(Remue-méninges 41)
Bonjour à toutes et tous,
Il ne faut pas perdre souffle, ni coeur
La jeunesse, c'est un état d'esprit, une envie permanente de créer, une avidité de regarder, d'emplir ses yeux de vie, de préférence avec quelqu'un, pas n'importe qui, quelqu'un avec qui on aime plus particulièrement découvrir, échanger du regard, partager son sens de l'observation.
La jeunesse, que forment les voyages, est-ce que c'est le temps de mon tout ?
Mon premier sert à la construction du gérondif ;
mon deuxième est un pronom ou un adjectif indéfini, ou le grand Pan qui fait sa roue ;
mon troisième est l'article défini anglais prononcé devant voyelle, pour faire sourire l'hiatus ;
mon quatrième est la maladie de celui qui manque d'air ;
mon tout ne manque pas de souffle, car on l'a dit l'écrin qui cache le Nom de dieu".
Passionnés, curieux de tout, répondez-moi ici :
julien.weinzaepflen@numericable.fr
jeudi 29 mars 2012
Dix-septième charade
Bonjour à toutes et tous,
A la demande du Croissant de lune, c'est moi qui vous pose la charade d'aujourd'hui
à sa place,
Petite, facile et poser simplement, alors soyez nombreux à y répondre,
Mon premier est l'endroit couvert où se tient les marchés
2 Mon deuxième est un petit auquel on aime bien manger les oreilles
Mon troisième est à dents et sert au menuisier, voir à un musicien quand
elle est musicale,
Mon quatrième est cette cuvette lacustre du Soudan que je vous ai déjà posé
ainsi que Mustapha,
Mon cinquième est cet élément de L'ADN que nos parents nous transmettent,
Mon tout nous fait voir des choses qui n'existe pas,
Bon jeu
Amicalement,
Ludo
Répondre à:
ludovic.thuin@sfr.fr
A la demande du Croissant de lune, c'est moi qui vous pose la charade d'aujourd'hui
à sa place,
Petite, facile et poser simplement, alors soyez nombreux à y répondre,
Mon premier est l'endroit couvert où se tient les marchés
2 Mon deuxième est un petit auquel on aime bien manger les oreilles
Mon troisième est à dents et sert au menuisier, voir à un musicien quand
elle est musicale,
Mon quatrième est cette cuvette lacustre du Soudan que je vous ai déjà posé
ainsi que Mustapha,
Mon cinquième est cet élément de L'ADN que nos parents nous transmettent,
Mon tout nous fait voir des choses qui n'existe pas,
Bon jeu
Amicalement,
Ludo
Répondre à:
ludovic.thuin@sfr.fr
mercredi 28 mars 2012
quatorzième charade (suite et fin), racisme, communautarisme, terrorisme, peine de mort et mort sans sépulture
A quand la commune ?
De JM :
"hello Julien
j'ai lu les 2 courriers que tu m'as envoyés. perso je n'ais pas d'avis
tranchés comme ceux que j'ai pu lire. je suis un enfant d'émmigré quatrième
génération, sauf que le hasard de la vie a fait que je suis né de nouveau au
pays! ce que je trouve dommage dans ces affaires de Toulouse, même si je
n'ais pas pu entendre tout les commentaires, beaucoup d'intervenants parlent
de communautée, de communautarisme, de tradition, de religion, etc ... mais
je n'ai pas entendu de voix s'interroger sur le racisme, le racisme envers
les vieux, le racisme envers les handicapés, le racisme envers les jeunes,
les étrangers, etc ... etc ...! je n'ai entendu personne parler de la foi,
de la foi envers la vie, la foi en son métier, en son amour, etc ... etc ...
tout le monde se dispute le même sujet, fou pas fou, normal pas normal,
correct pas correct etc ...! je voudrais juste leur dire que je ne suis pas
"les Français" ... et oui çà existe, ceux qui ont d'autres avis, et surtout
un avis sur ce qui est le commun! bon à quand la commune ?
Kenavo
JM"
écouter mes créations :
http://www.yann-ar-dall.com/contactjoueryad.php
Mon site de chant de marin :
http://www.yann-ar-dall.com/
La vidéo sur "yutube" du spectacle de la fête des lumières à Lyon le 6, 7 et
8 décembre 2008 :
http://fr.youtube.com/watch?v=HVd458Ia6dM
Le site sur ce spectacle :
http://www.yann-ar-dall.com/lumieres/index.php
Mon site de films institutionnels :
http://www.yann-ar-dall.com/jmp/index.php
DU TORRENTIEL :
"Ouai, JM, mais :
1. Est-ce que le "racisme" n'est pas un mot trop extensif, à supposer qu'il
ne recouvre pas une impasse conceptuelle, auquel cas François Hollande
aurait raison de vouloir supprimer le mot "race" du préambule de la
Constitution française ?
2. Est-ce qu'on peut éviter le communautarisme ?
3. Est-ce que la seule manière de l'éviter ne serait pas le traitement
égalitaire de tous les citoyens ?
4. En quoi la justice s'oppose-t-elle à l'égalitarisme, comme le dit Sarkozy ? C'est bien beau de se bercer de l'idée que l'équité n'est pas l'égalité,
mais ce n'est qu'un masque pour recouvrir l'iniquité !
5. Au Croissant de lune : en quoi tendre à une égalité de reconnaissance, c'est limiter la France à être une démocratie "socio-bourge", ou une sociale démocratie et offrir aux migrants de partager de la pâtée pour chiens ? On ne fait
certes pas de bonne politique pour les classes moyennes, sauf à prétendre
niveler la société par la médiocrité. Oui, mais sans moyens...
6. Existe-t-il une Foi détachée du cerveau reptilien de l'"animal religieux" ?
7. La geste héroïque la moins honorable, voire la plus criminelle, ne
manifeste-t-elle pas une foi en la vie ? Comme s'Il y avait la bonne foi en son amour et en son métier et la mauvaise foi en son crime qui peut
devenir son destin !
8. La geste criminelle, y compris d'un terroriste, ne répond-elle pas à un sentiment d'injustice ?
9. A quand la commune ? Au jour où les citoyens prendront l'habitude de s'exprimer directement et sauront quand ils s'expriment en considérant
l'intérêt général et quand leur expression devient représentative d'un intérêt catégoriel, de l'un
des corps intermédiaires auxquels ils appartiennent !
Du Croissant de lune
Ce ne sont, ni l'appartenance, ni l'identité qui sont dangereuses en soi, ou
opposées à l'universel. C'est le fait d'avoir si peu l'habitude de
s'exprimer que l'on adopte un réflexe corporatiste et catégoriel en
priorité, avant d'avoir le réflexe de penser et de se prononcer en vue de
l'intérêt général."
Du croissant de lune :
SEULS LES PEUPLES ASSIEGES SONT HABILITES A DIRE S'ILS SE SENTENT LIBERES
"Hé, Torrentiel, concernant l'article "racisme", ou ce qu'on nomme ainsi. Il y a une chose étrange, comment ne pas voire, qu'il y a du mépris évident et du racisme, par conséquent, quand on se permet de participer à des aventures militaires, très vaguement justifiées, sans connaître ou vouloir connaître, le ressenti de tels ou tels, envers ces campagnes. Pour moi, je vois mal comment on peut se proclamer non-raciste ou anti-raciste, si en même temps, on tient pour la campagne Afghane, par exemple. Tenir pour l'égalité des hommes, signifie tenir pour l'égale pertinence et validité de leurs points de vue, non? Faire cette campagne-là, sans vouloir connaître comment elle est vécue par les Arabo-Musulmans de France, relève de l'austracisme. On ne voulut pas savoir leur avis, on l'ignora volontiers, mieux, on fit des commentaires délibérément faux, du style, "Les Musulmans dans leur immense majorité, ..." C'était creux, faux, calomnieux, ce ne fut jamais vrai, on se l'est raconté à soi-même.
Vas savoir, si l'évènement du Sud de la France, n'est pas exactement et strictement réactionel à ça! C'est bien beau de parler d'endoctrinement, d'entraînement, de conditionnement, mais enfin, à la base, pourquoi ce gars a fait cette démarche? J'ai l'impression, qu'il n'a pas supporté, qu'il n'a pas su se résigner, à cette participation Française, par suite de quoi, il a fait ce qu'il a cru juste. D'un point de vue général, il faut là-dessus, se bousculer, se laisser ébranler. Un pays dont le peuplement compte tant de composantes, doit en effet, en tenir compte, en politique extérieure, ou renoncer aux principes prétendus.
Croissant de lune."
LE RACISME N'EXISTE PAS
De Mustapha :
"les idées se bousculent mais, ayant faim (l'habitude est prise de ne pas petitdéjeuner), je ne peux y mettre de l'ordre. Donc rapido et en vrac:
1. Y aurait-il le racisme si, comme l'affirment les scientifiques, il n'y a pas, scientifiquement parlant, de races humaines? La différence de couleur de la peau est un critère insuffisant pour parler de race comme on parle d'espèce; c'est toujours l'espèce humaine. Caroline Fourest a trouvé excellente l'idée et la proposition de François Hollande de supprimer le mot "race" dans la Constitution et je la suis. Albert Jacquard dit qu'il vaut mieux parler de "différence", qui est objective, tandis qu'"inégalité" est un jugement de valeur.
Le Pen disait: "je n'y peux rien à l'inégalité des races; vous avez les Kenians ou Ethiopiens qui remportent toujours le marathon. Giono, sans parler d'inégalité des races, disait dans un entretien qu'il admirait ces gens qui, pieds nus, maigrichons, couraient ainsi alors que les Européens, confortablement chaussés, bien nourris, finissent épuisés ou abandonnent. Giono voulaient dire par là que ce n'était pas question de race mais de condition de vie: ces Africains, souvent des bergers, sans doute obligés de courir après les bêtes, étaient en quelque sorte entraînés par la vie.
Albert Mémi, dans son essai "le racisme" définit le racisme comme la valorisation unilatérale de la différence: le raciste "infériorise" une catégorie qu'en général il méconnaît et se situe forcément dans la catégorie supérieur, parce que supérieur lui-même (à ses propres yeux).
2. Pour le "communautarisme", c'est compliqué. Une fois, à une réunion d'une commission de Voir Ensemble, la présidente parlait de la solidarité de la communauté maghrébine. Un camarade lui a dit qu'elle se trompait qu'il n'y avait pas de communauté maghrébine. Souvent, c'est une communauté de langage, comme nous, aveugles, nous parlons "du monde des voyants" et "du monde des aveugles". Peut-être qu'au sens sociologique, il n'y a pas de communautés: groupes homogènes, cohérents, structurés. Il existe quand même chez les humains la tendance à aller vers son semblable (qui se ressemble s'assemble). Dans l'hôtel au mois où je vivais avec mon père à mon arrivée en France, nous étions huit du même village, et rares étaient ceux qui avaient pu lier avec des Français; le quartier Latin était une sorte de ghetto "arabe", de même que Barbès. Quand je vais dans le quartier de la §Gare du Nord, je n'entend parler que des langues étrangères et quand on m'aide et que je demande de quel pays, le plus souvent c'est "Turquie", "Pakistan", "Côte-d'Ivoire", etc.
A propos de racisme, en 75, sur France-Culture, il y avait un dialogue sur le racisme, dialogue entrecoupé de micro-trottoirs:
"êtes-vous raciste? - Non, mais pourquoi eux ils ne paient pas d'impôts?" (ce qu'en imbécile, j'ai cru et qui est faux)
- Non, mais pourquoi ils se déplacent toujours en bandes?
"Feriez-vous les travaux qu'ils font?
- Oui si j'étais payé en conséquence.
Du Torrentiel :
"Sans entrer dans les détails :
1. Je suis en gros d'accord avec ton soutien à la proposition de françois Hollande. Sauf que les espèces se subdivisent en races. Ce pourrait être le propre et l'honneur de l'espèce humaine de faire le choix de ne pas chasser de race. Mais alors, d'un point de vue sémantique, comment appellerait-on le racisme ?
2. Le communautarisme me paraît être un phénomène naturel. Le problème est, moins d'endiguer l'intérêt catégoriel dans l'intérêt général, que de ne pas le laisser être prépondérant."
De Mustapha :
"J'aurais bien du mal à te répondre. Je ne peux et ne veux raisonner avec toi de façon polémique (même si c'est au bon sens [débat désintéressé, honnête d'idées] du mot). J'essaierai seulement d'exprimer mes convictions de façon claire, concrète, honnête sans souci de convaincre ou d'imposer ces convictions.
Tu me demandes comment alors désigner le racisme. Vu que je m'appuie sur ce que disent les savants, dont Albert Jacquard (les races humaines n'existent pas), il n'y a pas ou il ne devrait pas y avoir de "racisme". Quitte à passer pour dogmatique, j'affirme que ce qu'on appelle le racisme ne peut être intellectuellement fondé, justifié, démontré.
Il n'y aurait pas de différences entre les humains (couleur de peau, de moeurs, de religion, de niveau intellectuel, etc.), il n'y aurait pas ce qu'on appelle "racisme". Ce qu'on appelle "racisme" a pour fondement (facteur déclenchant) sur le plan psychologique: la différence pousse forcémentà se mettre en question puisque l'être se définit en grande partie par rapport à... en se situant par rapport à soi... La différence entraînant l'inconnu, l'inconnu fait peur; or,ce qu'il y a de plus fondamental pour l'être (humain ou animal) est le besoin de sécurité, sentiment (mais aussi état, condition) nécessaire pour vivre. J'ai lu que ce n'est qu'assez tard (vers huit mois, je crois) que l'enfant, en se voyant dans un miroir, sait que c'est lui-même.
C'est en juillet 67, à Salzbourg, que j'ai vécu un fait qui m'a révélé, appris que le racisme (si tu veux bien, je dirai toujours le racisme par simplification, parce que je devrais dire "ce qu'on appelle "racisme") avait pour moteur, fondement la peur:
nous étions un groupe du G.I.A.A. dans un café bondé; j'entends un enfant pleurer, hurlant plutôt; une fille du groupe me dit que c'est un petit Autrichien d'environ 4 ans et qu'il hurlait ainsi de peur parce qu'il avait vu Paul (Paul Krah Konan, un Ivoirien, neveu d'Ouphoët-Boigny). J'en ai déduit, conclu que ce gamin n'ayant à faire qu'à des Blancs, tout le monde (l'humanité) était blanc; donc, qu'il avait affaire à un monstre.
Et comme ce qu'on ne connaît pas fait peur (car dans la vie animale ou minimale, c'est simple: ami ou ennemi? Dangereux ou favorable? fuir ou s'allier)?), ce gamin de façon irrationnelle devait croire que Paul allait mettre sa vie en danger.
Quelqu'un a résumé (malheureusement j'ai oublié) l'enchaînement: l'ignorance entraîne la peur, la peur la haine et la haine la guerre, le racisme, la violence, l'agression-agressivité.
Un peu dans ce domaine, Sonia avait une camarade antillaise, je crois, qui venait parfois à la maison. Un jour, Sonia nous dit que Marie-Noëlle Joseph lui avait dit que quand elle venait chez nous, elle était paralysée. Moi, ça m'a drôlement choqué, parce qu'on ne lui avait fait aucun mal, ni engueulée, ni agressée. Cécile, quand on en parlait disait qu'on ne savait pas, qu'on avait dû lui dire ou faire quelque chose qui l'avait effrayée, traumatisée. Rationalisme pathologique, fallacieux.
C'est sûr que c'est notre cécité qui lui faisait peur: pas comme elle; l'absence de regard fait qu'on ne sait pas ce qu'on éprouve, ce qu'on pense (sur ce plan, les nourrissons ont systématiquement peur de moi: Séverine hurlait quand je la prenais; de même mon neveu Mohamed; c'est sûr que c'est une question d'absence de regard en retour car Séverine avec Achour Bendib, qui a un chouya de vue, ne pleurait pas).
Revenons à Marie-Noëlle Joseph. les faits m'ont donné raison25 ans après. Ecoute:
je revenais de la Mairie; au carrefour Championnet-Ordener, une dame m'aide à traverser, et, en traversant, j'entends une femme demander: "puis-je traverser avec vous?"
Une fois sur le trottoir, l'aide s'en va et l'aidée me conduit. Je ne peux m'empêcher de lui poser la question: "vous voyez clair, pourquoi demander de l'aide?"
Elle me répond qu'elle a peur de traverser toute seule et qu'elle se sent rassurée quand elle est accompagnée.
Et voilà qu'elle me demande des nouvelles des miens (elle ne savait pas qu'il y avait rupture); je lui demande son nom: c'est la mère de Marie-Noëlle Joseph. Tout s'éclairait donc: sa mère, anxieuse, agoraphobe ou que sais-je avait communiqué à la fille ce que j'appelle "la peur de vivre" ou "la peur de tout".
D'ailleurs, je lui ai raconté ce que je viens de t'exposer; évidemment, elle niait avec véhémence.
En ce moment, "à voix nue", c'est avec Danièle Salenave; j'ai une admiration énorme pour cette femme. Ce soir, elle racontait qu'étant allée en Israël et en Palestine, elle avait constaté les exactions des Israéliens à l'endroit des Palestiniens. Elle a dénoncé tout ça dans un article fait avec Edgar Morin et Samy Nahir. Et on leur a fait un procès pour antisémitisme, qu'ils ont gagné en première instance, perdu en appel et regagné en Cassassion.
J'étais très content qu'elle ait cité ce fait parce que les Israéliens (peuple et gouvernement) crient tout de suite à l'antisémitisme dès qu'on condamne les représailles disproportionnées, la destruction des maisons au bull-dozer, etc.
Ce refus intransigeant de même geler les colonies est insupportable, inadmissible, de même que la mollesse d'Obama. Tu n'as pas connu à la Mouise Roger Hébert; il est alléen Israël et en Palestine. Il nous a bien dit que les Israéliens faisent aux Palestiniens pire que ceux que les Nazis leur avaient fait.
L'antisémitisme est bien du racisme. Il y a une vingtaine 'années, Serge Moatti a fait un film sur les Juifs tels qu'ils sont vécus. Il ressortait qu'au Japon, où pourtant il y a très peu de Juifs, il y a un assez fort antisémitisme. Un gars (un Français) y disait: "ces gens-là me bouffent mon air). C'est dingue !
Le 14 mars 2004 exactement, un Maghrébin m'aidait à aller au métro; il me dit: "ça doit être embêtant d'être aveugle; je lui réponds: "pas tant que ça". Et il ajoute: "les gens avec vous, les handicapés, ils sont comme avec nous, les immigrés. Je l'ai trouvé très intelligent de généraliser ainsi: la valorisation à son profit de la différence (Albert Mémi) était du racisme.
A propos d'antisémitisme, gamin kabyle, un jour, j'ai pris conscience que le pire des racismes est dans la langue usuelle, courante populaire; or, en kabyle, "salaud" se dit "juif". Quand j'ai pris conscience de l'antisémitisme des Arabes, en mon for intérieur, je suis devenu antiarabe et prosémite. Il n'empêche que la politique oppressive, écrasante, criminelle, des Israéliens en Palestine, me ferait devenir antisémite.
D'où l'antisémitisme est de sentiment, et le prosémitisme de raison.
Le racisme pourrait s'appeler "haine de l'autre"."
Du Torrentiel :
"
Je rebondis sur la fin de ton message, très intéressant, que j'aimerais publier dans une troisième partie du commentaire au RM 39, mais seulement avec ton autorisation, sur "le blog des charades", dont tu imagines l'ambition que je lui donne.
Le racisme pourrait s'appeler "haine de l'autre". Haine ou peur, c'est tout un, nous sommes d'accord. Il m'est venu un jour qu'on pourrait l'appeler "altérophobie". Mais ça pourrait sembler un mot pour se moquer. Or il me semble que ça correspondrait tout à fait à ce qu'on voudrait dire. Je n'en reviens toujours pas qu'en français, il n'existe pas de suffixe pour dire "haine".
La peur de l'absence de regard chez le voyant a un corrolaire chez l'aveugle : la peur de la difficulté de capter. Cette peur m'est venue il y a peu d'années, avec l'accroissement de mon isoolement et le repli de ma vie sociale.
L'antisémitisme est de sentiment à propos des juifs tels qu'ils se donnent à vivre (quand ils se donnent mal à vivre) et de déraison dans l'exemple japonais que tu me cites, à propos des juifs tels qu'ils sont vécus, a priori.
Mais c'est étonnant tout de même de s'apercevoir que l'on raisonne en toute tranquillité linguistique avec des mots que l'on sait faux et mal formés : le racisme quand il n'y a pas de race, et l'antisémitisme alors que les arabes sont des sémites.
Ce n'est pas de la maniaquerie linguistique, c'est une autre de mes marottes : l'incohérence irréductible, ou que notre paresse intellectuelle ne veut plus se donner la peine de réduire.
Nous sommes tous faits de ces incohérences majeures et de ces paradoxes qui font notre humanité."
LES DROITS DE L'HOMME
De JM :
"hello Julien
je ne sais pas comment on pourrait appeler le "racisme", mais si il faut remplacer un mot par un autre, autant laisser çà à des spécialistes! d'autant plus que ces spécialiste ou leurs descendant n'ont pas hésité à classifier les espèces! mais là aussi, je pense que les premiers qui ont eu l'idée de faire çà, avaient surtout lintention de se mettre dans une classification qui les arrangerait ...
c'est pourquoi ils ont mis l'homme dans les êtres supérieurs! puis ensuite, ils ont classifié les hommes... entre les sauvages, les naturels, les esclaves, et les hommes éduqué, les concurrents au titre n'étant pas a égalité dès le départ, nos spécialistes avaient encore une bonne longueurs d'avance pour nourrir leurs complexes ...
bon, je sais, je fais des raccourcis! mais heureusement la révolution est arrivé juste à temps pour inventer la république, avec ses 3 mots magiques, qui devraient satisfaire tout le monde!
mais qui a la "liberté" ? je pense seulement ceux qui peuvent se débarasser de leurs entraves ... mais qui connait "l'égalité", quand on comprends que l'on est égaux devant rien . on est pas égaux devant la maladie, mais on est pas égaux devant les soins ...
pour ce qui concerne "la fraternité",à part les religieux qui emploi du "mes frères" a tour de bras, peut être les frères musulmans, et les singers brothers, la fraternité n'est pas synonime de "paix" ...
après ce déroutage, je pense sincèrement qu'il n'y a que la nature qui a contribué à ordonner les espèces, car celle-ci ont développé des caractéristiques surtout pour s'adapter! hors quel est le savant qui a repris la classification de la nature ? Bien sûr je n'ais pas tout lu, mais il y a un bouquin qui s'appelle "la mer" de Jules Michelet qu'il a écrit en 1875, qui essaie non-pas de classifié mais bien de mettre dans l'ordre de l'évolution des êtres ...
d'abord, voilà, un mot tout trouvé, au lieu de parler de "race", ont pourrait parler "d'être". être humain, mais aussi être animal, être minéral, et être végétal ! et du coup ont pourrait parler aussi d'être vivant et d'être mort, ainsi les anciens ceux qui sont avant la fumeuse, non la fameuse classification, aurait leurs mots à dire ..."
