les trois premiers et si vous répondez à mes questions (un point par questions !) Bon courage et... à vos méninges ! Mais ne les remuez pas jusqu'à en avoir des marques sur le sillon de vos visages aux yeux cernés. Je rappelle que l'aube vous discerne !

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