dimanche 30 décembre 2012

La charade de l'usure

L'homme descend du singe et Dieu descend du signe. Parfois, je fais l'âne pour avoir du son. On dit que satan est le singe de dieu. Quant à la langue des signes (ou jeu des coïncidences) qui fait moins, en ce qui me concerne, que le téléphone sonne juste au moment où j'attends un coup de fil de la personne à laquelle je pense, qu'elle ne me fait découvrir le sens d'un mot après que je viens de l'entendre pour la première fois, quant à cette langue des signes qui paraît nous promettre, si nous savions la déchiffrer, de nous trouver et de faire notre vie en suivant les coïncidences semées sur le chemin comme les cailloux du petit Poucet tandis que nous nous laissons dévorer par l'ogre aux bottes de sept lieues parce que nous ne savons pas faire le premier pas qui coûte, l'absurde est qu'à force de ne pas savoir la parler, nous croyons souvent qu'elle contribue à nous faire marcher en absurdie, jusqu'à demander à "dieu, tel que nous le concevons", comme disent les alcooliques anonymes, ou à "l'instance supérieure" pourquoi elle (ou Il) nous envoie . tant de signes, si c'est pour que nous ne les comprenions pas. Dans le langage scientifique, dans lequel nous avons accoutumé de raisonner en répudiant le Mystère, le "signe" devient un "monument". La paléontologie moderne raisonne à partir de fosciles qui ne sont pas plus de quinze mille, et en arrive à cette conclusion impie à force d'être inesthétique que l'homme descend du singe. Hypothèse, ce n'est qu'une hypothèse, mais la plus vraisemblable dans l'état actuel de la science, nous dit-on. Alors pourquoi ce qui n'est qu'une hypothèse devrait-il nous interdire d'enseigner l'"intelligent design", qui est une forme scientifiquement compatible de créationnisme à mi-chemin entre l'hypothèse la plus vraisemblable, fondée sur seulement quinze mille monuments et vis-à-vis de laquelle il serait interdit d'opposer un quelconque révisionnisme scientifique, et l'inerrance biblique, soit la croyance que la bible ne se trompe dans aucun détail, quand elle raconte la création du monde, le déluge et tout ce qui s'ensuit. Car quant à la création du monde, les étapes que décrit l'évolutionnisme diffèrent assez peu des "sept jours de la création", ramenés, non à une succession de jours et de nuit,, mais à une succession temporelle plus large. La réussite onirique ou phylogénétique de l'évolutionnisme a été de faire croire avec Haeckel et sa "récapitulation ontologique" que l'homme vivrait une sorte de métempsicose intrautérine et passerait successivement par tous les états qu'a pu connaître l'évolution de l'espèce. Mais les deux signes... de l'impiété inesthétique de l'évolutionnisme sont, l'un économique et l'autre politique. Economiquement, Spencer, l'un des continuateurs de darwin, estimait qu'il fallait s'inspirer de "la sélection naturelle" pour donner une caution scientifique à la loi du renard libre dans le poulailler libre. Et le même Haeckel, qui nous a plongés tout à l'heure dans le rêve métaphysique d'une métempsicose vécue dans le sein maternel, a préparé le terrain à Hitler en disant qu'il était meilleur pour l'espèce que les "tarés" soient éliminés, eux qui n'auraient pas passé la probation de la "sélection naturelle". Mais n'opérons pas une réduction ad Hitlerum à tout propos. Les gitans pensaient déjà come Haeckel, comme darwin ou comme Hitler. Ces mêmes tsiganes ou gitans qu'Hitler élimina sans vergogne. Mais "la grande illusion" à propos de l'évolutionnisme est qu'on en fait une école de pensée optimiste. Cela vient peut-être de la manière de s'exprimer d'un bergson, qui synthétisa bien l'esprit dans lequel cette hypothèse était présentée à l'humanité à travers le titre de son ouvrage: "L'évolution créatrice". La grande impensée de l'évolution est l'usure, la corrosion, l'érosion ou la mort. Le P. gustave Martelet, disciple de teilhard que j'ai eu la chance de connaître et qui, plus que nonagénaire, vit encore, a consacré un livre dans lequel il tente de réconcilier la perspective chrétienne et l'évolutionnisme. Le titre de son ouvrage : "Evolution et création". Il redonne ses lettres de noblesse à l'intuition de feuerbach selon laquelle Dieu serait une projection de toutes les qualités qui nous manquent : l'immutabilité (ou infinie permanence), l'autosuffisance, l'absence de besoin, la béatitude, la non Nécessité sans la contingence. L'homme perçoit ces "absolus", mais sans la capacité de les réaliser. Gustave Martelet ne songe pas à remettre un instant en doute la pertinence du postulat évolutionniste. Mais l'originalité de sa thèse est d'admettre que cette hypothèse est désespérée, si l'homme ne trouve pas un moyen de dépasser objectivement la mort, inséparable de sa condition. Le moyen qu'il trouve, lui, est d'imaginer que l'esprit n'est pas soumis à la mort, parce que ne faisant l'objet d'aucune localisation cérébrale. Il ne lui vient pas à l'idée que l'intuition des choses qui lui manquent et qu'il fait posséder à Dieu pourrait plaider assez efficacement dans le sens de "l'immortalité de l'esprit" (exprimée plus scientifiquement que "l'immortalité de l'âme" mais avec une caducité accrue, parce que l'immortalité n'est pas "la chose de l'esprit") Tenons-nous-en pour ces charades à rappeler que l'usure est la grande oubliée de l'évolution et que la vie se caractérise, au départ, par le point incandescent, effervescent et comme immanent à la vie de la naissance et, à l'autre extrémité, par l'énigme de ce point d'arrivée que semble être la mort. Première charade : mon premier est la voyelle privative ; mon deuxième est un fleuve qui fertilise la plaine la plus riche de l'Italie du Nord ; mon troisième est le point anatomique de la jouissance féminine ; mon tout est le climaxe. Mon premier est une interjection qui, couplée à une interjection plus courante, hop (absente de cette charade et dont il ne diffère que d'une voyelle), est à l'origine du RAP qui se danse ; mon deuxième est l'assiette des animaux ; mon troisième est la conjonction de coordination qui appelle un complément, au moment où mon tout s'arrête, comme l'inverse du climaxe. Troisième charade : Mon deuxième est la voyelle privative qui est aussi celle de l'avoir ; mon deuxième est la musique populaire issue du rock and Roll ; mon troisième n'est pas tard ; mon quatrième est l'article défini anglais, qu'on ne fera pas zézayer ici et qu'on rendra plus ou moins muet, pour les besoins terminaux de notre charade. On parle beaucoup de la mémoire cellulaire, mais rarement de mon tout, qui en est l'antonyme : la mort cellulaire, pour autant que la mort soit le contraire de la mémoire. Usez vos méninges et souvenez-vous que vous êtes poussière ici : julien.weinzaepflen@numericable.fr

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