Du Torrentiel :
"Le premier des classificateurs, Linné.
L'homme, mammifère supérieur en raison de son cerveau, celui qui ne pense qu'avec sa tête, sans instinct, sans coeur, sans développer son âme sensitive (Platon distinguait entre l'âme appétive, l'âme sensitive et l'âme intellectuelle!
Le plus fou dans tout ça, c'est que l'homme a décidé de s'appeler "homo sapiens sapiens", c'est-à-dire "sachant qu'il sait", alors que Socrate, au bout de son itinéraire philosophique, découvrait que ce qu'il savait, c'était qu'il ne savait rien
Pour "être humain", tu rejoins une de mes intuitions : c'est incroyable par exemple que l'on parle de "sujet" en philosophie en disant que "le sujet" est l'agent de sa pensée, alors que c'est tout le contraire. Le "sujet", c'est celui qui est soumis. Le sujet du roi, c'est celui qui est soumis au roi. L'"être humain" pourrait remplacer le "sujet".
"La logique de Port-royal" discernait sous chaque substantif le verbe "être", et l'"être" est une des dénominations de dieu. seulement, ce n'est pas celle que l'on retient derrière le Verbe, étant donné qu'"être" est un verbe d'état et que le Verbe divin est le principe actif par excellence. Pourtant, les trois hypostases divines sont consubstantielles, c'est-à-dire d'une même substance.
tu dis qu'il y aurait moyen, en parlant d'"être", d'intégrer les "êtres morts" dans la chaîne de nos raisonnements. Je pense qu'au-delà de la galégeade, il y a le rapport qu'entretient toujours le breton avec les morts. Nous sommes évidemment en relation avec les "esprits" au sein de l'unique esprit. nous sommes en relation allégorique avec l'"esprit des choses" (végétaux, fruits et animaux compris). Ames spirituelles, nous sommes en relation avec "l'esprit-de-vin" (spiritueux). D'ailleurs, Michelet concevait son oeuvre d'historien comme "un dialogue entre les vivants et les morts".
Seul est libre celui qui est décensuré de toute peur de vivre et qui se découvre le coeur assez gigantesque pour y contenir le monde ; celui-là seul peut devenir un "frère universel", en laissant à l'autre la liberté de ne pas être son frère et en ne disant pas :
"Pas de liberté pour les ennemis de la liberté", mais :
"Pas de fraternité pour ce qui n'est pas fraternel en mon frère" !
Quant à l'égalité, comment veux-tu qu'un système (ou une république) qui n'arrive même pas à assurer aux citoyens "l'égalité" devant la Justice arrive à leur procurer l'égalité devant la loi, et une certaine "égalité des chances" et des richesses ?
LE TERRORISME
Du Croissant de lune :
">>> Rien que la notion de terrorisme, telle que nous le voyons aujourd'hui,
>>> traduit bien le suprématisme. On pourrait parler de crime, de meurtres,
>>> non, le scandale est quand le fait vient de gens sensés inférieurs.
>>> Interroges-toi bien là-dessus, tu ne pourras qu'en convenir, et ensuite,
>>> tu banniras ce terme de ton vocabulaire."
Du Torrentiel :
"Juste un mot sur le terrorisme : je ne crois pas beaucoup me repaître de ce terme et m'en suis expliqué.
>> Face à l'injustice systémique dont il se sent victime, le terroriste oppose une injustice spectaculaire, voilà tout.
>> Et nous nous rendons complices de ce spectacle en lui donnant de l'audience.
>>> Si nous voulions arrêter ces coups spectaculaires, nous cesserions de
>> leur accorder de l'importance, mais nous saurions sans doute que ce
>> serait au prix d'une inflamation guerrière de la violence, outre que la
>> mise en exergue des actes terroristes fait triompher la logique représentative, aristocratique et démophobe, encore que peut-être humaine, trop humaine, puisqu'on n'en a jamais vraiment développé d'autre, nulle part, puisqu'il y a des hommes charismatiques, des guides et des gens sous tutelle, qui se donnent des guides et se laissent guider.
Du Croissant de lune :
" Alors non, je ne suis pas d'accord. Face à ce qu'il subit d'injustice, celui qu'on nomme "terroriste", n'oppose pas une injustice spectaculaire et symbolique, il oppose une tentative infructueuse de justice. Je veux que tu en conviennes, puisque généralement, c'est comme ça que ça se passe. Tentative de justice infructueuse, puisqu'insuffisante. Qu'il tente
> de supléer à l'assymétrie en recourant au spectacle, décapitations et autres, ne change rien à cette assymétrie. Il ne peut pas, par définition, être aussi cruel que ceux qui se prétendent libérateurs du peuple. Le moyen d'égaler le phosphore blanc... La palme du meurtre en nombre et en qualité, reste au plus fort, lequel est impuni, se plaint de la moindre
> peccadille, se fait payer des indemnités considérables. Qu'il en coûte à
> ton ego, c'est pas plus mal, mais je veux que tu en conviennes, que tu l'écrives, que tu le cries!
Pourquoi tu t'en formalises, alors que les enseignantes, elles, l'ont fait! Elles ont mis leur carrière de fonctionnaires en jeu, tu peux bien, que diable ! mortifier ton ego, sans
> aucune suite.
C'est beaucoup, ce que je demande sans cesse, mais si tu mesures sur toi, conviens qu'on ne peut pas demander moins!
> Entr'autres, ce que je reproche au phénomène dit "terrorisme", c'est son impuissance, c'est qu'il ne fait pas suffisamment de nuisances, ne venge que très symboliquement les innombrables martyres. Comprends bien que moi, je voudrais que les situations soient égales, voire inversées! Ce n'est qu'en ce cas, que vous seriez vraiment terrorisés. Je lui reproche aussi de distraire une partie des combattants, qui eussent pu agir sur des front plus conséquents. En fait, jusqu'à un certain point, le phénomène dit
> terroriste, est une sorte de fuite du champ de bataille."
Du Torrentiel :
" Non, non, je ne conviens de rien : le terrorisme est la tentative de justice de celui qui veut se faire lui-même justicié dans un système où ilsuspecte, avec de fortes présomptions, que le pouvoir judiciaire est de parti pris, or on ne peut être juge et partie.
Mais le terrorisme tel qu'on le nomme contrevient toujours à cet impératif qu'on ne peut se faire le justicier de soi-même, sans qu'on nous ait rendu justice et qu'on remette à la Force Publique le soin d'exécuter la peine. Le combat se situe donc à ce niveau, de rendre juste le tribunal.
ON A RETABLI LA PEINE DE MORT POUR MOHAMED MERAH
Du Torrentiel au croissant de lune (extrait) :
"le père de Merah, qui ne devait pas être un bon père, a néanmoins trouvé un bon angle d'attaque contre la france, que j'approuve sans réserve. Il veut lui intenter un procès pour la mort de son fils. Evidemment que, dans les circonstances où s'est faite cette capture, si Merah, en sautant par la fenêtre, visait des hommes du RAID, ces policiers ne pouvaient que le tuer dans les conditions où ils l'ont fait. Mais il est vain à un pays qui est contre la peine de mort de n'avoir pas même un mot pour respecter la mémoire d'un "assassin assassiné", selon les termes mêmes de la chanson des militants contre la peine de mort des années 1970. De même qu'il est franchement ignoble de refuser la sépulture en france à quelqu'un qui l'avait demandé, sous prétexte qu'elle deviendrait le lieu de pèlerinage de tous ceux qui feraient de Merah un martyre ou le lieu d'exaction de tous les profanateurs de sa tombe. Il suffirait qu'on soit discret et qu'on n'exfiltre pas le lieu de sa sépulture en dehors de sa famille à qui on intimerait de ne pas le divulguer, à commencer par son frère, dont je pense qu'il est le vrai cerveau de cette affaire. Refuser cette sépulture est un scandale, surtout après avoir gavé Merah de l'inaliénabilité de sa nationalité française. Son père a trouvé un procès juste à faire à la france, d'autant qu'il l'attaque sur ses valeurs et ne lui intente pas un nième procès historique."
FINALEMENT, NON pas mort SANS SEPULTURE
NB : un élément de justice immanente : l'algérie a feint d'invoquer les
mêmes raisons de sécurité pour refuser la sépulture de Merah, moyennant quoi il devra être enterré en france, à la différence des Israéliens de naissance qu'étaient les enfants de Jonhatan sandler, mais pas Jonhatan sandler ni son père Samuel, qui furent
tous trois expatriés.
A corréler immédiatement à ceci, pour être juste : les pays du Maghreb
n'aiment pas du tout les jeunes de nos banlieues françaises, ils les méprisent, les considèrent comme des voyous, et comme ayant une mauvaise influence sur leurs propres compatriotes, ce qui les rend les plus antipathiques étant leur tendance à la frime.
De JM :
"hello Julien
j'ai lu les 2 courriers que tu m'as envoyés. perso je n'ais pas d'avis
tranchés comme ceux que j'ai pu lire. je suis un enfant d'émmigré quatrième
génération, sauf que le hasard de la vie a fait que je suis né de nouveau au
pays! ce que je trouve dommage dans ces affaires de Toulouse, même si je
n'ais pas pu entendre tout les commentaires, beaucoup d'intervenants parlent
de communautée, de communautarisme, de tradition, de religion, etc ... mais
je n'ai pas entendu de voix s'interroger sur le racisme, le racisme envers
les vieux, le racisme envers les handicapés, le racisme envers les jeunes,
les étrangers, etc ... etc ...! je n'ai entendu personne parler de la foi,
de la foi envers la vie, la foi en son métier, en son amour, etc ... etc ...
tout le monde se dispute le même sujet, fou pas fou, normal pas normal,
correct pas correct etc ...! je voudrais juste leur dire que je ne suis pas
"les Français" ... et oui çà existe, ceux qui ont d'autres avis, et surtout
un avis sur ce qui est le commun! bon à quand la commune ?
Kenavo
JM"
écouter mes créations :
http://www.yann-ar-dall.com/contactjoueryad.php
Mon site de chant de marin :
http://www.yann-ar-dall.com/
La vidéo sur "yutube" du spectacle de la fête des lumières à Lyon le 6, 7 et
8 décembre 2008 :
http://fr.youtube.com/watch?v=HVd458Ia6dM
Le site sur ce spectacle :
http://www.yann-ar-dall.com/lumieres/index.php
Mon site de films institutionnels :
http://www.yann-ar-dall.com/jmp/index.php
DU TORRENTIEL :
"Ouai, JM, mais :
1. Est-ce que le "racisme" n'est pas un mot trop extensif, à supposer qu'il
ne recouvre pas une impasse conceptuelle, auquel cas François Hollande
aurait raison de vouloir supprimer le mot "race" du préambule de la
Constitution française ?
2. Est-ce qu'on peut éviter le communautarisme ?
3. Est-ce que la seule manière de l'éviter ne serait pas le traitement
égalitaire de tous les citoyens ?
4. En quoi la justice s'oppose-t-elle à l'égalitarisme, comme le dit Sarkozy ? C'est bien beau de se bercer de l'idée que l'équité n'est pas l'égalité,
mais ce n'est qu'un masque pour recouvrir l'iniquité !
5. Au Croissant de lune : en quoi tendre à une égalité de reconnaissance, c'est limiter la France à être une démocratie "socio-bourge", ou une sociale démocratie et offrir aux migrants de partager de la pâtée pour chiens ? On ne fait
certes pas de bonne politique pour les classes moyennes, sauf à prétendre
niveler la société par la médiocrité. Oui, mais sans moyens...
6. Existe-t-il une Foi détachée du cerveau reptilien de l'"animal religieux" ?
7. La geste héroïque la moins honorable, voire la plus criminelle, ne
manifeste-t-elle pas une foi en la vie ? Comme s'Il y avait la bonne foi en son amour et en son métier et la mauvaise foi en son crime qui peut
devenir son destin !
8. La geste criminelle, y compris d'un terroriste, ne répond-elle pas à un sentiment d'injustice ?
9. A quand la commune ? Au jour où les citoyens prendront l'habitude de s'exprimer directement et sauront quand ils s'expriment en considérant
l'intérêt général et quand leur expression devient représentative d'un intérêt catégoriel, de l'un
des corps intermédiaires auxquels ils appartiennent !
Du Croissant de lune
Ce ne sont, ni l'appartenance, ni l'identité qui sont dangereuses en soi, ou
opposées à l'universel. C'est le fait d'avoir si peu l'habitude de
s'exprimer que l'on adopte un réflexe corporatiste et catégoriel en
priorité, avant d'avoir le réflexe de penser et de se prononcer en vue de
l'intérêt général."
Du croissant de lune :
SEULS LES PEUPLES ASSIEGES SONT HABILITES A DIRE S'ILS SE SENTENT LIBERES
"Hé, Torrentiel, concernant l'article "racisme", ou ce qu'on nomme ainsi. Il y a une chose étrange, comment ne pas voire, qu'il y a du mépris évident et du racisme, par conséquent, quand on se permet de participer à des aventures militaires, très vaguement justifiées, sans connaître ou vouloir connaître, le ressenti de tels ou tels, envers ces campagnes. Pour moi, je vois mal comment on peut se proclamer non-raciste ou anti-raciste, si en même temps, on tient pour la campagne Afghane, par exemple. Tenir pour l'égalité des hommes, signifie tenir pour l'égale pertinence et validité de leurs points de vue, non? Faire cette campagne-là, sans vouloir connaître comment elle est vécue par les Arabo-Musulmans de France, relève de l'austracisme. On ne voulut pas savoir leur avis, on l'ignora volontiers, mieux, on fit des commentaires délibérément faux, du style, "Les Musulmans dans leur immense majorité, ..." C'était creux, faux, calomnieux, ce ne fut jamais vrai, on se l'est raconté à soi-même.
Vas savoir, si l'évènement du Sud de la France, n'est pas exactement et strictement réactionel à ça! C'est bien beau de parler d'endoctrinement, d'entraînement, de conditionnement, mais enfin, à la base, pourquoi ce gars a fait cette démarche? J'ai l'impression, qu'il n'a pas supporté, qu'il n'a pas su se résigner, à cette participation Française, par suite de quoi, il a fait ce qu'il a cru juste. D'un point de vue général, il faut là-dessus, se bousculer, se laisser ébranler. Un pays dont le peuplement compte tant de composantes, doit en effet, en tenir compte, en politique extérieure, ou renoncer aux principes prétendus.
Croissant de lune."
LE RACISME N'EXISTE PAS
De Mustapha :
"les idées se bousculent mais, ayant faim (l'habitude est prise de ne pas petitdéjeuner), je ne peux y mettre de l'ordre. Donc rapido et en vrac:
1. Y aurait-il le racisme si, comme l'affirment les scientifiques, il n'y a pas, scientifiquement parlant, de races humaines? La différence de couleur de la peau est un critère insuffisant pour parler de race comme on parle d'espèce; c'est toujours l'espèce humaine. Caroline Fourest a trouvé excellente l'idée et la proposition de François Hollande de supprimer le mot "race" dans la Constitution et je la suis. Albert Jacquard dit qu'il vaut mieux parler de "différence", qui est objective, tandis qu'"inégalité" est un jugement de valeur.
Le Pen disait: "je n'y peux rien à l'inégalité des races; vous avez les Kenians ou Ethiopiens qui remportent toujours le marathon. Giono, sans parler d'inégalité des races, disait dans un entretien qu'il admirait ces gens qui, pieds nus, maigrichons, couraient ainsi alors que les Européens, confortablement chaussés, bien nourris, finissent épuisés ou abandonnent. Giono voulaient dire par là que ce n'était pas question de race mais de condition de vie: ces Africains, souvent des bergers, sans doute obligés de courir après les bêtes, étaient en quelque sorte entraînés par la vie.
Albert Mémi, dans son essai "le racisme" définit le racisme comme la valorisation unilatérale de la différence: le raciste "infériorise" une catégorie qu'en général il méconnaît et se situe forcément dans la catégorie supérieur, parce que supérieur lui-même (à ses propres yeux).
2. Pour le "communautarisme", c'est compliqué. Une fois, à une réunion d'une commission de Voir Ensemble, la présidente parlait de la solidarité de la communauté maghrébine. Un camarade lui a dit qu'elle se trompait qu'il n'y avait pas de communauté maghrébine. Souvent, c'est une communauté de langage, comme nous, aveugles, nous parlons "du monde des voyants" et "du monde des aveugles". Peut-être qu'au sens sociologique, il n'y a pas de communautés: groupes homogènes, cohérents, structurés. Il existe quand même chez les humains la tendance à aller vers son semblable (qui se ressemble s'assemble). Dans l'hôtel au mois où je vivais avec mon père à mon arrivée en France, nous étions huit du même village, et rares étaient ceux qui avaient pu lier avec des Français; le quartier Latin était une sorte de ghetto "arabe", de même que Barbès. Quand je vais dans le quartier de la §Gare du Nord, je n'entend parler que des langues étrangères et quand on m'aide et que je demande de quel pays, le plus souvent c'est "Turquie", "Pakistan", "Côte-d'Ivoire", etc.
A propos de racisme, en 75, sur France-Culture, il y avait un dialogue sur le racisme, dialogue entrecoupé de micro-trottoirs:
"êtes-vous raciste? - Non, mais pourquoi eux ils ne paient pas d'impôts?" (ce qu'en imbécile, j'ai cru et qui est faux)
- Non, mais pourquoi ils se déplacent toujours en bandes?
"Feriez-vous les travaux qu'ils font?
- Oui si j'étais payé en conséquence.
Du Torrentiel :
"Sans entrer dans les détails :
1. Je suis en gros d'accord avec ton soutien à la proposition de françois Hollande. Sauf que les espèces se subdivisent en races. Ce pourrait être le propre et l'honneur de l'espèce humaine de faire le choix de ne pas chasser de race. Mais alors, d'un point de vue sémantique, comment appellerait-on le racisme ?
2. Le communautarisme me paraît être un phénomène naturel. Le problème est, moins d'endiguer l'intérêt catégoriel dans l'intérêt général, que de ne pas le laisser être prépondérant."
De Mustapha :
"J'aurais bien du mal à te répondre. Je ne peux et ne veux raisonner avec toi de façon polémique (même si c'est au bon sens [débat désintéressé, honnête d'idées] du mot). J'essaierai seulement d'exprimer mes convictions de façon claire, concrète, honnête sans souci de convaincre ou d'imposer ces convictions.
Tu me demandes comment alors désigner le racisme. Vu que je m'appuie sur ce que disent les savants, dont Albert Jacquard (les races humaines n'existent pas), il n'y a pas ou il ne devrait pas y avoir de "racisme". Quitte à passer pour dogmatique, j'affirme que ce qu'on appelle le racisme ne peut être intellectuellement fondé, justifié, démontré.
Il n'y aurait pas de différences entre les humains (couleur de peau, de moeurs, de religion, de niveau intellectuel, etc.), il n'y aurait pas ce qu'on appelle "racisme". Ce qu'on appelle "racisme" a pour fondement (facteur déclenchant) sur le plan psychologique: la différence pousse forcémentà se mettre en question puisque l'être se définit en grande partie par rapport à... en se situant par rapport à soi... La différence entraînant l'inconnu, l'inconnu fait peur; or,ce qu'il y a de plus fondamental pour l'être (humain ou animal) est le besoin de sécurité, sentiment (mais aussi état, condition) nécessaire pour vivre. J'ai lu que ce n'est qu'assez tard (vers huit mois, je crois) que l'enfant, en se voyant dans un miroir, sait que c'est lui-même.
C'est en juillet 67, à Salzbourg, que j'ai vécu un fait qui m'a révélé, appris que le racisme (si tu veux bien, je dirai toujours le racisme par simplification, parce que je devrais dire "ce qu'on appelle "racisme") avait pour moteur, fondement la peur:
nous étions un groupe du G.I.A.A. dans un café bondé; j'entends un enfant pleurer, hurlant plutôt; une fille du groupe me dit que c'est un petit Autrichien d'environ 4 ans et qu'il hurlait ainsi de peur parce qu'il avait vu Paul (Paul Krah Konan, un Ivoirien, neveu d'Ouphoët-Boigny). J'en ai déduit, conclu que ce gamin n'ayant à faire qu'à des Blancs, tout le monde (l'humanité) était blanc; donc, qu'il avait affaire à un monstre.
Et comme ce qu'on ne connaît pas fait peur (car dans la vie animale ou minimale, c'est simple: ami ou ennemi? Dangereux ou favorable? fuir ou s'allier)?), ce gamin de façon irrationnelle devait croire que Paul allait mettre sa vie en danger.
Quelqu'un a résumé (malheureusement j'ai oublié) l'enchaînement: l'ignorance entraîne la peur, la peur la haine et la haine la guerre, le racisme, la violence, l'agression-agressivité.
Un peu dans ce domaine, Sonia avait une camarade antillaise, je crois, qui venait parfois à la maison. Un jour, Sonia nous dit que Marie-Noëlle Joseph lui avait dit que quand elle venait chez nous, elle était paralysée. Moi, ça m'a drôlement choqué, parce qu'on ne lui avait fait aucun mal, ni engueulée, ni agressée. Cécile, quand on en parlait disait qu'on ne savait pas, qu'on avait dû lui dire ou faire quelque chose qui l'avait effrayée, traumatisée. Rationalisme pathologique, fallacieux.
C'est sûr que c'est notre cécité qui lui faisait peur: pas comme elle; l'absence de regard fait qu'on ne sait pas ce qu'on éprouve, ce qu'on pense (sur ce plan, les nourrissons ont systématiquement peur de moi: Séverine hurlait quand je la prenais; de même mon neveu Mohamed; c'est sûr que c'est une question d'absence de regard en retour car Séverine avec Achour Bendib, qui a un chouya de vue, ne pleurait pas).
Revenons à Marie-Noëlle Joseph. les faits m'ont donné raison25 ans après. Ecoute:
je revenais de la Mairie; au carrefour Championnet-Ordener, une dame m'aide à traverser, et, en traversant, j'entends une femme demander: "puis-je traverser avec vous?"
Une fois sur le trottoir, l'aide s'en va et l'aidée me conduit. Je ne peux m'empêcher de lui poser la question: "vous voyez clair, pourquoi demander de l'aide?"
Elle me répond qu'elle a peur de traverser toute seule et qu'elle se sent rassurée quand elle est accompagnée.
Et voilà qu'elle me demande des nouvelles des miens (elle ne savait pas qu'il y avait rupture); je lui demande son nom: c'est la mère de Marie-Noëlle Joseph. Tout s'éclairait donc: sa mère, anxieuse, agoraphobe ou que sais-je avait communiqué à la fille ce que j'appelle "la peur de vivre" ou "la peur de tout".
D'ailleurs, je lui ai raconté ce que je viens de t'exposer; évidemment, elle niait avec véhémence.
En ce moment, "à voix nue", c'est avec Danièle Salenave; j'ai une admiration énorme pour cette femme. Ce soir, elle racontait qu'étant allée en Israël et en Palestine, elle avait constaté les exactions des Israéliens à l'endroit des Palestiniens. Elle a dénoncé tout ça dans un article fait avec Edgar Morin et Samy Nahir. Et on leur a fait un procès pour antisémitisme, qu'ils ont gagné en première instance, perdu en appel et regagné en Cassassion.
J'étais très content qu'elle ait cité ce fait parce que les Israéliens (peuple et gouvernement) crient tout de suite à l'antisémitisme dès qu'on condamne les représailles disproportionnées, la destruction des maisons au bull-dozer, etc.
Ce refus intransigeant de même geler les colonies est insupportable, inadmissible, de même que la mollesse d'Obama. Tu n'as pas connu à la Mouise Roger Hébert; il est alléen Israël et en Palestine. Il nous a bien dit que les Israéliens faisent aux Palestiniens pire que ceux que les Nazis leur avaient fait.
L'antisémitisme est bien du racisme. Il y a une vingtaine 'années, Serge Moatti a fait un film sur les Juifs tels qu'ils sont vécus. Il ressortait qu'au Japon, où pourtant il y a très peu de Juifs, il y a un assez fort antisémitisme. Un gars (un Français) y disait: "ces gens-là me bouffent mon air). C'est dingue !
Le 14 mars 2004 exactement, un Maghrébin m'aidait à aller au métro; il me dit: "ça doit être embêtant d'être aveugle; je lui réponds: "pas tant que ça". Et il ajoute: "les gens avec vous, les handicapés, ils sont comme avec nous, les immigrés. Je l'ai trouvé très intelligent de généraliser ainsi: la valorisation à son profit de la différence (Albert Mémi) était du racisme.
A propos d'antisémitisme, gamin kabyle, un jour, j'ai pris conscience que le pire des racismes est dans la langue usuelle, courante populaire; or, en kabyle, "salaud" se dit "juif". Quand j'ai pris conscience de l'antisémitisme des Arabes, en mon for intérieur, je suis devenu antiarabe et prosémite. Il n'empêche que la politique oppressive, écrasante, criminelle, des Israéliens en Palestine, me ferait devenir antisémite.
D'où l'antisémitisme est de sentiment, et le prosémitisme de raison.
Le racisme pourrait s'appeler "haine de l'autre"."
Du Torrentiel :
"
Je rebondis sur la fin de ton message, très intéressant, que j'aimerais publier dans une troisième partie du commentaire au RM 39, mais seulement avec ton autorisation, sur "le blog des charades", dont tu imagines l'ambition que je lui donne.
Le racisme pourrait s'appeler "haine de l'autre". Haine ou peur, c'est tout un, nous sommes d'accord. Il m'est venu un jour qu'on pourrait l'appeler "altérophobie". Mais ça pourrait sembler un mot pour se moquer. Or il me semble que ça correspondrait tout à fait à ce qu'on voudrait dire. Je n'en reviens toujours pas qu'en français, il n'existe pas de suffixe pour dire "haine".
La peur de l'absence de regard chez le voyant a un corrolaire chez l'aveugle : la peur de la difficulté de capter. Cette peur m'est venue il y a peu d'années, avec l'accroissement de mon isoolement et le repli de ma vie sociale.
L'antisémitisme est de sentiment à propos des juifs tels qu'ils se donnent à vivre (quand ils se donnent mal à vivre) et de déraison dans l'exemple japonais que tu me cites, à propos des juifs tels qu'ils sont vécus, a priori.
Mais c'est étonnant tout de même de s'apercevoir que l'on raisonne en toute tranquillité linguistique avec des mots que l'on sait faux et mal formés : le racisme quand il n'y a pas de race, et l'antisémitisme alors que les arabes sont des sémites.
Ce n'est pas de la maniaquerie linguistique, c'est une autre de mes marottes : l'incohérence irréductible, ou que notre paresse intellectuelle ne veut plus se donner la peine de réduire.
Nous sommes tous faits de ces incohérences majeures et de ces paradoxes qui font notre humanité."
LES DROITS DE L'HOMME
De JM :
"hello Julien
je ne sais pas comment on pourrait appeler le "racisme", mais si il faut remplacer un mot par un autre, autant laisser çà à des spécialistes! d'autant plus que ces spécialiste ou leurs descendant n'ont pas hésité à classifier les espèces! mais là aussi, je pense que les premiers qui ont eu l'idée de faire çà, avaient surtout lintention de se mettre dans une classification qui les arrangerait ...
c'est pourquoi ils ont mis l'homme dans les êtres supérieurs! puis ensuite, ils ont classifié les hommes... entre les sauvages, les naturels, les esclaves, et les hommes éduqué, les concurrents au titre n'étant pas a égalité dès le départ, nos spécialistes avaient encore une bonne longueurs d'avance pour nourrir leurs complexes ...
bon, je sais, je fais des raccourcis! mais heureusement la révolution est arrivé juste à temps pour inventer la république, avec ses 3 mots magiques, qui devraient satisfaire tout le monde!
mais qui a la "liberté" ? je pense seulement ceux qui peuvent se débarasser de leurs entraves ... mais qui connait "l'égalité", quand on comprends que l'on est égaux devant rien . on est pas égaux devant la maladie, mais on est pas égaux devant les soins ...
pour ce qui concerne "la fraternité",à part les religieux qui emploi du "mes frères" a tour de bras, peut être les frères musulmans, et les singers brothers, la fraternité n'est pas synonime de "paix" ...
après ce déroutage, je pense sincèrement qu'il n'y a que la nature qui a contribué à ordonner les espèces, car celle-ci ont développé des caractéristiques surtout pour s'adapter! hors quel est le savant qui a repris la classification de la nature ? Bien sûr je n'ais pas tout lu, mais il y a un bouquin qui s'appelle "la mer" de Jules Michelet qu'il a écrit en 1875, qui essaie non-pas de classifié mais bien de mettre dans l'ordre de l'évolution des êtres ...
d'abord, voilà, un mot tout trouvé, au lieu de parler de "race", ont pourrait parler "d'être". être humain, mais aussi être animal, être minéral, et être végétal ! et du coup ont pourrait parler aussi d'être vivant et d'être mort, ainsi les anciens ceux qui sont avant la fumeuse, non la fameuse classification, aurait leurs mots à dire ..."
Du Torrentiel :
"Le premier des classificateurs, Linné.
L'homme, mammifère supérieur en raison de son cerveau, celui qui ne pense qu'avec sa tête, sans instinct, sans coeur, sans développer son âme sensitive (Platon distinguait entre l'âme appétive, l'âme sensitive et l'âme intellectuelle!
Le plus fou dans tout ça, c'est que l'homme a décidé de s'appeler "homo sapiens sapiens", c'est-à-dire "sachant qu'il sait", alors que Socrate, au bout de son itinéraire philosophique, découvrait que ce qu'il savait, c'était qu'il ne savait rien
Pour "être humain", tu rejoins une de mes intuitions : c'est incroyable par exemple que l'on parle de "sujet" en philosophie en disant que "le sujet" est l'agent de sa pensée, alors que c'est tout le contraire. Le "sujet", c'est celui qui est soumis. Le sujet du roi, c'est celui qui est soumis au roi. L'"être humain" pourrait remplacer le "sujet".
"La logique de Port-royal" discernait sous chaque substantif le verbe "être", et l'"être" est une des dénominations de dieu. seulement, ce n'est pas celle que l'on retient derrière le Verbe, étant donné qu'"être" est un verbe d'état et que le Verbe divin est le principe actif par excellence. Pourtant, les trois hypostases divines sont consubstantielles, c'est-à-dire d'une même substance.
tu dis qu'il y aurait moyen, en parlant d'"être", d'intégrer les "êtres morts" dans la chaîne de nos raisonnements. Je pense qu'au-delà de la galégeade, il y a le rapport qu'entretient toujours le breton avec les morts. Nous sommes évidemment en relation avec les "esprits" au sein de l'unique esprit. nous sommes en relation allégorique avec l'"esprit des choses" (végétaux, fruits et animaux compris). Ames spirituelles, nous sommes en relation avec "l'esprit-de-vin" (spiritueux). D'ailleurs, Michelet concevait son oeuvre d'historien comme "un dialogue entre les vivants et les morts".
Seul est libre celui qui est décensuré de toute peur de vivre et qui se découvre le coeur assez gigantesque pour y contenir le monde ; celui-là seul peut devenir un "frère universel", en laissant à l'autre la liberté de ne pas être son frère et en ne disant pas :
"Pas de liberté pour les ennemis de la liberté", mais :
"Pas de fraternité pour ce qui n'est pas fraternel en mon frère" !
Quant à l'égalité, comment veux-tu qu'un système (ou une république) qui n'arrive même pas à assurer aux citoyens "l'égalité" devant la Justice arrive à leur procurer l'égalité devant la loi, et une certaine "égalité des chances" et des richesses ?
LE TERRORISME
Du Croissant de lune :
">>> Rien que la notion de terrorisme, telle que nous le voyons aujourd'hui,
>>> traduit bien le suprématisme. On pourrait parler de crime, de meurtres,
>>> non, le scandale est quand le fait vient de gens sensés inférieurs.
>>> Interroges-toi bien là-dessus, tu ne pourras qu'en convenir, et ensuite,
>>> tu banniras ce terme de ton vocabulaire."
Du Torrentiel :
"Juste un mot sur le terrorisme : je ne crois pas beaucoup me repaître de ce terme et m'en suis expliqué.
>> Face à l'injustice systémique dont il se sent victime, le terroriste oppose une injustice spectaculaire, voilà tout.
>> Et nous nous rendons complices de ce spectacle en lui donnant de l'audience.
>>> Si nous voulions arrêter ces coups spectaculaires, nous cesserions de
>> leur accorder de l'importance, mais nous saurions sans doute que ce
>> serait au prix d'une inflamation guerrière de la violence, outre que la
>> mise en exergue des actes terroristes fait triompher la logique représentative, aristocratique et démophobe, encore que peut-être humaine, trop humaine, puisqu'on n'en a jamais vraiment développé d'autre, nulle part, puisqu'il y a des hommes charismatiques, des guides et des gens sous tutelle, qui se donnent des guides et se laissent guider.
Du Croissant de lune :
" Alors non, je ne suis pas d'accord. Face à ce qu'il subit d'injustice, celui qu'on nomme "terroriste", n'oppose pas une injustice spectaculaire et symbolique, il oppose une tentative infructueuse de justice. Je veux que tu en conviennes, puisque généralement, c'est comme ça que ça se passe. Tentative de justice infructueuse, puisqu'insuffisante. Qu'il tente
> de supléer à l'assymétrie en recourant au spectacle, décapitations et autres, ne change rien à cette assymétrie. Il ne peut pas, par définition, être aussi cruel que ceux qui se prétendent libérateurs du peuple. Le moyen d'égaler le phosphore blanc... La palme du meurtre en nombre et en qualité, reste au plus fort, lequel est impuni, se plaint de la moindre
> peccadille, se fait payer des indemnités considérables. Qu'il en coûte à
> ton ego, c'est pas plus mal, mais je veux que tu en conviennes, que tu l'écrives, que tu le cries!
Pourquoi tu t'en formalises, alors que les enseignantes, elles, l'ont fait! Elles ont mis leur carrière de fonctionnaires en jeu, tu peux bien, que diable ! mortifier ton ego, sans
> aucune suite.
C'est beaucoup, ce que je demande sans cesse, mais si tu mesures sur toi, conviens qu'on ne peut pas demander moins!
> Entr'autres, ce que je reproche au phénomène dit "terrorisme", c'est son impuissance, c'est qu'il ne fait pas suffisamment de nuisances, ne venge que très symboliquement les innombrables martyres. Comprends bien que moi, je voudrais que les situations soient égales, voire inversées! Ce n'est qu'en ce cas, que vous seriez vraiment terrorisés. Je lui reproche aussi de distraire une partie des combattants, qui eussent pu agir sur des front plus conséquents. En fait, jusqu'à un certain point, le phénomène dit
> terroriste, est une sorte de fuite du champ de bataille."
Du Torrentiel :
" Non, non, je ne conviens de rien : le terrorisme est la tentative de justice de celui qui veut se faire lui-même justicié dans un système où ilsuspecte, avec de fortes présomptions, que le pouvoir judiciaire est de parti pris, or on ne peut être juge et partie.
Mais le terrorisme tel qu'on le nomme contrevient toujours à cet impératif qu'on ne peut se faire le justicier de soi-même, sans qu'on nous ait rendu justice et qu'on remette à la Force Publique le soin d'exécuter la peine. Le combat se situe donc à ce niveau, de rendre juste le tribunal.
ON A RETABLI LA PEINE DE MORT POUR MOHAMED MERAH
Du Torrentiel au croissant de lune (extrait) :
"le père de Merah, qui ne devait pas être un bon père, a néanmoins trouvé un bon angle d'attaque contre la france, que j'approuve sans réserve. Il veut lui intenter un procès pour la mort de son fils. Evidemment que, dans les circonstances où s'est faite cette capture, si Merah, en sautant par la fenêtre, visait des hommes du RAID, ces policiers ne pouvaient que le tuer dans les conditions où ils l'ont fait. Mais il est vain à un pays qui est contre la peine de mort de n'avoir pas même un mot pour respecter la mémoire d'un "assassin assassiné", selon les termes mêmes de la chanson des militants contre la peine de mort des années 1970. De même qu'il est franchement ignoble de refuser la sépulture en france à quelqu'un qui l'avait demandé, sous prétexte qu'elle deviendrait le lieu de pèlerinage de tous ceux qui feraient de Merah un martyre ou le lieu d'exaction de tous les profanateurs de sa tombe. Il suffirait qu'on soit discret et qu'on n'exfiltre pas le lieu de sa sépulture en dehors de sa famille à qui on intimerait de ne pas le divulguer, à commencer par son frère, dont je pense qu'il est le vrai cerveau de cette affaire. Refuser cette sépulture est un scandale, surtout après avoir gavé Merah de l'inaliénabilité de sa nationalité française. Son père a trouvé un procès juste à faire à la france, d'autant qu'il l'attaque sur ses valeurs et ne lui intente pas un nième procès historique."
FINALEMENT, NON pas mort SANS SEPULTURE
NB : un élément de justice immanente : l'algérie a feint d'invoquer les
mêmes raisons de sécurité pour refuser la sépulture de Merah, moyennant quoi il devra être enterré en france, à la différence des Israéliens de naissance qu'étaient les enfants de Jonhatan sandler, mais pas Jonhatan sandler ni son père Samuel, qui furent
tous trois expatriés.
A corréler immédiatement à ceci, pour être juste : les pays du Maghreb
n'aiment pas du tout les jeunes de nos banlieues françaises, ils les méprisent, les considèrent comme des voyous, et comme ayant une mauvaise influence sur leurs propres compatriotes, ce qui les rend les plus antipathiques étant leur tendance à la frime.
mardi 27 mars 2012
Réponse au croissant de lune, l'affaire Merah (suite)
Eh bien voilà, croissant de lune, tu a fait une chose qui te dépasse, qui
nous dépasse toi et moi, non seulememnt pour l'amitié, . mais pour te
défendre toi-même, pour te faire connaître, te donner à comprendre, dans un
contexte où il ne s'agit pas que je te défère au tribunal, rende une
sentence, la fasse exécuter, mais où tu dois comprendre que tu n'es pas
compris et que ta chance principale est de t'expliquer.
Je n'assortirai ma réponse que de quelques commentaires qui me sont
personnels et dont je prie par avance d'excuser qu'ils soient moins
intéressants que ce que nous a donné le Croissant de lune, mais ils sont
aussi moins impliqués.
1. Le fait est que l'on pouvait croire à une réplique du 11 septembre, du
point de vue de la représentation. Il n'en est pas ainsi et ce n'est pas
forcément bon signe, car la médiatisation en France est beaucoup trop
séquencielle. Certains augurent même que le pouvoir ait laissé le tueur de
toulouse se retrancher dans son appartement pour pouvoir rendre son
arestation plus spectaculaire, alors que le RAID ou la BAC auraient pu le
cueillir en toute discrétion à la sortie d'un terrain de football dont il
paraît qu'il a joué, même entre ces forfaits. Mais cela aurait manqué
l'effet spectaculaire dont on voulait assortir ces crimes et leur punition.
Je ne donne cela que comme une hypothèse, mais elle est vraisemblable.
Les événements de toulouse et de Montauban se présentent bien davantage
comme l'ombre et la caricature du 11 septembre que comme le remake du
traumatisme inaugural de ce dont on estimait, sans qu'on en indiquât la
raison, que l'impact de ces attentats devait changer le monde, dans une
assomption parfaitement cynique de l'inégalité de la valeur des vies
humaines par une puissance, les Etats-Unis, se disant démocratique et
défenderesse de l'égalité, puisqu'on pouvait impunément faire deux cent
mille morts en bombardant l'Irak ou en affamant son peuple, mais que trois
mille morts dans un remake de "La tour infernale" réclamaient vengeance et
justifiaient de mettre le monde à feu et à sang.
La médiatisation de l'information en france est séquencielle (un fait
divers, une loi !), de même que le débat politique n'est pas au niveau.
A supposer que Marine le Pen ait voulu offrir une véritable alternative
politique, elle s'est discréditée en couplant ses propositions d'une
surenchère tellement xénophobe que cela a rendu son discours inintelligible,
pour ceux-là mêmes qui pouvaient être sensibles à certains de ses aspects. A
quoi bon "la préférence" (ou "la priorité) nationale", sinon à jeter des
gens déjà exaspérés à la rue ! A quoi bon la stigmatisation de l'Aide
Médicale d'etat qui ne se chiffre qu'à 600 ou à 800 millions d'euros (quand
le déficit de la France se chiffre en centaines de milliards), alors que
cette aide, qui est beaucoup moins systématiquement distribuée que le
prétend le front National, que cette aide, comme la Couverture Maladie
Universelle, est à l'honneur du respect du serment d'Hypocrate ! A quoi
bon, quand on se dit porteur d'une réforme institutionnelle de taille pour
la france, rabaisser le débat politique à une discussion sur la traçablité
de la viande Halal ! Si Marine le Pen, qui a fait un excellent début de
campagne, baisse dans les sondages, elle ne pourra s'en prendre qu'à
elle-même et à sa tentation démagogique, héritée de son père qui se
contentait d'avoir une fonction qu'il qualifiait lui-même de tribunicienne,
comme étant celle de ""tribun de la Plèbe" !" Quant à Jean-Luc Mélanchon, il
n'a pas d'autre ambition que de faire de "l'éducation populaire". Qu'il nous
excuse, mais le peuple n'a pas besoin d'être éduqué, ce n'est plus un
enfant. Tout au plus a-t-il besoin d'apprendre comment passer d'une réaction
grégaire, de la réaction d'une foule, à une réaction populaire, à la
maturité d'un peuple. Il lui faut ressaisir le sens de ce mot, qui lui a été
confisqué par ceux qui délient, déréalisent le lien entre "démocratie" et
"populisme" (et pouvoir du peuple, ne serait ce suffixe péjoratif en "isme",
dont l'"iste" est toujours le pendant.
Pourquoi le peuple, à la dernière extrémité, se méfie-t-il toujours du front
National ? Parce qu'il ne veut pas entrer en guerre civile et, de plus,
parce qu'il a de la compassion pour le migrant, envers qui cette réaction
serait de pure offense généralisatrice.
Mais pourquoi, si je fais un raccourcis, Mélanchon n'a guère plus de chances
de remporter les suffrages du peuple ? Parce que le peuple n'aime pas le
trotskisme, pas le maoïsme (avec ou sans du sens en plus), ne t'en déplaise,
croissant de lune : le peuple de france n'est pas mûr pour l'islamisme
politique. Ce qu'il est capable de comprendre, c'est l'oppression dont
celui-ci se nourrit. Ce qu'il peut lui envier, c'est sa "réponse à tout",
c'est d'avoir une éthique, c'est d'opter pour le droit, à condition de ne
pas être inexorable, que d'avoir réponse à tout ne le rende pas un
robespierrisme terroriste de son propre peuple, à condition que de ne pas
rougir d'être pris pour un maoïsme religieux ne fasse redouter qu'il
agirait envers ceux qui s'y soumettraient de la même manière que les
propagateurs de la révolution culturelle chinoise allait couper les doigts
de ceux qui refusaient "le grand bond en avant" du "petit livre rouge".
Et ce que tu écris des talibans réussissant ce miracle d'arrêter la
production d'opium avec l'assentiment de tous, en ne recourant qu'à la
persuasion et sans l'intervention d'aucun commissaire politique, a l'air de
tenir de la propagande, qui ne veut pas reconnaître que les talibans ont
recouru, pour s'imposer, à des expéditions punitives tout aussi condamnables
que la guerre qu'on a fait en afghanistan sous prétexte de les empêcher. Les
châtiments corporels épouvantables, la terreur des femmes, sans parler de la
destruction des bouddha bimillénaires par un islamisme iconoclaste,tout cela
ne relève pas seulement de la contre-propagande occidentale et du
photo-montage.
D'accord, à côté des procédés, quels qu'ils soient, dont se sont servis les
talibans pour mettre fin à la culture du pavot, la parole du pape a quelque
chose d'incantatoire. Je n'ai jamais pu prendre au sérieux le vatican quand
il s'exprimait contre la MAFIA ou contre l'arrêt du trafic de drogue. Mais,
à tout prendre, je préfère un pouvoir incantatoire à une répression
sanglante ou, si tu préfères et si tu la nies, à une surveillance de
chacun par tous. Tu me diras que je me pose en garant des libertés
individuelles sans voir l'intérêt supérieur de la liberté collective. Je
pense qu'on ppeut tenir un juste milieu entre les deux.
Je ne veux pas obscurcir mon propos en ne voulant rien te céder sur les
talibans. Je connais trop combien nous pouvons tous être victimes de la
désinformation et de nos propres préjugés. Je m'écarte donc de ce sujet en
attendant que tu m'affranchisses, si jamais il est vrai que je sois dans
l'erreur et que je doivêtre détrompé.
Je préfère ce que dit ton Rached ghanouchi à propos de la différence de
contexte qui existe entre la démocratie chrétienne et l'islamisme politique,
d'autant qu'aux dernières nouvelles (plutôt rares, les journalistes français
exerçant peu de droit de suite), les membres du parti de la renaissance
préfèrent ne pas diviser le peuple tunisien en inscrivant la charia dans la
constitution, mais il faut reconnaître que la charia, qui relève
essentiellement du droit coutumier est souvent agitée comme un épouvantail
pour faire peur aux occidentaux.
2. Je crois qu'on ne gagne rien à sous-estimer Mohamed Merah. C'est ce qu'a
fait le RAID en s'imaginant que quelqu'un qui était allé au bout de sa
logique allait se rendre et ne pas souhaiter de mourir, les armes à la main.
Loin de moi de faire de Merah un humaniste. Nous autres, chrétiens, avons
grande pitié des morts, et en venons à oublier combien ils ont pu
préméditer et pousser loin dans le crime. Celui-ci est mort en voulant
abattre des hommes du RAID qui se trouvaient sous sa fenêtre. Il s'est
également attiré la réprobation unanime de tous ceux qui ont un respect
minimum de la vie en poursuivant une petite fille pour lui tirer une balle
dans la tête. On a également souligné que Merah nourrissait un culte exagéré
pour la technicité et que son goût pour le rodéo, mais aussi le scénario de
ses meurtres et de sa non reddition, de son arsenal et de l'usage qu'il en
faisait, avaient beaucoup à voir avec l'esthétique des séries américaines.
Mohamed Merah était loin d'être un humaniste, on n'a pas envie de se
féliciter qu'un homme qui percevait le RSA et bénéficiait d'un logement
social ait vécu de rapines pour s'approprier un arsenal qui a fait sept
morts. Mohamed Merrah n'était pas un humaniste, mais ce n'est pas une raison
pour en faire un imbécile. Bien sûr, on peut évoquer le contexte particulier
de sa famille décomposée. On peut présumer que sa mère n'était pas l'oie
blanche qu'on a laissé rentrer chez elle après sa garde-à-vue, dans la
mesure où, si elle a refusé d'intervenir auprès de son fils sous prétexte
qu'elle n'avait aucune influence sur lui alors que c'était depuis son
ordinateur qu'il s'était connecté sur l'annonce du militaire, vendeur de
motos, c'était qu'elle approuvait peu ou prou les agissements qu'il avait
commis, au point de ne pas le supplier de vivre, et ce d'autant plus
probablement qu'elle ne pouvait ignorer que son autre fils Abdelkader, qui
paraît mieux pourvu idéologiquement que son frère, devait en être le mentor
véritable. On peut supposer dans cette famille un contexte de lum-pen
prolétariatde banlieue désertée. On peut voir dans Merrah un jeune désoeuvré
devenu salafiste alors que, para illeurs, rien ne le distinguait beaucoup de
la vie des jeunes qui s'agitaient autour de lui. On peut être un salafiste
de banlieue et boire de l'alcool, aller en boîte et être médiocrement
pratiquant. Et on peut, malgré cela, n'en avoir pas moins la foi, n'en pas
moins croire à ses causes.
Où je dis qu'il ne faudrait pas céder à prendre Mohamed Merah pour un
imbécile est que l'attaque de l'école juive n'est certainement pas la simple
conséquence d'un rendez-vous manqué avec un militaire. D'abord, il se
murmure que Mohamed Merah, entre autres voyages, était allé en Israel et
avait été arrêté par la police israélienne. Ensuite, le simple indice de
l'heure extrêmement matinale à laquelle Mohamed Merah avait pénétré dans
cette école est significatif du fait que nulle improvisation ne présidait à
cette incursion.
Pas davantage il ne faut prendre ce mot qu'on lui prête, qu'il voulait
"mettre la france à genoux", pour l'exacerbation d'une haine antifrançaise.
Il est fort possible que Mohamed Merah ait intériorisé dans son propre
logiciel la distinction des nationalistes rupturistes entre "pays légal" et
"pays réel". La preuve en est que celui que beaucoup se plaisent à présenter
désormais comme un Français de papier avait indiqué par testament qu'il
souhaitait être enterré en france. Rien n'empêche de penser que Mohamed
Merah voulait rendre la France à sa réalité telle qu'il la concevait. Et
rendre la France à sa réalité pouvait très bien passer pour lui par le fait
de punir ses compatriotes ou correligionnaires communautaires d'avoir prêté
leurs mains à la commission d'une guerre injuste et à une forme de
mercenariat, dont je te reconnais l'autorité, croissant de lune, de dire si,
en la faisant, le Français pouvait ou non prétendre de bon droit avoir
libéré un peuple. Toi seul ou le ressortissant de ce peuple pouvez estimer
si cette intervention étrangère vous a ou non rendu libres, quand bien même
croirions-nous à la justesse de la guerre afghane, en raison de la nuisance
dont nous croyons les talibans responsables. L'autochtone, dis-tu, en
poussant la tolérance aussi loin que possible, peut seul, à la limite,
croire que cette guerre soit juste. Son injustice ne peut faire aucun doute
pour un soldat musulman étant entré dans la carrière militaire après que les
anciens se sont tus. D'autant, ajoutes-tu, que les soldats ne sont pas
soumis à un véritable impératif d'aller combattre en afghanistan. L'armée
est dans un tel état de déréliction, à être impliquée dans des guerres qui
ne la concernent pas, que n'y vont compbattre que les soldats qui veulent
sur les terrains qu'ils choisissent, ce qui est totalement contraire à
l'impératif militaire d'obéissance a priori et de non choix des terrains de
combat, la désobéissance, abusivement qualifiée de civile, étant l'exception
à l'exécution régulière, même des ordres les moins intelligents, la
désobéissance du soldat ne se justifiant qu'en cas d'immoralité de l'ordre
donné par le commandement. On se souvient de Zola disqualifiant "le
comandement" dans "La débâcle", mais plus encore de Philippe d'Orléans,
connaissant la disgrâce sous Louis XIV avant d'être rendu régent par la mort
du roi, pour avoir bu, en belle ou amère humeur malgré et à cause de la
défaite, lors d'une des campagnes de la guerre de succession d'Espagne, "à
la santé de Con, le capitaine" (il désignait le roi) "et de con, le
commandant" (il en avait après son épouse morganatique, Madame de Maintenon,
qui n'était point vice-reine".)
Tu dénies à tout soldat d'origine musulmane d'aller combattre en
Afghanistan si ce n'est sous l'impulsion du motif mercantile . Il se peut,
mais ajoutes-y celui-ci, qui n'a rien à voir avec la situation sociale du
harki, mais relève d'un désir d'assimilation : assimilation du soldat
d'origine musulmane aux causes de la france, et désolidarisation de ce
soldat d'avec une pratique de l'islam politique, celle des talibans, qu'il
peut juger comme dépréciative de l'islam, de ton point de vue parce qu'il
n'a pas la même conscience que toi des enjeux du relèvement de la "nation
arabe" ; voire, en poussant plus loin, parce qu'il est un insensé à tes yeux
ou même en vérité ; parce qu'il développe, sans état de nécessité
financière, le complexe du harki de l'intérieur ; tout cela est possible,
comme il est possible que ce soldat hiérarchise autrement que toi ses
appartenances (d'aucuns prétendent que nous n'avons qu'une seule identité,
mais plusieurs appartenances), qu'il se veuille d'abord français et musulman
ensuite, dans une intégration de la notion de laïcité à la française, contre
la séparation des zones d'influence en islam politique, la laïcité ayant
pour équivalent la "civilité".
Tu prétends redresser ce soldat de ses errements, Mohamed Merah a voulu le
faire aussi, mais à sa manière, autrement radicale. La logique du martyre
dans laquelle il était entré et qui n'est jamais dépourvue d'un certain
héroïsme voulait peut-être aussi montrer un autre dysfonctionnement de la
"France légale" qui se gargarise du mot de "République".
3. Théoriquement, quand l'armée est attaquée , agent, s'il en est, de la
force publique, il faudrait faire intervenir les brigades antiterroristes.
Or il n'en fut rien. Quand ce ne fut, pour ainsi dire, que l'armée qui fut
atttaquée et pire, quand ce ne furent, comme au temps de nos guerres
européennes, que ceux que nous appelions jadis nos anciens supplétifs
coloniaux qui furent victimes, la réaction française fut très molle. Mais
qu'une école juive soit attaquée, et la république fut en émoi ; les
politiques se rendirent sur les lieux, toutes affaires cessantes, au risque
que ce concours de personnalités, dont il fallait assurer la sécurité, ne
gêna la progression policière de l'élucidation des meurtres en série et de
la mise hors d'état de nuire de celui qui les commettait ; le ministre de
l'intérieur en personne diligenta l'enquête ; la campagne présidentielle fut
suspendue.
On déclara "la République en danger" parce qu'on s'en était pris à une de
ses écoles. Pardon, mais on s'en était pris, pas du tout à l'école de la
république, mais à une école privée hors contrat, qui avait la particularité
d'accueillir environ deux cents élèves de confession juive, lesquels étaient
encadrés, sur le plan religieu et, qui sait, peut-être paramilitaire, par un
rabbin d'origine israélienne venu en mission à cette fin et qui fit
malheureusement partie des victimes. Le terroriste, nullement inintelligent
dans le choix de ses cibles, s'était attaqué à une de ces écoles privées qui
n'accueille qu'à titre très exceptionnel un petit musulman ou un petit
catholique, contrairement aux écoles privées catholiques, dont la plupart
ont en outre souscrit une obligation contractuelle avec l'Etat, mais qui
accueilleraient des enfants non catholiques avec ou sans cette souscription,
parce que cela fait partie, je ne dirai même plus des obligations inhérentes
à leur prosélytisme, mais de leur vision de l'homme que de faire bénéficier
deleur enseignement de qualité tous les enfants qui viennent à elles. Le
tueur d'enfants avait attaqué une école juive, dans ce pays laïque qui
accorde très parcimonieusement aux musulmans le droit d'ouvrir une école
coranique. La sidération avec laquelle on avait fait jouer le ressort de
l'indignation était allée jusqu'à faire habilement oublier que ce tueur ne
s'en était nullement pris à une "école de la république", mais avait attaqué
une école confessionnelle. Le lendemain, Nicolas sarkozy était allé prendre
à témoin des enfants : il avait rêvé, lors d'un certain dîner du CRIF, que
chaque enfant de CM2 prenne symboliquement en charge une victime de la
shoah, cette épouvantable tuerie d'enfants lui donnait l'occasion de mettre
son rêve, très traumatisant pour de jeunes consciences, à exécution.
Nicolas sarkozy était allé diriger une "minute de silence" dans une "école
de la république" pendant que le ministre de l'intérieur, depuis toulouse,
diligentait l'enquête.
Tandis que les autorités de la république s'ingéniaient à déplacer sur le
terrain républicain cet attentat commis contre une école confessionnelle
juive, les autorités religieuses se livraient à un exercice auquel elles se
croient obligées dès que la communauté juive est attaquée en france :
rédiger un communiqué d'effroi, faire part de leur indignation et de leur
désapprobation absolue et sans équivoque, de leur consternation, bref, rien
que des sentiments très humains et qui vont sans dire, qui vont de soi.
Mon ami, le Président des Amitiés Judéo-Chrétiennes de Mulhouse, Jérôme batoula, m'avait envoyé pour que je le transmette, l'un de ces communiqués
plein d'indignation vertueuse. Etant pressenti pour faire parti du comité
local de ces amitiés, étant par ailleurs excédé par le croissant de lune, je
lui adressai ces quelques mots pleins d'amertume :
"> Salut, Jérôme,
> Je ne crois pas que je pourrai faire partie du comité.
> En premier lieu parce que je ne supporte pas qu'il faille réagir à
> chaque fois qu'il se passe quelque chose, touchant la communauté juive.
> La mort d'enfants est atroce, cela est sans contredit, définitif,
> indiscutable, mais cela va de soi ! Lorsque j'étais en Israel, avec
> mon frère, à deux reprises, dans deux auberges de jeunesse différentes,
> j'ai vu
> deux groupes d'enfants, surveillés par deux rabbins, et plusieurs
> éducateurs :
> Le premier groupe d'enfants devait faire partie de l'élite d'Israël,
> parce que l'un de ceux qui les surveillaient portait en bandoulière une
> mitraillette. Le groupe s'était arrêté, comme nous, dans une auberge de
> jeuenesse, où l'on pouvait supposer que quelques
> Palestiniens, qui travaillaient, y étaient réduits à pas loin d'une
> forme d'esclavage
> Un soir, nous rencontrions un autre groupe d'enfants. Il était formé, en
> partie, de falasha, soit de Juifs Ethiopiens, mon frère s'étonnait
> justement de ne pas voir de juifs de couleur. Etant donné que l'etat
> d'Israël
> ne tenait pas tellement à ces "jeunes de banlieue", ils n'étaient pas
> gardés par des rabbins-éducateurs portant une carabine, mais juste un
> tazer.
> Je veux bien que l'on s'insurge à chaque fois qu'une école juive est
> attaquée. Mais je cesserai de m'insurger quand les écoles juives
> deviendront des "écoles de la république" et cesseront de donner des
> leçons à l'école de la république.
Car voilà : il faut avoir vécu près d'une école juive pour savoir combien
elle est loin d'une école de la république.
> Dans celle où des enfants ont été tués, il y avait un prof de religion qui
> venait d'Israël. Il y a beaucoup de juifs qui font leur service militaire
> en Israël. Il y a beaucoup d'enfants juifs élevés comme de
> petits soldats. Ca n'est pas plus scandaleux, si on le tolère, que des
> arabo-musulmans aillent se faire entraîner paramilitairement au
> Pakistan ou en avghanistan. Le premier citoyen français qui se ferait
> pincer en revenant d'un pays étranger sous les armes duquel il aurait
> servi devrait être arrêté et déchu de ses
> droits civiques ou de quelque chose dans le genre.
Que Mohamed Nerrah ait fait un acte abominable est certain ; qu'il ait
souffert avant d'agir est évident ; qu'un
> communiqué de notre association se sot imposé me paraît superflu !
> "Laisssons nos morts enterrer leurs morts !"
Comprends-moi bien, Jérôme, je ne suis pas antisémite, mais je ne soutiens
pas les juifs d'Israël dans leurs
> moindres actions politiques. Je veux rester un esprit libre, et c'est
> pourquoi je préfère ne pas faire partie du comité. Th. en a eu
> l'idée, ce n'est pas ma place ! D'ailleurs, je n'ai jamais adhéré à aucun
> parti. J'adhérerai au parti que je réformerai.
> en te disant à bientôt ainsi qu'à vous tous,
Julien"
Mon ami Jérôme, lui-même un protestant évangélique non pentecôtiste
d'origine africaine, m'adressa dans sa réponse ces quelques mots qui m'ont
fait chaud au coeur :
"Je tiens à te remercier pour ton mail et ce qu'il contient. Ta liberté
d'esprit est ton plus grand trésor."
Avouez, ça me change un peu des perfidies dont je suis régulièrement victime
de la part du croissant de lune, même si son effort de mise en perspective
d'hier soir contribue à les racheter.
Oui, pour moi, il ne faut pas tomber dans le piège de choisir une communauté
contre l'autre. Il faut traiter avec la même sévérité celui qui va combattre
dans les rangs de tsahl et celui qui va s'entraîner dans un commando
paramilitaire au Pakistan ou dans la zone tribale. Puisqu'il a choisi de se
mettre au service d'une puissance étrangère, il ne faut pas que, comme
Arnaud clarsfeld, il puisse occuper des postes de responsabilité quasi
régaliens, qui peuvent le hisser jusqu'à fixer quels peuvent être les
critères de l'immigration en france. Il ne faut pas tolérer que les enfants
juifs soient massacrés, mais pas davantage élevés en france comme de petits
soldats ; mais il faut encore moins tolérer, comme ça se voit presque chaque
semaine à Paris, que des organisations communautaires juives organisent des
meatings à la gloire des soldats israéliens, où certains de leurs militaires
hauts gradés acompagnent des jeunes recrues faisant leur service militaire
(ce qu'ils font pour trois ans à compter de l'âge de seize ans et demie),
ces réunions recevant régulièrement la visite de personnalités politiques
françaises invitées. Il faut traiter les citoyens à égalité sociale et
confessionnelle. C'est le moins que nous puissions faire, sauf à sécréter
des Mohamed Merah. Il ne faut pas céder aux sirènes de la désunion
nationale. Mais le compagnonage avec les migrants ne saurait aller jusqu'à
faire de nous un vivier de conversions à l'islam. Du moins le français de
base n'a-t-il aucune raison d'appeler de ses voeux des conversions massives,
qui le désidentifient de sa matriceoriginelle et ne feraient que contribuer
à le déréaliser.
nous dépasse toi et moi, non seulememnt pour l'amitié, . mais pour te
défendre toi-même, pour te faire connaître, te donner à comprendre, dans un
contexte où il ne s'agit pas que je te défère au tribunal, rende une
sentence, la fasse exécuter, mais où tu dois comprendre que tu n'es pas
compris et que ta chance principale est de t'expliquer.
Je n'assortirai ma réponse que de quelques commentaires qui me sont
personnels et dont je prie par avance d'excuser qu'ils soient moins
intéressants que ce que nous a donné le Croissant de lune, mais ils sont
aussi moins impliqués.
1. Le fait est que l'on pouvait croire à une réplique du 11 septembre, du
point de vue de la représentation. Il n'en est pas ainsi et ce n'est pas
forcément bon signe, car la médiatisation en France est beaucoup trop
séquencielle. Certains augurent même que le pouvoir ait laissé le tueur de
toulouse se retrancher dans son appartement pour pouvoir rendre son
arestation plus spectaculaire, alors que le RAID ou la BAC auraient pu le
cueillir en toute discrétion à la sortie d'un terrain de football dont il
paraît qu'il a joué, même entre ces forfaits. Mais cela aurait manqué
l'effet spectaculaire dont on voulait assortir ces crimes et leur punition.
Je ne donne cela que comme une hypothèse, mais elle est vraisemblable.
Les événements de toulouse et de Montauban se présentent bien davantage
comme l'ombre et la caricature du 11 septembre que comme le remake du
traumatisme inaugural de ce dont on estimait, sans qu'on en indiquât la
raison, que l'impact de ces attentats devait changer le monde, dans une
assomption parfaitement cynique de l'inégalité de la valeur des vies
humaines par une puissance, les Etats-Unis, se disant démocratique et
défenderesse de l'égalité, puisqu'on pouvait impunément faire deux cent
mille morts en bombardant l'Irak ou en affamant son peuple, mais que trois
mille morts dans un remake de "La tour infernale" réclamaient vengeance et
justifiaient de mettre le monde à feu et à sang.
La médiatisation de l'information en france est séquencielle (un fait
divers, une loi !), de même que le débat politique n'est pas au niveau.
A supposer que Marine le Pen ait voulu offrir une véritable alternative
politique, elle s'est discréditée en couplant ses propositions d'une
surenchère tellement xénophobe que cela a rendu son discours inintelligible,
pour ceux-là mêmes qui pouvaient être sensibles à certains de ses aspects. A
quoi bon "la préférence" (ou "la priorité) nationale", sinon à jeter des
gens déjà exaspérés à la rue ! A quoi bon la stigmatisation de l'Aide
Médicale d'etat qui ne se chiffre qu'à 600 ou à 800 millions d'euros (quand
le déficit de la France se chiffre en centaines de milliards), alors que
cette aide, qui est beaucoup moins systématiquement distribuée que le
prétend le front National, que cette aide, comme la Couverture Maladie
Universelle, est à l'honneur du respect du serment d'Hypocrate ! A quoi
bon, quand on se dit porteur d'une réforme institutionnelle de taille pour
la france, rabaisser le débat politique à une discussion sur la traçablité
de la viande Halal ! Si Marine le Pen, qui a fait un excellent début de
campagne, baisse dans les sondages, elle ne pourra s'en prendre qu'à
elle-même et à sa tentation démagogique, héritée de son père qui se
contentait d'avoir une fonction qu'il qualifiait lui-même de tribunicienne,
comme étant celle de ""tribun de la Plèbe" !" Quant à Jean-Luc Mélanchon, il
n'a pas d'autre ambition que de faire de "l'éducation populaire". Qu'il nous
excuse, mais le peuple n'a pas besoin d'être éduqué, ce n'est plus un
enfant. Tout au plus a-t-il besoin d'apprendre comment passer d'une réaction
grégaire, de la réaction d'une foule, à une réaction populaire, à la
maturité d'un peuple. Il lui faut ressaisir le sens de ce mot, qui lui a été
confisqué par ceux qui délient, déréalisent le lien entre "démocratie" et
"populisme" (et pouvoir du peuple, ne serait ce suffixe péjoratif en "isme",
dont l'"iste" est toujours le pendant.
Pourquoi le peuple, à la dernière extrémité, se méfie-t-il toujours du front
National ? Parce qu'il ne veut pas entrer en guerre civile et, de plus,
parce qu'il a de la compassion pour le migrant, envers qui cette réaction
serait de pure offense généralisatrice.
Mais pourquoi, si je fais un raccourcis, Mélanchon n'a guère plus de chances
de remporter les suffrages du peuple ? Parce que le peuple n'aime pas le
trotskisme, pas le maoïsme (avec ou sans du sens en plus), ne t'en déplaise,
croissant de lune : le peuple de france n'est pas mûr pour l'islamisme
politique. Ce qu'il est capable de comprendre, c'est l'oppression dont
celui-ci se nourrit. Ce qu'il peut lui envier, c'est sa "réponse à tout",
c'est d'avoir une éthique, c'est d'opter pour le droit, à condition de ne
pas être inexorable, que d'avoir réponse à tout ne le rende pas un
robespierrisme terroriste de son propre peuple, à condition que de ne pas
rougir d'être pris pour un maoïsme religieux ne fasse redouter qu'il
agirait envers ceux qui s'y soumettraient de la même manière que les
propagateurs de la révolution culturelle chinoise allait couper les doigts
de ceux qui refusaient "le grand bond en avant" du "petit livre rouge".
Et ce que tu écris des talibans réussissant ce miracle d'arrêter la
production d'opium avec l'assentiment de tous, en ne recourant qu'à la
persuasion et sans l'intervention d'aucun commissaire politique, a l'air de
tenir de la propagande, qui ne veut pas reconnaître que les talibans ont
recouru, pour s'imposer, à des expéditions punitives tout aussi condamnables
que la guerre qu'on a fait en afghanistan sous prétexte de les empêcher. Les
châtiments corporels épouvantables, la terreur des femmes, sans parler de la
destruction des bouddha bimillénaires par un islamisme iconoclaste,tout cela
ne relève pas seulement de la contre-propagande occidentale et du
photo-montage.
D'accord, à côté des procédés, quels qu'ils soient, dont se sont servis les
talibans pour mettre fin à la culture du pavot, la parole du pape a quelque
chose d'incantatoire. Je n'ai jamais pu prendre au sérieux le vatican quand
il s'exprimait contre la MAFIA ou contre l'arrêt du trafic de drogue. Mais,
à tout prendre, je préfère un pouvoir incantatoire à une répression
sanglante ou, si tu préfères et si tu la nies, à une surveillance de
chacun par tous. Tu me diras que je me pose en garant des libertés
individuelles sans voir l'intérêt supérieur de la liberté collective. Je
pense qu'on ppeut tenir un juste milieu entre les deux.
Je ne veux pas obscurcir mon propos en ne voulant rien te céder sur les
talibans. Je connais trop combien nous pouvons tous être victimes de la
désinformation et de nos propres préjugés. Je m'écarte donc de ce sujet en
attendant que tu m'affranchisses, si jamais il est vrai que je sois dans
l'erreur et que je doivêtre détrompé.
Je préfère ce que dit ton Rached ghanouchi à propos de la différence de
contexte qui existe entre la démocratie chrétienne et l'islamisme politique,
d'autant qu'aux dernières nouvelles (plutôt rares, les journalistes français
exerçant peu de droit de suite), les membres du parti de la renaissance
préfèrent ne pas diviser le peuple tunisien en inscrivant la charia dans la
constitution, mais il faut reconnaître que la charia, qui relève
essentiellement du droit coutumier est souvent agitée comme un épouvantail
pour faire peur aux occidentaux.
2. Je crois qu'on ne gagne rien à sous-estimer Mohamed Merah. C'est ce qu'a
fait le RAID en s'imaginant que quelqu'un qui était allé au bout de sa
logique allait se rendre et ne pas souhaiter de mourir, les armes à la main.
Loin de moi de faire de Merah un humaniste. Nous autres, chrétiens, avons
grande pitié des morts, et en venons à oublier combien ils ont pu
préméditer et pousser loin dans le crime. Celui-ci est mort en voulant
abattre des hommes du RAID qui se trouvaient sous sa fenêtre. Il s'est
également attiré la réprobation unanime de tous ceux qui ont un respect
minimum de la vie en poursuivant une petite fille pour lui tirer une balle
dans la tête. On a également souligné que Merah nourrissait un culte exagéré
pour la technicité et que son goût pour le rodéo, mais aussi le scénario de
ses meurtres et de sa non reddition, de son arsenal et de l'usage qu'il en
faisait, avaient beaucoup à voir avec l'esthétique des séries américaines.
Mohamed Merah était loin d'être un humaniste, on n'a pas envie de se
féliciter qu'un homme qui percevait le RSA et bénéficiait d'un logement
social ait vécu de rapines pour s'approprier un arsenal qui a fait sept
morts. Mohamed Merrah n'était pas un humaniste, mais ce n'est pas une raison
pour en faire un imbécile. Bien sûr, on peut évoquer le contexte particulier
de sa famille décomposée. On peut présumer que sa mère n'était pas l'oie
blanche qu'on a laissé rentrer chez elle après sa garde-à-vue, dans la
mesure où, si elle a refusé d'intervenir auprès de son fils sous prétexte
qu'elle n'avait aucune influence sur lui alors que c'était depuis son
ordinateur qu'il s'était connecté sur l'annonce du militaire, vendeur de
motos, c'était qu'elle approuvait peu ou prou les agissements qu'il avait
commis, au point de ne pas le supplier de vivre, et ce d'autant plus
probablement qu'elle ne pouvait ignorer que son autre fils Abdelkader, qui
paraît mieux pourvu idéologiquement que son frère, devait en être le mentor
véritable. On peut supposer dans cette famille un contexte de lum-pen
prolétariatde banlieue désertée. On peut voir dans Merrah un jeune désoeuvré
devenu salafiste alors que, para illeurs, rien ne le distinguait beaucoup de
la vie des jeunes qui s'agitaient autour de lui. On peut être un salafiste
de banlieue et boire de l'alcool, aller en boîte et être médiocrement
pratiquant. Et on peut, malgré cela, n'en avoir pas moins la foi, n'en pas
moins croire à ses causes.
Où je dis qu'il ne faudrait pas céder à prendre Mohamed Merah pour un
imbécile est que l'attaque de l'école juive n'est certainement pas la simple
conséquence d'un rendez-vous manqué avec un militaire. D'abord, il se
murmure que Mohamed Merah, entre autres voyages, était allé en Israel et
avait été arrêté par la police israélienne. Ensuite, le simple indice de
l'heure extrêmement matinale à laquelle Mohamed Merah avait pénétré dans
cette école est significatif du fait que nulle improvisation ne présidait à
cette incursion.
Pas davantage il ne faut prendre ce mot qu'on lui prête, qu'il voulait
"mettre la france à genoux", pour l'exacerbation d'une haine antifrançaise.
Il est fort possible que Mohamed Merah ait intériorisé dans son propre
logiciel la distinction des nationalistes rupturistes entre "pays légal" et
"pays réel". La preuve en est que celui que beaucoup se plaisent à présenter
désormais comme un Français de papier avait indiqué par testament qu'il
souhaitait être enterré en france. Rien n'empêche de penser que Mohamed
Merah voulait rendre la France à sa réalité telle qu'il la concevait. Et
rendre la France à sa réalité pouvait très bien passer pour lui par le fait
de punir ses compatriotes ou correligionnaires communautaires d'avoir prêté
leurs mains à la commission d'une guerre injuste et à une forme de
mercenariat, dont je te reconnais l'autorité, croissant de lune, de dire si,
en la faisant, le Français pouvait ou non prétendre de bon droit avoir
libéré un peuple. Toi seul ou le ressortissant de ce peuple pouvez estimer
si cette intervention étrangère vous a ou non rendu libres, quand bien même
croirions-nous à la justesse de la guerre afghane, en raison de la nuisance
dont nous croyons les talibans responsables. L'autochtone, dis-tu, en
poussant la tolérance aussi loin que possible, peut seul, à la limite,
croire que cette guerre soit juste. Son injustice ne peut faire aucun doute
pour un soldat musulman étant entré dans la carrière militaire après que les
anciens se sont tus. D'autant, ajoutes-tu, que les soldats ne sont pas
soumis à un véritable impératif d'aller combattre en afghanistan. L'armée
est dans un tel état de déréliction, à être impliquée dans des guerres qui
ne la concernent pas, que n'y vont compbattre que les soldats qui veulent
sur les terrains qu'ils choisissent, ce qui est totalement contraire à
l'impératif militaire d'obéissance a priori et de non choix des terrains de
combat, la désobéissance, abusivement qualifiée de civile, étant l'exception
à l'exécution régulière, même des ordres les moins intelligents, la
désobéissance du soldat ne se justifiant qu'en cas d'immoralité de l'ordre
donné par le commandement. On se souvient de Zola disqualifiant "le
comandement" dans "La débâcle", mais plus encore de Philippe d'Orléans,
connaissant la disgrâce sous Louis XIV avant d'être rendu régent par la mort
du roi, pour avoir bu, en belle ou amère humeur malgré et à cause de la
défaite, lors d'une des campagnes de la guerre de succession d'Espagne, "à
la santé de Con, le capitaine" (il désignait le roi) "et de con, le
commandant" (il en avait après son épouse morganatique, Madame de Maintenon,
qui n'était point vice-reine".)
Tu dénies à tout soldat d'origine musulmane d'aller combattre en
Afghanistan si ce n'est sous l'impulsion du motif mercantile . Il se peut,
mais ajoutes-y celui-ci, qui n'a rien à voir avec la situation sociale du
harki, mais relève d'un désir d'assimilation : assimilation du soldat
d'origine musulmane aux causes de la france, et désolidarisation de ce
soldat d'avec une pratique de l'islam politique, celle des talibans, qu'il
peut juger comme dépréciative de l'islam, de ton point de vue parce qu'il
n'a pas la même conscience que toi des enjeux du relèvement de la "nation
arabe" ; voire, en poussant plus loin, parce qu'il est un insensé à tes yeux
ou même en vérité ; parce qu'il développe, sans état de nécessité
financière, le complexe du harki de l'intérieur ; tout cela est possible,
comme il est possible que ce soldat hiérarchise autrement que toi ses
appartenances (d'aucuns prétendent que nous n'avons qu'une seule identité,
mais plusieurs appartenances), qu'il se veuille d'abord français et musulman
ensuite, dans une intégration de la notion de laïcité à la française, contre
la séparation des zones d'influence en islam politique, la laïcité ayant
pour équivalent la "civilité".
Tu prétends redresser ce soldat de ses errements, Mohamed Merah a voulu le
faire aussi, mais à sa manière, autrement radicale. La logique du martyre
dans laquelle il était entré et qui n'est jamais dépourvue d'un certain
héroïsme voulait peut-être aussi montrer un autre dysfonctionnement de la
"France légale" qui se gargarise du mot de "République".
3. Théoriquement, quand l'armée est attaquée , agent, s'il en est, de la
force publique, il faudrait faire intervenir les brigades antiterroristes.
Or il n'en fut rien. Quand ce ne fut, pour ainsi dire, que l'armée qui fut
atttaquée et pire, quand ce ne furent, comme au temps de nos guerres
européennes, que ceux que nous appelions jadis nos anciens supplétifs
coloniaux qui furent victimes, la réaction française fut très molle. Mais
qu'une école juive soit attaquée, et la république fut en émoi ; les
politiques se rendirent sur les lieux, toutes affaires cessantes, au risque
que ce concours de personnalités, dont il fallait assurer la sécurité, ne
gêna la progression policière de l'élucidation des meurtres en série et de
la mise hors d'état de nuire de celui qui les commettait ; le ministre de
l'intérieur en personne diligenta l'enquête ; la campagne présidentielle fut
suspendue.
On déclara "la République en danger" parce qu'on s'en était pris à une de
ses écoles. Pardon, mais on s'en était pris, pas du tout à l'école de la
république, mais à une école privée hors contrat, qui avait la particularité
d'accueillir environ deux cents élèves de confession juive, lesquels étaient
encadrés, sur le plan religieu et, qui sait, peut-être paramilitaire, par un
rabbin d'origine israélienne venu en mission à cette fin et qui fit
malheureusement partie des victimes. Le terroriste, nullement inintelligent
dans le choix de ses cibles, s'était attaqué à une de ces écoles privées qui
n'accueille qu'à titre très exceptionnel un petit musulman ou un petit
catholique, contrairement aux écoles privées catholiques, dont la plupart
ont en outre souscrit une obligation contractuelle avec l'Etat, mais qui
accueilleraient des enfants non catholiques avec ou sans cette souscription,
parce que cela fait partie, je ne dirai même plus des obligations inhérentes
à leur prosélytisme, mais de leur vision de l'homme que de faire bénéficier
deleur enseignement de qualité tous les enfants qui viennent à elles. Le
tueur d'enfants avait attaqué une école juive, dans ce pays laïque qui
accorde très parcimonieusement aux musulmans le droit d'ouvrir une école
coranique. La sidération avec laquelle on avait fait jouer le ressort de
l'indignation était allée jusqu'à faire habilement oublier que ce tueur ne
s'en était nullement pris à une "école de la république", mais avait attaqué
une école confessionnelle. Le lendemain, Nicolas sarkozy était allé prendre
à témoin des enfants : il avait rêvé, lors d'un certain dîner du CRIF, que
chaque enfant de CM2 prenne symboliquement en charge une victime de la
shoah, cette épouvantable tuerie d'enfants lui donnait l'occasion de mettre
son rêve, très traumatisant pour de jeunes consciences, à exécution.
Nicolas sarkozy était allé diriger une "minute de silence" dans une "école
de la république" pendant que le ministre de l'intérieur, depuis toulouse,
diligentait l'enquête.
Tandis que les autorités de la république s'ingéniaient à déplacer sur le
terrain républicain cet attentat commis contre une école confessionnelle
juive, les autorités religieuses se livraient à un exercice auquel elles se
croient obligées dès que la communauté juive est attaquée en france :
rédiger un communiqué d'effroi, faire part de leur indignation et de leur
désapprobation absolue et sans équivoque, de leur consternation, bref, rien
que des sentiments très humains et qui vont sans dire, qui vont de soi.
Mon ami, le Président des Amitiés Judéo-Chrétiennes de Mulhouse, Jérôme batoula, m'avait envoyé pour que je le transmette, l'un de ces communiqués
plein d'indignation vertueuse. Etant pressenti pour faire parti du comité
local de ces amitiés, étant par ailleurs excédé par le croissant de lune, je
lui adressai ces quelques mots pleins d'amertume :
"> Salut, Jérôme,
> Je ne crois pas que je pourrai faire partie du comité.
> En premier lieu parce que je ne supporte pas qu'il faille réagir à
> chaque fois qu'il se passe quelque chose, touchant la communauté juive.
> La mort d'enfants est atroce, cela est sans contredit, définitif,
> indiscutable, mais cela va de soi ! Lorsque j'étais en Israel, avec
> mon frère, à deux reprises, dans deux auberges de jeunesse différentes,
> j'ai vu
> deux groupes d'enfants, surveillés par deux rabbins, et plusieurs
> éducateurs :
> Le premier groupe d'enfants devait faire partie de l'élite d'Israël,
> parce que l'un de ceux qui les surveillaient portait en bandoulière une
> mitraillette. Le groupe s'était arrêté, comme nous, dans une auberge de
> jeuenesse, où l'on pouvait supposer que quelques
> Palestiniens, qui travaillaient, y étaient réduits à pas loin d'une
> forme d'esclavage
> Un soir, nous rencontrions un autre groupe d'enfants. Il était formé, en
> partie, de falasha, soit de Juifs Ethiopiens, mon frère s'étonnait
> justement de ne pas voir de juifs de couleur. Etant donné que l'etat
> d'Israël
> ne tenait pas tellement à ces "jeunes de banlieue", ils n'étaient pas
> gardés par des rabbins-éducateurs portant une carabine, mais juste un
> tazer.
> Je veux bien que l'on s'insurge à chaque fois qu'une école juive est
> attaquée. Mais je cesserai de m'insurger quand les écoles juives
> deviendront des "écoles de la république" et cesseront de donner des
> leçons à l'école de la république.
Car voilà : il faut avoir vécu près d'une école juive pour savoir combien
elle est loin d'une école de la république.
> Dans celle où des enfants ont été tués, il y avait un prof de religion qui
> venait d'Israël. Il y a beaucoup de juifs qui font leur service militaire
> en Israël. Il y a beaucoup d'enfants juifs élevés comme de
> petits soldats. Ca n'est pas plus scandaleux, si on le tolère, que des
> arabo-musulmans aillent se faire entraîner paramilitairement au
> Pakistan ou en avghanistan. Le premier citoyen français qui se ferait
> pincer en revenant d'un pays étranger sous les armes duquel il aurait
> servi devrait être arrêté et déchu de ses
> droits civiques ou de quelque chose dans le genre.
Que Mohamed Nerrah ait fait un acte abominable est certain ; qu'il ait
souffert avant d'agir est évident ; qu'un
> communiqué de notre association se sot imposé me paraît superflu !
> "Laisssons nos morts enterrer leurs morts !"
Comprends-moi bien, Jérôme, je ne suis pas antisémite, mais je ne soutiens
pas les juifs d'Israël dans leurs
> moindres actions politiques. Je veux rester un esprit libre, et c'est
> pourquoi je préfère ne pas faire partie du comité. Th. en a eu
> l'idée, ce n'est pas ma place ! D'ailleurs, je n'ai jamais adhéré à aucun
> parti. J'adhérerai au parti que je réformerai.
> en te disant à bientôt ainsi qu'à vous tous,
Julien"
Mon ami Jérôme, lui-même un protestant évangélique non pentecôtiste
d'origine africaine, m'adressa dans sa réponse ces quelques mots qui m'ont
fait chaud au coeur :
"Je tiens à te remercier pour ton mail et ce qu'il contient. Ta liberté
d'esprit est ton plus grand trésor."
Avouez, ça me change un peu des perfidies dont je suis régulièrement victime
de la part du croissant de lune, même si son effort de mise en perspective
d'hier soir contribue à les racheter.
Oui, pour moi, il ne faut pas tomber dans le piège de choisir une communauté
contre l'autre. Il faut traiter avec la même sévérité celui qui va combattre
dans les rangs de tsahl et celui qui va s'entraîner dans un commando
paramilitaire au Pakistan ou dans la zone tribale. Puisqu'il a choisi de se
mettre au service d'une puissance étrangère, il ne faut pas que, comme
Arnaud clarsfeld, il puisse occuper des postes de responsabilité quasi
régaliens, qui peuvent le hisser jusqu'à fixer quels peuvent être les
critères de l'immigration en france. Il ne faut pas tolérer que les enfants
juifs soient massacrés, mais pas davantage élevés en france comme de petits
soldats ; mais il faut encore moins tolérer, comme ça se voit presque chaque
semaine à Paris, que des organisations communautaires juives organisent des
meatings à la gloire des soldats israéliens, où certains de leurs militaires
hauts gradés acompagnent des jeunes recrues faisant leur service militaire
(ce qu'ils font pour trois ans à compter de l'âge de seize ans et demie),
ces réunions recevant régulièrement la visite de personnalités politiques
françaises invitées. Il faut traiter les citoyens à égalité sociale et
confessionnelle. C'est le moins que nous puissions faire, sauf à sécréter
des Mohamed Merah. Il ne faut pas céder aux sirènes de la désunion
nationale. Mais le compagnonage avec les migrants ne saurait aller jusqu'à
faire de nous un vivier de conversions à l'islam. Du moins le français de
base n'a-t-il aucune raison d'appeler de ses voeux des conversions massives,
qui le désidentifient de sa matriceoriginelle et ne feraient que contribuer
à le déréaliser.
Procédures torrentielles
(En guise de compte rendu de la quatorizième charade, première partie)
Du croissant de lune:
Quelle étrange chose, que c'est singulier! Julien le Torrentiel, me presse
de tant de questions, dont la moindre des réponses, prendrait un temps
considérable. Et il insiste, l'entêté, et il insiste! N'importe qui
trouverais la démarche déplacée, la conversation peu plaisante, mais le
Torrentiel, rien ne l'arrête. Faut-il encore avoir les réponses qu'il
attend, satisfaisantes, convaincantes, l'ignorance m'arrête ici et là.
A-t-on jamais vu pareille chose, est-ce que ça a le sens commun? Après les
évènements de Toulouse et d'autres précédents, le Torrentiel s'imagine que
je disposerais, moi, de lumières particulières sur ces faits. Il se trouve
que je n'en ai pas, ou peu, des interprétations qui n'engagent que moi, dont
je ne garantis pas la pertinence complète. J'y reviendrai, mais d'abord, que
je pose quelques constatations. Il se produit des faits à Toulouse, puis,
comme si ça allait de soi, le Torrentiel me cite à comparaître, ici, comme
au tribunal! Alors, il y a que nous ne sommes pas au tribunal, nous ne
sommes pas devant un juge tiers, désintéressé et irrésistible, selon une
définition juridique, récemment découverte dans un bouquin de spécialiste.
Mettons que le Torrentiel veuille m'entendre, moi, il prendrait la place du
juge. Or, il n'est pas tiers, puisqu'il est l'une des parties, il
incarnerait la France, ou quelque chose comme ça. Il est à peu près,
l'unique assistant, et puis, est-il probable qu'il tranche équittablement?
En supposant qu'il le fasse, et si ce qu'il incarne se trouve condamné, la
sentence ne sera pas exécutée, il n'est donc pas un juge irrésistible. On le
voit mal mettre les menottes aux mains de la France, pas vrai? Et si c'est
moi qu'on condamne, alors, je crains les verges du Torrentiel. Mais,
supposons qu'un jour on vienne m'apréhender, carément, moi, avec des vraies
menottes, pour une raison quelconque, pour n'avoir pas eu le trait de penser
et dire ce qui est convenable, au moment où c'est convenable, qui donc, ici,
me prêterait attention et assistance, voyons?
Les évènements de Toulouse, et d'autres lieux, ne sont pas encore clos.
L'évènement se continue, commentaires divers, traitement médiatique, ... Ce
qui compte pour moi, ce sont d'abord les effets prévisibles des évènements.
D'abord, j'ai pensé, que les effets, en période électorale, seraient une
sorte de réplique de la situation post-11 septembre 2001, dont bénéficierait
le mouvement Sioniste et tout ce qui relève du point de vue Occidentaliste.
Voilà ce que j'ai cru au tout début. Puis, en revenant à moi, je me suis
fait la réflexion suivante, que l'histoire ne se
répète pas toujours. Il arrive parfois, que le second évènement qu'on
imagine semblable au premier, n'en est rien qu'une ombre, une caricature.
Cette caricature,
n'est pas le reflet des conséquences du premier évènement, elle est une
copie impuissante, ou bien, les effets sont l'inverse, plus ou moins, des
premiers effets. On s'interroge sur un éventuel virage de l'opinion vers une
plus grande centralité de la problématique sécuritaire, je le crois à peine,
et encore, provisoirement. On s'inquiète d'une éventuelle remontée de ce
qu'on nomme "Islamophobie", je ne sais pourquoi, ma connaissance de la
France et du coeur de la France, me porte à n'en rien croire. Je vais encore
plus loin, ma connaissance vivante de la France me porte à croire à la
poursuite des changements profonds, déjà en cours, du public Français,
envers la politique extérieure et la participation
à toutes ces guerres injustes. Oui, le public Français, commence à
considérer l'importance de ne pas fracturer le corps social, commence à
saisir, qu'il ne faut pas traiter avec tant d'insouciance et de légèreté
offensante, les intérêts des diverses composante du corps social et
national, comme il s'est vu, récemment, avec ces polémiques insultantes,
autour de la viande hallal. On avait pris l'habitude, de considérer que les
intérêts et l'ego des autres étaient négligeables, je crois percevoir que le
Français sera moins négligeant à l'avenir, plus concrètement soucieux, de
n'offenser personne. Il s'est produit un phénomène de taille, le
métissage est aujourd'hui partout présent, la France en serait championne en
Europe, voire en Occident, savoir. Un nouveau peuple est en train de naître,
ou plus exactement, le peuple se transforme sans arrêt, donc, la nation se
transforme et change de perspectives. Il s'en suit que les états d'âme du
migrant, commencent à compter, du moment qu'il est éventuellement, un
gendre, une bru, une pièce rapportée, ou un ami et voisin. Le Français
autochtone de souche, n'est plus aussi indifférent, envers cette pièce
rapportée, ce migrant qui est rentré dans sa maison, sa famille. Il veut la
paix dans la maison, il ne veut pas les ruptures déchirantes. Quoi qu'on
pense de l'acteur de Toulouse, tout le monde s'accorde sur ce que cet homme
dut probablement souffrir. Eh bien, on aimera mieux à l'avenir, qu'il soufre
moins. Traduction électorale, je ne mettrais pas ma main au feu, que la
présidente du Front, si prompte à exploiter l'évènement, en tirera autant
qu'elle croit, en avantage. Concernant les autres candidats, l'évènement est
ou sans effet particulier, ou aura des effets paradoxaux de légère
gauchisation du public électoral. Chers amis, j'écrivais ça, le vendredi
dernier, 23 mars, sans connaître les premières tendances sondagiaires,
depuis les évènements. Mon pronostic se trouve corroboré, le Front de
gauche, devance
toujours l'autre Front, aucune modification de la tendance impulsée depuis
le début de la semaine. La Marine eut beau manger de la viande avariée, ça
ne
marche pas.
Alors, vous vous demandez, comment j'ose m'aventurer à de pareilles augures.
Le Torrentiel sait, d'une part, ma connaissance vivante du monde, que
j'analyse à travers tous les pores de ma peau. Il connaît aussi le pouvoir
de ce que je nomme "la parole efficace". Oui, c'est comme ça, lorsque
j'énonce une conjecture, serait-elle d'une faible probabilité, sa chance
d'advenir augmente, du seul fait que je l'énonce. Allons plus loin. Ces
évènements auront-ils le moindre impacte sur les unions métissés, les mises
en couples dits mixtes? Nullement. Auront-ils un effet ralentisseur sur le
phénomène des convertions? pas davantage. Il me semble bien, que le public
des Français autochtones, va évoluer encore plus vite que prévu, mais dans
une évolution déjà en cours, bien que trop lente, dans le sens de
s'interroger sur les guerres et les lois injustes. Est-ce que donc, par
conséquent, l'acteur de Toulouse a gagné? Indirectement, oui, puisque, me
semble-t-il, il se trompait, sur la réalité de ce public et ce que pense ce
public. Indirectement, puisque ses intentions nous sont mal connues, il ne
semble pas qu'il ait pu envisagé tout ce que je viens de dire, sauf erreur
de conjecture. Il devait croire que le public lui était adverse et hostile,
il n'était pas ainsi, évoluait vers lui, mais trop de lenteur et
d'insouciance dissimulait cette évolution. J'augure, sans certitude, que le
gars de Toulouse, tenait par ailleurs, plus au combat qu'au succès,
n'envisageait pas les lendemains de ses actions. En ce sens, il ne peut ni
gagner ni perdre, ou bien, il a gagné son combat final, qui l'aura le plus
accompli. Si on en croit les médias, il aurait confié, dans ses
interminables échanges, qu'il voulait mettre la France à genoux, ce qui est
à peu près insensé. Il aura accéléré, les
changements déjà en cours, dans le public, lequel public, hélas, n'a
peut-être pas la force de plier et mettre à genoux, une élite arrogante,
devant laquelle, il se trouve lui-même, acanonceau. Ces changements du
public, auront-ils un impacte réel, en politique étrangère?
Comment savoir, puisque ces choses, semblent , échapper depuis longtemps, à
son contrôle. L'impéricie des élites, est telle, qu'on peut bien
s'interroger, sur l'éventualité de dérives oligarchiques, au moins
partielles, comme s'en inquiète Emanuel Todd. Il y faudrait un mouvement
très général et résolu, non pas uniquement, des circonstances électorales.
Le président
du Front de gauche a beau répéter vouloir prendre la Bastille, il n'a pour
l'instant conduit qu'une sorte de kermesse, et non pas une révolution. Ce
serait même préoccupant, parce que, fais excuses, Torrentiel, on a
l'impression qu'une partie importante du corps social, est en pleine
déréalisation! Sois on fait la révolution en payant son prix, soit on ne la
fait pas, mais elle ne sort pas toute gagnée, des urnes électorales.
Révolution délibérée ou non, il semble tout de même que le peuple va
exister, qu'il va se remettre à communiquer, si on pense aux millions de
porte-à-porte, que les formations de gauche promettent d'opérer. Pas
certain, que l'abstention sera si forte qu'on voulait bien le dire, la base
participante pourrait s'élargir, un peuple se remet à exister. Il faut, en
effet, que la France travaille cette question de révolution, de
transformation radicale, si elle veut retrouver la souveraineté qui fut
perdue, au profit d'élites abusives. Avant ça, il faudrait repenser la
problématique de la liberté, puisqu'en France, ce mot est plus rarement
employé qu'on ne croit, on lui préfère les libertés, au pluriel, donc,
indivuelles. Bien souvent, on parle plutôt des droits, qui sont pluriels
aussi, et sous-entendu, les droits de l'individu, non pas le droit
collectif. On affecte de croire, pour ne prendre que cet exemple, on affecte
de croire dans les commentaires sur les évènements Arabes, que l'enjeu,
n'est que la conquête de libertés et de droits individuels, la souveraineté
collective des peuples, ayant en somme peu d'importance, à entendre les
commentateurs, les prétendus faiseurs d'opinion. C'est bien entendu, une
imposture, un sophisme lamentable! En gros, allez, je vais prononcer
une parole déplaisante, en gros, la France est, ou plutôt se croit être, ou
se vit,
que ce soit vrai ou faux, comme une démocratie socio-bourgeoise. Tout le
monde, est sensé être de la classe moyenne, non? Eh bien, j'apréhende qu'il
y ait bientôt, des jours, où il va falloir se penser autrement que
moyen!
Tu me questionnes, Torrentiel, sur les situations Afghanes, notamment, sur
la culture de l'opium. Oui, affirmatif, l'ancienne gouvernance dite
Talibane, a
réussi à faire disparaître cette production, il en fut attesté dans les
médias du monde, de façon récurrente, il est attesté que ces cultures ont
repris après l'invasion. Ce n'est pas juste ça, mais il y a aussi, la
manière, très singulière, la façon dont ça s'est produit. Quand on sait tout
ce qui sefait, en Amérique Latine, en termes de répression, sans beaucoup de
succcès, que l'arme aérienne, elle-même, les radars, s'avèrent impuissants,
on m'accordera que cette ancienne gouvernance Afghane, n'en avait pas les
moyens, s'il eut fallu opérer par déploiement militaro-policier. Curieuse
chose, à peine croyable, la simple parole a suffi! Si tu cherches des
exemples semblables, dans l'univers de culture Chrétienne, ce sera en vain,
Torrentiel, j'en ai bien peur! Est-ce que ça ne relève pas du merveilleux?
Ceci me
permet, en effet, de démontrer que cette gouvernance dut être populaire, et
non pas tyrannique comme on le suggère par propagande mensongère, puisqu'en
ce cas, comment expliquer cette étrange réussite? Ton pape, qui visite le
Mexique, aujourd'hui même, a beau prêcher contre les maffias de la drogue,
qui font chaque année des milliers d'assassinats, j'ai hélas l'impression,
que sa parole est de peu de poids. On l'écoute distraitement, selon
l'expression des Huguenots qu'on forçait à entendre la messe, "une oreille
aux champs, l'autre à la ville". En gros, le vécu religieux Chrétien, est
chose grattuite, il n'en coûte pas cher, un peu de chant et musique, très
agréable au fond. C'est quoi, cette religion qui permet tout et ne défend
rien? Bon, serais-je cruel? Non, je t'accablerai plus, une autre fois.
Tout ça prend un temps considérable, engloutirait tous mes loisirs. Alors tu
me demandes des explications sur ce que j'apelle l'Islamisme politique. Je
n'ai pas une définition positive, je sais dire ce que ça n'est pas. Du
reste, ça recouvre un champ si vaste, qu'on ne peut pas l'exposer si vite.
Droite, gauche, comment savoir? Une fois, un journaliste Français,
questionnait avec insistance le sheik Rached Ghanouchi, sur le point de
savoir, si le parti En-Nahda, "Renaissance Islamique", peut s'apparenter aux
formations Chrétiennes-démocrates. Il cherchait de la ressemblance, de
l'équivalence, il en fut pour ses frais. Une réponse accomodante et
aproximative est tentante dans ces cas, mais le sheik n'aime pas les
aproximations, les inexactitudes. Il répondit en substance, sans vraiment
répondre, que les mouvements Chrétiens-démocrate, sont pertinents dans leur
contexte. J'entendis un jour, que l'Islamisme serait du Mahoïsme avec du
sens, en plus, pourquoi pas, j'aime le sens. Moi-même, je fais parfois, la
ressemblance entre la Tunisie actuelle, et ce que pouvait être la France de
la Libération, avec le même esprit pionnier, la même énergie
reconstructrice, vouloir se remettre debout! Des comparaisons plus ou moins
pertinentes, on ne peut pas faire plus, en toute rigueur intellectuelle.
Maintenant, Torrentiel, si tu veux me poser des questions plus précises,
dans les limites de mes loisirs et connaissances, je tâcherai de te
satisfaire. Mais, diable, que ce ne soit pas dans le contexte de cette
affaire, puisque là, sans t'en rendre compte, tu fais mauvais goût! Je n'en
ai pas agi ainsi, après l'affaire Norvégienne de l'été dernier, fais
excuses. Tu as beau dire, que je suis pas sur la scélette, mais voyons, il
suffit de te citer toi-même. Tu as écrit ceci,
Sur ce, la parole est à "la défense" et autre part tu écris que l'Islam
politique me met sur la scélette, pourquoi est-ce ainsi dans ton esprit?
Voilà une question que je te retourne. La démarche n'a rien d'amical, elle
dut t'être inspirée sans réflexion suffisante, dans la foulée des
évènements, je suppose. Si je le souffre et te répond, c'est en raison du
fait que véritablement, en privé, tu m'as fait, parfois, des concessions, ou
ce qui semblait telles. En fait de concessions, nous serons quittes, à peu
près, il me semble. Ce coup-ci, j'ai fait presque tout ce que tu voulais,
non? Ainsi, je ne suis pas inexhorable, mais gare à n'en pas abuser.
Les évènements eux-mêmes, nous ne pouvons pas en dire grand-chose. La
singularité du gars est très grande, celle de la famille, aussi. Après, il y
a cet aspect mécanique, cette résolution plutôt froide, qui aux débuts,
faisait penser à un néo-nazi, un activiste Européen. Si on en croit les
médias, l'école fut une improvisation, par suite d'un rendez-vous manqué.
Or, dans l'école elle-même, l'acteur s'est comporté apparemment, sans que ce
changement de programme et de cible, des enfants, n'altère son applomb. Il y
a l'incident de l'appartement, l'état de siège, le combat final, et cette
habileté aux armes, la précision implacable du tir, au point d'atteindre des
policiers revêtus de tenues pare-balle, et les blesser à travers les
jointures des tenues. Cet homme devait être doué d'une réelle endurance
physique, disposant de quelques moyens financiers, étant bien entraîné au
tir de précision. Qu'y a-t-il d'autre à dire? Les médias nous aprendrons ou
pas, la suite des choses. L'évènement est d'importance, oui, mais pas telle
qu'on l'a fait. On a la désagréable impression, qu'il en fût allé autrement,
sans l'incident de l'école, ou bien encore, s'il se fût agi d'une autre
école, publique, par exemple. Je n'ai pas aimé entendre qualifié Toulouse de
"ville sinistrée", à croire qu'un céisme y était survenu. Que de superlatifs!
On aurait fini par entendre parler de ville martyre, pourquoi pas, comme
Homs, en Syrie! L'école fut, croit-on, une improvisation inattendue, son
projet apparemment unique, semble avoir été, de punir des militaires de
couleur, qui ont fait l'Afghanistan. Si on se pose la question, pour quelle
raison ne s'en prenait-il qu'à ceux-là, je crois pouvoir répondre. C'est que
les missions en Afghanistan, on peut admettre, à la grande rigueur, en
poussant loin la tolérance, qu'un Français autochtone de souche, puisse
encore se la raconter sur la légitimité de ces opérations. Un gars de
couleur, ne peut absolument pas se la faire comme ça, impossible! A la
rigueur, un Européen, peut croire à cette propagande, on suppose, pas un
beur. Il y a l'hypothèse d'une différence de motivations entre ces deux cas,
il me semble, l'Européen étant en quelque sorte plus aisément excusable.
Puis, il faut bien ajouter autre chose, les opérations dites extérieures ne
sont pas imposées mais proposées, associées à des avantages considérables. A
la base, le militaire jouit déjà, d'un statut et d'un salaire apréciable,
une prime substantielle lui est servie, s'il opte pour ce choix, qui ne lui
est pas imposé. Je le sais avec certitude, ayant soigné des militaires qui
n'en voulaient pas, ce qui veut dire, qu'on peut refuser sans dommage pour
la carrière. Donc, en gros, selon moi, et sauf erreur, nous sommes en
présence de gens, qui en gros, pensent que c'est mal d'aller en Afghanistan,
et qui ont le choix de ne pas s'y rendre, mais qui y vont quand-même. En
revanche, un Français de souche Européenne, pense peut-être que ce n'est pas
si mal que ça, à la rigueur, il a moins d'état d'âme, croit-on, s'il accepte
semblable mission. La comparaison avec les harkis d'Algérie ne tient pas,
ceux-ci étaient réellement pauvres, ce qui n'est pas le cas, je le répète,
des militaires de carrière d'aujourd'hui! Qu'on n'allègue pas, qu'un
quelconque sentiment de patriotisme se mêle à ces initiatives, je ne connais
personne dans mon entourage, qui dirait que la participation Française en
Afghanistan, relève de la guerre juste, on dit même qu'elle ne sert pas la
France mais d'autres intérêts, qu'elle manifeste une souveraineté
insuffisante. En connais-tu, Torrentiel, qui s'expriment autrement,
là-dessus? j'en serais surpris. L'amour de la France, dans ce cas d'espèce,
consisterait à dire la vérité, que la France fait du mal et commet
l'injustice en Afghanistan. Il y a deux sortes d'ennemis. Le premier est
celui qui te combats, savoir s'il a raison de le faire. Le second, c'est le
perfide, qui ne veut pas t'éviter de faire le mal. Parfois, l'ami, est celui
qui te contrarie, t'empêche de nuire. Entends à ce propos, une anecdote
illustrative. L'envoyé de Dieu, salut et bénédictions, dit un jour, à ce
qu'on rapporte,
"Que le croyant vienne en aide au croyant, qu'il soit l'offenseur ou
l'offensé". Ceux qui étaient près de lui, se récrièrent en substance, dans
ces termes,
"Envoyé de Dieu, qu'on vienne en aide au croyant offensé, nous comprenons
bien, mais quand il est l'offenseur"? A cela, le prophète répondit en
substance,
"S'il est l'offenseur, qu'on l'éclaire et qu'on le sauve de l'erreur."
Agissant ainsi, je ne veux pas que le mal de la France, Torrentiel. En
effet, ce sera un comble, qu'il ait fallu un drame, au lieu de m'écouter moi
et tant d'autres! En partie, cette auto-magnification, de se croire
libérateur et bienfaiteur des peuples, dispensateur de démocratie et j'en
passe, se raconter des chose pareilles, voilà ce qui
contribuait à rendre certains plus sourds qu'il ne faut. Que désormais, on
soit attentif à la parole de ceux qui ne vont pas dans le bon sens du poil,
ceux qui disent à la France, qu'elle ait à s'observer dans un miroir
véritable, qui dit la vérité, comme celui qu'a brisé la méchante reine, dans
le conte de Blanche-Neige. Je suis le miroir véritable, celui qui dira si la
France est ou non, libératrice des peuples. Ne me brisez pas, écoutez-moi!
Or, voilà que je dis à la France qu'elle n'est pas libératrice des peuples,
mais qu'elle en a la vocation. Qu'elle exerce sa vocation, authentiquement
et véritablement, qu'elle soit exactement ce qu'elle dit être, ce qu'elle
rêve d'être, et ainsi, elle sera la plus belle, sans contestation!
Alors, la question qui tue, que penses-tu de ça, est-ce que tu condamnes? La
justice des hommes, si l'acteur fût pris vivant, eût procédé et condamné,
savoir ce qu'il en serait exactement, la justice divine n'est pas de mon
ressort. Le Torrentiel peut témoigner, qu'envers le Norvégien, je me
conduisis pareillement, je n'ai même pas voulu croire, à une prétendue
affection psychiâtrique de circonstance, qui arrange trop tout le monde. Sur
celui de Norvège, je n'ai dit que peu de choses, aucune condamnation
pontifiante, ni pleurs de Margot. Celui de Toulouse, je ne le traiterai pas
plus mal. Torrentiel, je ne connais pas ce gars, mais je m'interdis de le
dire, ne voulant pas ressembler à votre premier évêque de Rome, celui qui a
dit, "Qui est cet homme? je ne le connais pas". ou encore, "c'est de
l'histoire ancienne"... Tu croyais quoi?
C'en est fini de ces tirades, pour l'instant. le Torrentiel est absent, nous
verrons à son retour. Des questions, mais pas de tribunal, pardon! Je ne
répondrai que si je veux, pas question d'y consacrer tout mon petit loisir.
Je pardonne au Torrentiel, cette fois, d'autres fois, il m'a pardonné. Je
suis fourbu de cette longue lettre, drôle d'exercice, fatiguant!
J'ai attendu à ce lundi soir, pour vérifier, que le contenu prédictif de ma
lettre ne se démentait pas. Je ne change pas d'avis, les exploitations et
récupérations du Front, passe encore, mais que de maladresses, de la part du
Président candidat et ses proches! Maladresses, non pas, mais choix délibéré
dans ces tentatives de dissocier et diviser le peuple, au moment même, ou
celui-ci, semble vouloir s'unir et dire "nous"! Oui, c'est de ça qu'il
s'agit, une lutte entre les forces dissociantes et ceux qui veulent se lier,
s'associer, dire "nous". Dans ce contexte, l'Arabo-Musulman, peut-il hésiter
entre ces deux tendances? Il se doit au grand peuple de France quand
celui-ci veut revivre. Maintenant, je peux mettre le point final, me
diras-tu Torrentiel, selon les formules de Platon, si j'ai parlé comme il
faut?
Croissant de lune.
Du croissant de lune:
Quelle étrange chose, que c'est singulier! Julien le Torrentiel, me presse
de tant de questions, dont la moindre des réponses, prendrait un temps
considérable. Et il insiste, l'entêté, et il insiste! N'importe qui
trouverais la démarche déplacée, la conversation peu plaisante, mais le
Torrentiel, rien ne l'arrête. Faut-il encore avoir les réponses qu'il
attend, satisfaisantes, convaincantes, l'ignorance m'arrête ici et là.
A-t-on jamais vu pareille chose, est-ce que ça a le sens commun? Après les
évènements de Toulouse et d'autres précédents, le Torrentiel s'imagine que
je disposerais, moi, de lumières particulières sur ces faits. Il se trouve
que je n'en ai pas, ou peu, des interprétations qui n'engagent que moi, dont
je ne garantis pas la pertinence complète. J'y reviendrai, mais d'abord, que
je pose quelques constatations. Il se produit des faits à Toulouse, puis,
comme si ça allait de soi, le Torrentiel me cite à comparaître, ici, comme
au tribunal! Alors, il y a que nous ne sommes pas au tribunal, nous ne
sommes pas devant un juge tiers, désintéressé et irrésistible, selon une
définition juridique, récemment découverte dans un bouquin de spécialiste.
Mettons que le Torrentiel veuille m'entendre, moi, il prendrait la place du
juge. Or, il n'est pas tiers, puisqu'il est l'une des parties, il
incarnerait la France, ou quelque chose comme ça. Il est à peu près,
l'unique assistant, et puis, est-il probable qu'il tranche équittablement?
En supposant qu'il le fasse, et si ce qu'il incarne se trouve condamné, la
sentence ne sera pas exécutée, il n'est donc pas un juge irrésistible. On le
voit mal mettre les menottes aux mains de la France, pas vrai? Et si c'est
moi qu'on condamne, alors, je crains les verges du Torrentiel. Mais,
supposons qu'un jour on vienne m'apréhender, carément, moi, avec des vraies
menottes, pour une raison quelconque, pour n'avoir pas eu le trait de penser
et dire ce qui est convenable, au moment où c'est convenable, qui donc, ici,
me prêterait attention et assistance, voyons?
Les évènements de Toulouse, et d'autres lieux, ne sont pas encore clos.
L'évènement se continue, commentaires divers, traitement médiatique, ... Ce
qui compte pour moi, ce sont d'abord les effets prévisibles des évènements.
D'abord, j'ai pensé, que les effets, en période électorale, seraient une
sorte de réplique de la situation post-11 septembre 2001, dont bénéficierait
le mouvement Sioniste et tout ce qui relève du point de vue Occidentaliste.
Voilà ce que j'ai cru au tout début. Puis, en revenant à moi, je me suis
fait la réflexion suivante, que l'histoire ne se
répète pas toujours. Il arrive parfois, que le second évènement qu'on
imagine semblable au premier, n'en est rien qu'une ombre, une caricature.
Cette caricature,
n'est pas le reflet des conséquences du premier évènement, elle est une
copie impuissante, ou bien, les effets sont l'inverse, plus ou moins, des
premiers effets. On s'interroge sur un éventuel virage de l'opinion vers une
plus grande centralité de la problématique sécuritaire, je le crois à peine,
et encore, provisoirement. On s'inquiète d'une éventuelle remontée de ce
qu'on nomme "Islamophobie", je ne sais pourquoi, ma connaissance de la
France et du coeur de la France, me porte à n'en rien croire. Je vais encore
plus loin, ma connaissance vivante de la France me porte à croire à la
poursuite des changements profonds, déjà en cours, du public Français,
envers la politique extérieure et la participation
à toutes ces guerres injustes. Oui, le public Français, commence à
considérer l'importance de ne pas fracturer le corps social, commence à
saisir, qu'il ne faut pas traiter avec tant d'insouciance et de légèreté
offensante, les intérêts des diverses composante du corps social et
national, comme il s'est vu, récemment, avec ces polémiques insultantes,
autour de la viande hallal. On avait pris l'habitude, de considérer que les
intérêts et l'ego des autres étaient négligeables, je crois percevoir que le
Français sera moins négligeant à l'avenir, plus concrètement soucieux, de
n'offenser personne. Il s'est produit un phénomène de taille, le
métissage est aujourd'hui partout présent, la France en serait championne en
Europe, voire en Occident, savoir. Un nouveau peuple est en train de naître,
ou plus exactement, le peuple se transforme sans arrêt, donc, la nation se
transforme et change de perspectives. Il s'en suit que les états d'âme du
migrant, commencent à compter, du moment qu'il est éventuellement, un
gendre, une bru, une pièce rapportée, ou un ami et voisin. Le Français
autochtone de souche, n'est plus aussi indifférent, envers cette pièce
rapportée, ce migrant qui est rentré dans sa maison, sa famille. Il veut la
paix dans la maison, il ne veut pas les ruptures déchirantes. Quoi qu'on
pense de l'acteur de Toulouse, tout le monde s'accorde sur ce que cet homme
dut probablement souffrir. Eh bien, on aimera mieux à l'avenir, qu'il soufre
moins. Traduction électorale, je ne mettrais pas ma main au feu, que la
présidente du Front, si prompte à exploiter l'évènement, en tirera autant
qu'elle croit, en avantage. Concernant les autres candidats, l'évènement est
ou sans effet particulier, ou aura des effets paradoxaux de légère
gauchisation du public électoral. Chers amis, j'écrivais ça, le vendredi
dernier, 23 mars, sans connaître les premières tendances sondagiaires,
depuis les évènements. Mon pronostic se trouve corroboré, le Front de
gauche, devance
toujours l'autre Front, aucune modification de la tendance impulsée depuis
le début de la semaine. La Marine eut beau manger de la viande avariée, ça
ne
marche pas.
Alors, vous vous demandez, comment j'ose m'aventurer à de pareilles augures.
Le Torrentiel sait, d'une part, ma connaissance vivante du monde, que
j'analyse à travers tous les pores de ma peau. Il connaît aussi le pouvoir
de ce que je nomme "la parole efficace". Oui, c'est comme ça, lorsque
j'énonce une conjecture, serait-elle d'une faible probabilité, sa chance
d'advenir augmente, du seul fait que je l'énonce. Allons plus loin. Ces
évènements auront-ils le moindre impacte sur les unions métissés, les mises
en couples dits mixtes? Nullement. Auront-ils un effet ralentisseur sur le
phénomène des convertions? pas davantage. Il me semble bien, que le public
des Français autochtones, va évoluer encore plus vite que prévu, mais dans
une évolution déjà en cours, bien que trop lente, dans le sens de
s'interroger sur les guerres et les lois injustes. Est-ce que donc, par
conséquent, l'acteur de Toulouse a gagné? Indirectement, oui, puisque, me
semble-t-il, il se trompait, sur la réalité de ce public et ce que pense ce
public. Indirectement, puisque ses intentions nous sont mal connues, il ne
semble pas qu'il ait pu envisagé tout ce que je viens de dire, sauf erreur
de conjecture. Il devait croire que le public lui était adverse et hostile,
il n'était pas ainsi, évoluait vers lui, mais trop de lenteur et
d'insouciance dissimulait cette évolution. J'augure, sans certitude, que le
gars de Toulouse, tenait par ailleurs, plus au combat qu'au succès,
n'envisageait pas les lendemains de ses actions. En ce sens, il ne peut ni
gagner ni perdre, ou bien, il a gagné son combat final, qui l'aura le plus
accompli. Si on en croit les médias, il aurait confié, dans ses
interminables échanges, qu'il voulait mettre la France à genoux, ce qui est
à peu près insensé. Il aura accéléré, les
changements déjà en cours, dans le public, lequel public, hélas, n'a
peut-être pas la force de plier et mettre à genoux, une élite arrogante,
devant laquelle, il se trouve lui-même, acanonceau. Ces changements du
public, auront-ils un impacte réel, en politique étrangère?
Comment savoir, puisque ces choses, semblent , échapper depuis longtemps, à
son contrôle. L'impéricie des élites, est telle, qu'on peut bien
s'interroger, sur l'éventualité de dérives oligarchiques, au moins
partielles, comme s'en inquiète Emanuel Todd. Il y faudrait un mouvement
très général et résolu, non pas uniquement, des circonstances électorales.
Le président
du Front de gauche a beau répéter vouloir prendre la Bastille, il n'a pour
l'instant conduit qu'une sorte de kermesse, et non pas une révolution. Ce
serait même préoccupant, parce que, fais excuses, Torrentiel, on a
l'impression qu'une partie importante du corps social, est en pleine
déréalisation! Sois on fait la révolution en payant son prix, soit on ne la
fait pas, mais elle ne sort pas toute gagnée, des urnes électorales.
Révolution délibérée ou non, il semble tout de même que le peuple va
exister, qu'il va se remettre à communiquer, si on pense aux millions de
porte-à-porte, que les formations de gauche promettent d'opérer. Pas
certain, que l'abstention sera si forte qu'on voulait bien le dire, la base
participante pourrait s'élargir, un peuple se remet à exister. Il faut, en
effet, que la France travaille cette question de révolution, de
transformation radicale, si elle veut retrouver la souveraineté qui fut
perdue, au profit d'élites abusives. Avant ça, il faudrait repenser la
problématique de la liberté, puisqu'en France, ce mot est plus rarement
employé qu'on ne croit, on lui préfère les libertés, au pluriel, donc,
indivuelles. Bien souvent, on parle plutôt des droits, qui sont pluriels
aussi, et sous-entendu, les droits de l'individu, non pas le droit
collectif. On affecte de croire, pour ne prendre que cet exemple, on affecte
de croire dans les commentaires sur les évènements Arabes, que l'enjeu,
n'est que la conquête de libertés et de droits individuels, la souveraineté
collective des peuples, ayant en somme peu d'importance, à entendre les
commentateurs, les prétendus faiseurs d'opinion. C'est bien entendu, une
imposture, un sophisme lamentable! En gros, allez, je vais prononcer
une parole déplaisante, en gros, la France est, ou plutôt se croit être, ou
se vit,
que ce soit vrai ou faux, comme une démocratie socio-bourgeoise. Tout le
monde, est sensé être de la classe moyenne, non? Eh bien, j'apréhende qu'il
y ait bientôt, des jours, où il va falloir se penser autrement que
moyen!
Tu me questionnes, Torrentiel, sur les situations Afghanes, notamment, sur
la culture de l'opium. Oui, affirmatif, l'ancienne gouvernance dite
Talibane, a
réussi à faire disparaître cette production, il en fut attesté dans les
médias du monde, de façon récurrente, il est attesté que ces cultures ont
repris après l'invasion. Ce n'est pas juste ça, mais il y a aussi, la
manière, très singulière, la façon dont ça s'est produit. Quand on sait tout
ce qui sefait, en Amérique Latine, en termes de répression, sans beaucoup de
succcès, que l'arme aérienne, elle-même, les radars, s'avèrent impuissants,
on m'accordera que cette ancienne gouvernance Afghane, n'en avait pas les
moyens, s'il eut fallu opérer par déploiement militaro-policier. Curieuse
chose, à peine croyable, la simple parole a suffi! Si tu cherches des
exemples semblables, dans l'univers de culture Chrétienne, ce sera en vain,
Torrentiel, j'en ai bien peur! Est-ce que ça ne relève pas du merveilleux?
Ceci me
permet, en effet, de démontrer que cette gouvernance dut être populaire, et
non pas tyrannique comme on le suggère par propagande mensongère, puisqu'en
ce cas, comment expliquer cette étrange réussite? Ton pape, qui visite le
Mexique, aujourd'hui même, a beau prêcher contre les maffias de la drogue,
qui font chaque année des milliers d'assassinats, j'ai hélas l'impression,
que sa parole est de peu de poids. On l'écoute distraitement, selon
l'expression des Huguenots qu'on forçait à entendre la messe, "une oreille
aux champs, l'autre à la ville". En gros, le vécu religieux Chrétien, est
chose grattuite, il n'en coûte pas cher, un peu de chant et musique, très
agréable au fond. C'est quoi, cette religion qui permet tout et ne défend
rien? Bon, serais-je cruel? Non, je t'accablerai plus, une autre fois.
Tout ça prend un temps considérable, engloutirait tous mes loisirs. Alors tu
me demandes des explications sur ce que j'apelle l'Islamisme politique. Je
n'ai pas une définition positive, je sais dire ce que ça n'est pas. Du
reste, ça recouvre un champ si vaste, qu'on ne peut pas l'exposer si vite.
Droite, gauche, comment savoir? Une fois, un journaliste Français,
questionnait avec insistance le sheik Rached Ghanouchi, sur le point de
savoir, si le parti En-Nahda, "Renaissance Islamique", peut s'apparenter aux
formations Chrétiennes-démocrates. Il cherchait de la ressemblance, de
l'équivalence, il en fut pour ses frais. Une réponse accomodante et
aproximative est tentante dans ces cas, mais le sheik n'aime pas les
aproximations, les inexactitudes. Il répondit en substance, sans vraiment
répondre, que les mouvements Chrétiens-démocrate, sont pertinents dans leur
contexte. J'entendis un jour, que l'Islamisme serait du Mahoïsme avec du
sens, en plus, pourquoi pas, j'aime le sens. Moi-même, je fais parfois, la
ressemblance entre la Tunisie actuelle, et ce que pouvait être la France de
la Libération, avec le même esprit pionnier, la même énergie
reconstructrice, vouloir se remettre debout! Des comparaisons plus ou moins
pertinentes, on ne peut pas faire plus, en toute rigueur intellectuelle.
Maintenant, Torrentiel, si tu veux me poser des questions plus précises,
dans les limites de mes loisirs et connaissances, je tâcherai de te
satisfaire. Mais, diable, que ce ne soit pas dans le contexte de cette
affaire, puisque là, sans t'en rendre compte, tu fais mauvais goût! Je n'en
ai pas agi ainsi, après l'affaire Norvégienne de l'été dernier, fais
excuses. Tu as beau dire, que je suis pas sur la scélette, mais voyons, il
suffit de te citer toi-même. Tu as écrit ceci,
Sur ce, la parole est à "la défense" et autre part tu écris que l'Islam
politique me met sur la scélette, pourquoi est-ce ainsi dans ton esprit?
Voilà une question que je te retourne. La démarche n'a rien d'amical, elle
dut t'être inspirée sans réflexion suffisante, dans la foulée des
évènements, je suppose. Si je le souffre et te répond, c'est en raison du
fait que véritablement, en privé, tu m'as fait, parfois, des concessions, ou
ce qui semblait telles. En fait de concessions, nous serons quittes, à peu
près, il me semble. Ce coup-ci, j'ai fait presque tout ce que tu voulais,
non? Ainsi, je ne suis pas inexhorable, mais gare à n'en pas abuser.
Les évènements eux-mêmes, nous ne pouvons pas en dire grand-chose. La
singularité du gars est très grande, celle de la famille, aussi. Après, il y
a cet aspect mécanique, cette résolution plutôt froide, qui aux débuts,
faisait penser à un néo-nazi, un activiste Européen. Si on en croit les
médias, l'école fut une improvisation, par suite d'un rendez-vous manqué.
Or, dans l'école elle-même, l'acteur s'est comporté apparemment, sans que ce
changement de programme et de cible, des enfants, n'altère son applomb. Il y
a l'incident de l'appartement, l'état de siège, le combat final, et cette
habileté aux armes, la précision implacable du tir, au point d'atteindre des
policiers revêtus de tenues pare-balle, et les blesser à travers les
jointures des tenues. Cet homme devait être doué d'une réelle endurance
physique, disposant de quelques moyens financiers, étant bien entraîné au
tir de précision. Qu'y a-t-il d'autre à dire? Les médias nous aprendrons ou
pas, la suite des choses. L'évènement est d'importance, oui, mais pas telle
qu'on l'a fait. On a la désagréable impression, qu'il en fût allé autrement,
sans l'incident de l'école, ou bien encore, s'il se fût agi d'une autre
école, publique, par exemple. Je n'ai pas aimé entendre qualifié Toulouse de
"ville sinistrée", à croire qu'un céisme y était survenu. Que de superlatifs!
On aurait fini par entendre parler de ville martyre, pourquoi pas, comme
Homs, en Syrie! L'école fut, croit-on, une improvisation inattendue, son
projet apparemment unique, semble avoir été, de punir des militaires de
couleur, qui ont fait l'Afghanistan. Si on se pose la question, pour quelle
raison ne s'en prenait-il qu'à ceux-là, je crois pouvoir répondre. C'est que
les missions en Afghanistan, on peut admettre, à la grande rigueur, en
poussant loin la tolérance, qu'un Français autochtone de souche, puisse
encore se la raconter sur la légitimité de ces opérations. Un gars de
couleur, ne peut absolument pas se la faire comme ça, impossible! A la
rigueur, un Européen, peut croire à cette propagande, on suppose, pas un
beur. Il y a l'hypothèse d'une différence de motivations entre ces deux cas,
il me semble, l'Européen étant en quelque sorte plus aisément excusable.
Puis, il faut bien ajouter autre chose, les opérations dites extérieures ne
sont pas imposées mais proposées, associées à des avantages considérables. A
la base, le militaire jouit déjà, d'un statut et d'un salaire apréciable,
une prime substantielle lui est servie, s'il opte pour ce choix, qui ne lui
est pas imposé. Je le sais avec certitude, ayant soigné des militaires qui
n'en voulaient pas, ce qui veut dire, qu'on peut refuser sans dommage pour
la carrière. Donc, en gros, selon moi, et sauf erreur, nous sommes en
présence de gens, qui en gros, pensent que c'est mal d'aller en Afghanistan,
et qui ont le choix de ne pas s'y rendre, mais qui y vont quand-même. En
revanche, un Français de souche Européenne, pense peut-être que ce n'est pas
si mal que ça, à la rigueur, il a moins d'état d'âme, croit-on, s'il accepte
semblable mission. La comparaison avec les harkis d'Algérie ne tient pas,
ceux-ci étaient réellement pauvres, ce qui n'est pas le cas, je le répète,
des militaires de carrière d'aujourd'hui! Qu'on n'allègue pas, qu'un
quelconque sentiment de patriotisme se mêle à ces initiatives, je ne connais
personne dans mon entourage, qui dirait que la participation Française en
Afghanistan, relève de la guerre juste, on dit même qu'elle ne sert pas la
France mais d'autres intérêts, qu'elle manifeste une souveraineté
insuffisante. En connais-tu, Torrentiel, qui s'expriment autrement,
là-dessus? j'en serais surpris. L'amour de la France, dans ce cas d'espèce,
consisterait à dire la vérité, que la France fait du mal et commet
l'injustice en Afghanistan. Il y a deux sortes d'ennemis. Le premier est
celui qui te combats, savoir s'il a raison de le faire. Le second, c'est le
perfide, qui ne veut pas t'éviter de faire le mal. Parfois, l'ami, est celui
qui te contrarie, t'empêche de nuire. Entends à ce propos, une anecdote
illustrative. L'envoyé de Dieu, salut et bénédictions, dit un jour, à ce
qu'on rapporte,
"Que le croyant vienne en aide au croyant, qu'il soit l'offenseur ou
l'offensé". Ceux qui étaient près de lui, se récrièrent en substance, dans
ces termes,
"Envoyé de Dieu, qu'on vienne en aide au croyant offensé, nous comprenons
bien, mais quand il est l'offenseur"? A cela, le prophète répondit en
substance,
"S'il est l'offenseur, qu'on l'éclaire et qu'on le sauve de l'erreur."
Agissant ainsi, je ne veux pas que le mal de la France, Torrentiel. En
effet, ce sera un comble, qu'il ait fallu un drame, au lieu de m'écouter moi
et tant d'autres! En partie, cette auto-magnification, de se croire
libérateur et bienfaiteur des peuples, dispensateur de démocratie et j'en
passe, se raconter des chose pareilles, voilà ce qui
contribuait à rendre certains plus sourds qu'il ne faut. Que désormais, on
soit attentif à la parole de ceux qui ne vont pas dans le bon sens du poil,
ceux qui disent à la France, qu'elle ait à s'observer dans un miroir
véritable, qui dit la vérité, comme celui qu'a brisé la méchante reine, dans
le conte de Blanche-Neige. Je suis le miroir véritable, celui qui dira si la
France est ou non, libératrice des peuples. Ne me brisez pas, écoutez-moi!
Or, voilà que je dis à la France qu'elle n'est pas libératrice des peuples,
mais qu'elle en a la vocation. Qu'elle exerce sa vocation, authentiquement
et véritablement, qu'elle soit exactement ce qu'elle dit être, ce qu'elle
rêve d'être, et ainsi, elle sera la plus belle, sans contestation!
Alors, la question qui tue, que penses-tu de ça, est-ce que tu condamnes? La
justice des hommes, si l'acteur fût pris vivant, eût procédé et condamné,
savoir ce qu'il en serait exactement, la justice divine n'est pas de mon
ressort. Le Torrentiel peut témoigner, qu'envers le Norvégien, je me
conduisis pareillement, je n'ai même pas voulu croire, à une prétendue
affection psychiâtrique de circonstance, qui arrange trop tout le monde. Sur
celui de Norvège, je n'ai dit que peu de choses, aucune condamnation
pontifiante, ni pleurs de Margot. Celui de Toulouse, je ne le traiterai pas
plus mal. Torrentiel, je ne connais pas ce gars, mais je m'interdis de le
dire, ne voulant pas ressembler à votre premier évêque de Rome, celui qui a
dit, "Qui est cet homme? je ne le connais pas". ou encore, "c'est de
l'histoire ancienne"... Tu croyais quoi?
C'en est fini de ces tirades, pour l'instant. le Torrentiel est absent, nous
verrons à son retour. Des questions, mais pas de tribunal, pardon! Je ne
répondrai que si je veux, pas question d'y consacrer tout mon petit loisir.
Je pardonne au Torrentiel, cette fois, d'autres fois, il m'a pardonné. Je
suis fourbu de cette longue lettre, drôle d'exercice, fatiguant!
J'ai attendu à ce lundi soir, pour vérifier, que le contenu prédictif de ma
lettre ne se démentait pas. Je ne change pas d'avis, les exploitations et
récupérations du Front, passe encore, mais que de maladresses, de la part du
Président candidat et ses proches! Maladresses, non pas, mais choix délibéré
dans ces tentatives de dissocier et diviser le peuple, au moment même, ou
celui-ci, semble vouloir s'unir et dire "nous"! Oui, c'est de ça qu'il
s'agit, une lutte entre les forces dissociantes et ceux qui veulent se lier,
s'associer, dire "nous". Dans ce contexte, l'Arabo-Musulman, peut-il hésiter
entre ces deux tendances? Il se doit au grand peuple de France quand
celui-ci veut revivre. Maintenant, je peux mettre le point final, me
diras-tu Torrentiel, selon les formules de Platon, si j'ai parlé comme il
faut?
Croissant de lune.
lundi 26 mars 2012
Seizième charade
remue-méninges 39
Puisque je ne suis pas parti, il n'y a pas de raison que vous n'ayez pas votre charade du lundi.
Si vous le voulez bien, nous l'appellerons charade de l'opinion.
Elle tient le bout du fil charadier qui est parti de l'hétéronomie, est passé par la triple charade (dont le compte rendu est encore à venir) et s'achève provisoirement sur cette charade-ci.
Enfin, cette charade, plutôt une triple charade, encore une fois !
Le premier mot à trouver est si peu connu que je ne le trouve référencé sur aucun dictionnaire en ligne.
On dit qu'il faut faire la (mon premier) des choses, et même quelquefois celle du feu ;
mon deuxième possède ;
mon troisième ouvre la gamme ;
ma quatrième peut être circulaire ou musicale, à moins que ce ne soit la note de la gamme qui précède mon troisième ;
mon tout est une opinion personnelle édictée comme ayant force de loi universelle.
Avec cela que l'éthique ne relèverait pas de l'opinion !
Tout est donc relatif ?
Deuxième charade
mon premier serait noir si c'était du pétrole ;
mon deuxième est fixe ou variable ;
il arrive que j'en ai plein mon troisième ;
mon quatrième pourrait être l'onomatopée par laquelle s'exprimerait le cri lancinant des cigales dans une nuit sans sommeil ;
mon tout vient de l'opinion droite et fait la saine doctrine.
Troisième charade :
mon premier (deux syllabes) est le préfixe de la droiture ;
mon deuxième (deux syllabe) est la pratique ou l'action en grec ;
mon tout doit donc être la bonne pratique.
L'éthique se réduit-elle à la bonne pratique ?
Quelle valeur y a la loi ?
L'éthique relève-t-elle uniquement de l'opinion ?
Existe-t-il une loi universelle ?
Et pourquoi y a-t-il les croyants et les pratiquants ?
A bientôt
de vous lire ici :
julien.weinzaepflen@numericable.fr
Puisque je ne suis pas parti, il n'y a pas de raison que vous n'ayez pas votre charade du lundi.
Si vous le voulez bien, nous l'appellerons charade de l'opinion.
Elle tient le bout du fil charadier qui est parti de l'hétéronomie, est passé par la triple charade (dont le compte rendu est encore à venir) et s'achève provisoirement sur cette charade-ci.
Enfin, cette charade, plutôt une triple charade, encore une fois !
Le premier mot à trouver est si peu connu que je ne le trouve référencé sur aucun dictionnaire en ligne.
On dit qu'il faut faire la (mon premier) des choses, et même quelquefois celle du feu ;
mon deuxième possède ;
mon troisième ouvre la gamme ;
ma quatrième peut être circulaire ou musicale, à moins que ce ne soit la note de la gamme qui précède mon troisième ;
mon tout est une opinion personnelle édictée comme ayant force de loi universelle.
Avec cela que l'éthique ne relèverait pas de l'opinion !
Tout est donc relatif ?
Deuxième charade
mon premier serait noir si c'était du pétrole ;
mon deuxième est fixe ou variable ;
il arrive que j'en ai plein mon troisième ;
mon quatrième pourrait être l'onomatopée par laquelle s'exprimerait le cri lancinant des cigales dans une nuit sans sommeil ;
mon tout vient de l'opinion droite et fait la saine doctrine.
Troisième charade :
mon premier (deux syllabes) est le préfixe de la droiture ;
mon deuxième (deux syllabe) est la pratique ou l'action en grec ;
mon tout doit donc être la bonne pratique.
L'éthique se réduit-elle à la bonne pratique ?
Quelle valeur y a la loi ?
L'éthique relève-t-elle uniquement de l'opinion ?
Existe-t-il une loi universelle ?
Et pourquoi y a-t-il les croyants et les pratiquants ?
A bientôt
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julien.weinzaepflen@numericable.fr
vendredi 23 mars 2012
Quinzième charade
Remue-méninges 38
Mon premier est une interjection qui répétée marque l'approbation ou
l'ironie,
Mon deuxième est cette lettre de l'alphabet qui sert de cale,
Mon troisième va de paire avec pas,
Mon quatrième nie la vérité
Il faut lever les yeux pour voir mon cinquième,
Mon tout concerne un fait particulier qui fait l'actualité,
Répondre à :
ludovic.thuin@sfr.fr
Mon premier est une interjection qui répétée marque l'approbation ou
l'ironie,
Mon deuxième est cette lettre de l'alphabet qui sert de cale,
Mon troisième va de paire avec pas,
Mon quatrième nie la vérité
Il faut lever les yeux pour voir mon cinquième,
Mon tout concerne un fait particulier qui fait l'actualité,
Répondre à :
ludovic.thuin@sfr.fr
jeudi 22 mars 2012
Quatorzième charade
(Remue-méninges 37)
Bonjour à toutes et tous,
Les charades ne sont pas seulement des jeux de l'esprit, prétextes à calembours, à chroniques marrantes et virvoltantes.
Aujourd'hui, je vais vous en poser trois et puis... Je laisserai au croissant de lune le soin de nous expliquer, avec vingt points de bonus pour lui s'il le fait, et qu'il s'applique à dissiper une partie de notre perplexité.
Le pari est risqué, mais j'en prends la responsabilité et prie qu'on n'impute pas au Croissant de lune ce que pourront avoir d'éventuellement choquant ses explications, mais à moi qui le mets au défi de s'expliquer, non pour attiser le feu, mais afin d'aiguiser notre compréhension des événements.
Les charades peuvent aussi ne pas être une simple occasion de divertissement. C'est ce que j'ai mesuré en acceptant d'en prendre ma part. Elles peuvent nous aider à épeler le monde, et celles-ci sont posées au lendemain d'une tuerie d'enfants et de soldats qui ne peut laisser personne indifférent.
Sur ce, la parole est à "la défense" (ou à l'événementologue), mais les charades d'abord ! Leur résolution étant à m'adresser via ce lien :
julien.weinzaepflen@numericable.fr
Première charade :
1 Mon premier n'est pas dur ;
2 mon deuxième (le début d'une syllabe) est la manière dont je parlerais du directeur général si je n'épelais pas son cigle dans ma phrase ; il est aussi le son formé par les deux dernières lettres du pèlerin en arabe ;
mon troisième est ce que je crie quand j'ai mal ;
mon quatrième est "la rigueur" en Hébreu. C'est aussi ce que je fais quand je dors en ayant sauté un repas.
Mon tout est un soldat qui fait dans la rigueur et pas dans la dentelle.
Deuxième charade :
mon premier est la lettre du point de l'orgasme féminin, prononcé à l'anglaise ;
mon deuxième est le préfixe qui va vers ;
mon troisième est l'adjectif démonstratif péjoratif latin ; on le retrouve en suffixe des adjectifs dérivés des noms qui se terminent en bras de terre ;
le bras de fer ne fait pas peur à mon tout.
Troisième charade :
mon premier est l'instance de l'impulsion dans la deuxième topique freudienne ;
on donne mon deuxième aux instrumentistes pour que l'orchestre s'accorde ;
mon troisième est le descendant du père et l'acronyme du Front Islamique du salut ;
mon quatrième est le pronom que j'emploie pour parler à quelqu'un que je tutoie quand il n'est pas le sujet de ma phrase ;
et mon tout se voudrait, dit-on, d'une piété médiévale.
Rappel : veuillez adresser vos réponses ici :
julien.weinzaepflen@numericable.fr
Bonjour à toutes et tous,
Les charades ne sont pas seulement des jeux de l'esprit, prétextes à calembours, à chroniques marrantes et virvoltantes.
Aujourd'hui, je vais vous en poser trois et puis... Je laisserai au croissant de lune le soin de nous expliquer, avec vingt points de bonus pour lui s'il le fait, et qu'il s'applique à dissiper une partie de notre perplexité.
Le pari est risqué, mais j'en prends la responsabilité et prie qu'on n'impute pas au Croissant de lune ce que pourront avoir d'éventuellement choquant ses explications, mais à moi qui le mets au défi de s'expliquer, non pour attiser le feu, mais afin d'aiguiser notre compréhension des événements.
Les charades peuvent aussi ne pas être une simple occasion de divertissement. C'est ce que j'ai mesuré en acceptant d'en prendre ma part. Elles peuvent nous aider à épeler le monde, et celles-ci sont posées au lendemain d'une tuerie d'enfants et de soldats qui ne peut laisser personne indifférent.
Sur ce, la parole est à "la défense" (ou à l'événementologue), mais les charades d'abord ! Leur résolution étant à m'adresser via ce lien :
julien.weinzaepflen@numericable.fr
Première charade :
1 Mon premier n'est pas dur ;
2 mon deuxième (le début d'une syllabe) est la manière dont je parlerais du directeur général si je n'épelais pas son cigle dans ma phrase ; il est aussi le son formé par les deux dernières lettres du pèlerin en arabe ;
mon troisième est ce que je crie quand j'ai mal ;
mon quatrième est "la rigueur" en Hébreu. C'est aussi ce que je fais quand je dors en ayant sauté un repas.
Mon tout est un soldat qui fait dans la rigueur et pas dans la dentelle.
Deuxième charade :
mon premier est la lettre du point de l'orgasme féminin, prononcé à l'anglaise ;
mon deuxième est le préfixe qui va vers ;
mon troisième est l'adjectif démonstratif péjoratif latin ; on le retrouve en suffixe des adjectifs dérivés des noms qui se terminent en bras de terre ;
le bras de fer ne fait pas peur à mon tout.
Troisième charade :
mon premier est l'instance de l'impulsion dans la deuxième topique freudienne ;
on donne mon deuxième aux instrumentistes pour que l'orchestre s'accorde ;
mon troisième est le descendant du père et l'acronyme du Front Islamique du salut ;
mon quatrième est le pronom que j'emploie pour parler à quelqu'un que je tutoie quand il n'est pas le sujet de ma phrase ;
et mon tout se voudrait, dit-on, d'une piété médiévale.
Rappel : veuillez adresser vos réponses ici :
julien.weinzaepflen@numericable.fr
mercredi 21 mars 2012
Compte rendu de la huitième charade, remue-méninges 32
C'est une gageure de faire un compte rendu ! C'est pourquoi je n'en fais pas toujours, bien que j'aie toujours envie d'en faire. Enfin, je fais au mieux.
On est déchiré entre le désir de tout dire, le temps qui nous manque pour tout dire, la crainte, si l'on ne dit pas tout, d'oublier des perles qui se sont révélées au cours du jeu, la crainte enfin que vous ne croyiez que le charadier ne vous dise pas tout, et de là vous cache tout et ne vous dise rien ; la crainte, si l'on dit tout, de faire trop long et que vous ne lisiez pas une chronique patiemment mise sur le métier et qui distrait d'autres ouvrages.
Or les composantes de cette charade valent qu'on s'y arrête, car les uns et les autres nous y ont donné des instructions intéressantes, certaines définitions appelant quelques leçons ou rappels concernant l'histoire de france, bien que le sujet de cette charade se soit voulu, à l'origine, une méditation sur la mémoire.
Sommaire :
I UNE DECOMPOSITION FRANCAISE
A.
1. Les bagnards.
2. Les ponts boîteux.
B. Saint-Remi et le baptême de Clovis.
1. Le roi guérisseur.
2. Réminiscence et anamnèse.
C. Qu'un sang impur.
1. Une liaison mal't'à propos ?
2. La marseillaise en quelques dates.
3. Le sang impur, signification ?
D. Le pronom réfléchi.
E. Le préfixe de répétition.
F. Le vivre et le mourir.
II LES DEUX GENEALOGIES DE LA REMINISCENCE ET DE LA RECONNAISSANCE
1. La réminiscence subjective.
2. La reconnaissance intelligible.
a) Le rappel.
b) La gratitude (ou Eucharistie).
c) La propitiation de la tolérance
I UNE DECOMPOSITION FRANCAISE
A. L'île de Ré.
1. Les bagnards.
2. Les ponts boîteux.
A. L'île de ré.
"Première charade :Mon premier est une île de l'Atlantique" :
Mouss répond :
"Ile de Ré, qui n'est plus une île depuis la construction du pont; où Jospin a une maison, sûrement pas l'ancien fort Vauban, un bagne ("Merde à Vauban que chante Léo Ferré). Les habitants sont les Rêtais jamais arrêtais."
1. Les bagnards.
Tiens, et si nous écoutions "merde à vauban" ?
http://www.youtube.com/watch?v=HwHpjJfN7cw
a)
C'est que beaucoup de bagna)ards furent enfermés à l'île de Ré, dont le plus populaire n'est pas le maréchal Pétain, que son indignité nationale poursuit jusqu'à ne pas permettre que son tombeau soit rapatrié à douaumont, au milieu des soldats de verdun, bataille qu'il passe pour avoir vaincue, oui, mais pas seul !
Pétain prétendait avoir fait le don de sa personne à la france et pressentait qu'y serait sacrifié son honneur, car il aurait à se salir les mains avec des autorités d'occupation qui ne faisaient pas de quartier. Sa position a pourtant permis à l'armée d'Afrique de pouvoir combattre aux côtés des américains, dont certains historiens prétendent que Pétain les attendait, mais aux côtés d'un entourage tellement acquis à la cause nationale socialiste que, malheureusement, cela discrédite la mémoire chancelante du vieillard qui passait, avant guerre, pour un officier républicain.
Le testament sacrificiel de Pétain ressemble, dans son écriture, au testament de Louis XVI, qui refusa que fût versé le sang du peuple de Paris. D'aucuns, dont je suis, ont vu en CE ROI? Louis XVI un ROI martyre ; d'autres préfèrent le tenir pour un gouvernant faible, comme ils voient en Pétain un officier sénile. Et d'ajouter que la faiblesse ne sied pas aux gouvernants, et la sénilité encore moins.
b)
Toujours est-il que Pétain, comme le bagnard de Léo ferré, fut détenus sur l'île de ré. Or leur condition de prisonnier a eu beau être la même, le bagnard de Léo ferré n'aurait sans doute pas voulu partager la tristesse de sa condition de détenu avec le maréchal Pétain, lui qui, non seulement couvrit la déportation de juifs pour des "ailleurs" qu'il préférait ne pas connaître, préfèrent dire ses agiographes, qui ne veulent pas lui faire l'once d'une critique, mais fit des mutins de 1914, qui s'opposaient à une guerre qui sacrifia inutilemen toute une génération d'Européens et fit le lit de la haine racialde la guerre suivante dont l'Europe ne s'est jamais remise, (Pétain fit de ces lucides mutins) des "fusillés pour l'exemple", quoiqu'on puisse éventuellement convenir que le conflit gaullo-pétiniste ultérieur illustra la théorie de l'épée et du bouclier.
Guidony a fait un chef d'oeuvre à propos de ses mutins. c'est sa chanson "Le bon berger" que je vous propose d'écouter ici :
http://www.dailymotion.com/video/xrupu_guidoni-olympia-83-5-le-bon-berger_music
Il y décrit le comportement de son père, espérant en Pétain en relisant Péguy. Pétain a de fait réussi ce paradoxe bizarre, à travers "la révolution nationale", au lieu de remettre du coeur au ventre aux Français occupés, de mettre leur défaite sur le compte de leur incurie, et de les culpabiliser au moment où ils avaient besoin d'encouragements, de prétendre les restaurer moralement au moment où ils avaient besoin de remontrer militairement de quoi ils étaient capables, pour bouter hors de leur pays un occupant dont le nationalisme racial était ennemi de l'humanité.
guidony imagine encore dans sa chanson son oncle Marcel voulant faire don de la ponte de ses plus belles poules au vieux maréchal, avant de dénoncer de nuit tous ceux qui n'auraient pas été de "vrais français". Cela rappelle irrésistiblement cette scène d'"au bon beurre" où l'opportuniste crémier Charles-Hubert Poissonnard et sa femme Julie, qui ne se privaient pas de dénoncer de nuit leur voisin Léon Lécuyer, évadé de son camp de prisonnier, vont offrir à Pétain, en faisant le voyage de vichy, des oeufs de canard acquis au marché noir, en les faisant passer pour des oeufs de poule. Comme Pétain s'étonne de la grosseur de ces oeufs, Charles-Hubert a le trait de génie de dire que, quand la poule a su qu'elle pondait pour le maréchal, elle y a mis tout son coeur et a pondu un oeuf d'une grosseur inaccoutumée. Dutourd imagine à cet instant la présence de l'éditorialiste de "gringoire" René benjamin, qui immortalise la scènê en rédigeant un article intitulé :
"Le miracle de la poule", et qui est un chef d'oeuvre de pastiche de ce que put être la propagande de la révolution nationale.
Guidony, en face de ce père falot et de cet oncle délateur, imagine la grand-mère du narrateur, qui cuisine des rutabagas. Si "tous les enfants de France ont un second papi", la grand-mère, elle, aimerait bien faire goûter ses rutabagas au vrai grand-père de ses petits enfants. Mais le malheur veut que celui-ci soit mort en 1917, "fusillé pour l'exemple par notre bon berger",parce que mutin du "chemin des dames". Voici la mémoire de Pétain face aux mutins prise en charge par Jean guidony, qui souligne, dans son introduction à la chanson qu'il va interpréter en public, que tous les chanteurs ont un homme politique dont ils aiment arborer fièrement l'étendard : Barbara, c'était "l'homme à la rose" ; Bécault, c'était de Gaulle ; guidony, retrouvant des photos jaunies de l'été 43, ce sera Pétain, enfin, à sa manière, la même dont Roger Martin du gard soulignera dans "Les Thibault" que Jacques, l'un des deux frères, celui qui n'y survivra pas, refusera de prendre part à la guerre de 14, parce que cette guerre, dira-t-il, est celle des marchands d'armes et des patrons, pas celle des Français (ce qui n'est pas tellement le problème de Jacques), mais surtout pas celle de la classe ouvrière. Ce patriotisme, non de nation, mais de classe, est aujourd'hui entièrement assumé par Nathalie Arthaud, un peu moins clairement par Philippe Poutou, et à peu près dissimulé par Jean-Luc Mélanchon, alors que l'internationalisme est une composante essentielle de la pensée trotskiste et que, plus il est revendiqué, plus proprement on peut parler d'une extrême gauche, encore que le mot "extrême" soit, pour la plupart de ceux qui l'emploient, un terme disqualifiant, ce qu'il n'est pas dans ma bouche. Reste que l'internationalisme, tout en se donnant pour une pensée unificatrice, ne peut pas exister sans se donner un ennemi ; et cet ennemi, comme chacun sait, c'est la bourgeoisie, "le capital", le patronat.
Pétain, le fusilleur de mutins, a fait ce que Papon, déportateur sans scrupule de juifs à Mérignac où il ne s'était même pas donné la peine de se déplacer pour aller voir ce qui s'y passait, fera, en sa qualité de préfet, dans des circonstances nullement exceptionnelles où l'Etat était souverain, dans la répression de la manifestation du 17 octobre 1961, on l'on retrouvera beaucoup d'arabes jetés à la seine. La cohérence d'un homme peut juger de celui-ci.
Ce disant, me suis-je contredit ? Ai-je donné un coup à droite et un coup à gauche ? Ai-je assuré mes arrières en ne prenant pas totalement à mon compte la théorie de l'épée et du bouclier dont je pense qu'elle est la bonne interprétation de l'antagonisme gaullo-pétiniste, même s'il se peut que les deux personnages principaux de cet antagonisme ne l'aient pas entendu de cette oreille ? De vrai, je ne crois pas m'être contredit. Je crois avoir montré de quel côté un Pétain ou un Papon penchaient, compte tenu de ce qu'en eux, primait l'ordre militaire, non corrigé par ce vieux précepte chrétien de "désobéissance civile" qu'on n'appelait pas encore ainsi, mais "complexe d'antigone", qui fut particulièrement bien théorisé par Saint thomas d'aquin jugeant qu'on ne devait pas obéir à un ordre, nous fût-il doné du souverain, qui contrevenait manifestement aux lois de dieu, à la loi naturelle, à ce que le croissant de lune appellerait la "Justice basique". La faiblesse de cette injonction de désobéissance légitime à un ordre injuste, qui met le commandement politique en discussion permanente de ses agents militaires ou judiciaires, est qu'elle peut enrayer le bon fonctionnement de l'Etat. Mais il est vrai que, si l'Etat est bien gouverné, des discussions de ce genre ne devraient être qu'exceptionnelles, en cas de manquement flagrant à la Justice, lequel devrait être perceptible de tous.
c)
Le bagnard de Léo ferré n'aurait pas voulu partager le sort de Pétain, de même que les nostalgiques de Louis XVI, s'ils plaignent souvent aussi le sort de Pétain, auraient peu de pitié pour le bagnard de vauban de Léo ferré. Dis-moi quel détenu tu plains, et je te dirai pour quel ordre tu penches. Mais je te plaindrai aussi, si tu n'as pas pitié de tous les détenus politiques ou de droit commun, à travers le monde. Je reprocherai à ton coeur sa dureté, car il faut avoir pitié de la condition pénitentiaire et de ceux qui la subissent.
d)
Tant que j'y suis, je vais aggraver mon cas. Nous avons entendu le bagnard du fort vauban de l'île de Ré chanté par Léo ferré, nous avons modérément commisséré à l'exil tardif du vieillard galonné de Verdun et de vichy, mais rappellerons-nous qu'ils partagèrent le triste sort de la détention avec le bagnard de l'"île du diable", le capitaine Alfred Dreyfus, lequel fut libéré par la révision de son procès qui ne l'acquitta pas, fut réhabilité même après une Grâce qui ne cassa pas les condamnations de ses deux premiers procès, et de l'innocence de qui il est désormais interdit de douter, quand même la culpabilité d'Esterhazy n'a pas été établie de manière irréfutable, mais surtout alors que l'affaire dreyfus a été d'une très grande conséquence, puisqu'elle a abouti à l'unification du sionisme et à l'érection du "foyer national juif" en Etat d'Israël au terme du "plan de partage", pour la préoccupation du monde, encore soixante ans après cette reconnaissance onusienne.
Si l'on trouve que j'érige là des ponts douteux, c'est l'histoire qui est douteuse et toujours révisable, dans les jugements que nous devons avoir à son égard, et à l'égard des conséquences dont l'interprétation historique a toujours décidé des constructions politiques qui essaient de corriger les blessures de l'histoire. C'est pourquoi il faut avoir l'honnêteté de reconnaître, avec Tristan Mendès France et Michael Prasan - du temps qu'ils animaient leur émission "Le sens des mots" sur RCJ (Radio communauté Juive -), quoiqu'ils aient été farouchement partisans de la répression des révisionnistes et des négationnistes de la shoah, que l'histoire est par définition révisionniste, ce qui fait que les historiens sont de plus en plus réservés sur les lois mémorielles.
2. Les ponts boîteux.
L'île de Ré n'est plus une île, se plaint Mouss. De fait, qu'est-ce que c'est que cette manie de relier nos îles par des ponts, de manière à les rendre accessibles en voiture et plus du tout par bateau ? Ludo nous apprend que ce pont fut construit en 1989.
L'été dernier, quand nous nous rendîmes à Noirmoutiers, ma mie et moi, nous nous plaignîmes, en montant dans le car et dans l'espoir d'être entendus que, puisqu'un pont reliait le continent à l'île sur laquelle nous pénétrions pour la première fois, nous ne saurions pas quand nous arriverion sur cet île. Mais tout à coup, nous entendîmes la merre battre les vitres du car. Ca y était, nous y étions. Et comme nous longions l'île, la mer ne battait que plus fort à nos vitres. Mais, en écoutant mieux, nous nous aperçûmes que, certes, nous avions entendu la mer ; mais que ce que nous entendions maintenant, ce n'étaient pas les embruns comme nous l'avions espéré, mais l'averse qui nous accueillait, à notre arrivée sur l'île.
B. Saint-Remi et le baptême de clovis.
"Mes deux premiers forment le nom d'un évêque aux origines de la france ;" (J'avais été tenté de vous formuler mes deux premiers en un bloc :
mes deux premiers sont les deux premières notes du mode dorien).
La réponse était évidemment Saint Remi, qui conduisit le roi clovis au baptême. De mémoire, seuls, Ludo et Jean-Nicolas me l'ont donnée. (Au fait, quelqu'un a-t-il des nouvelles de Jean-Nicolas ? Je suis inquiet de ne plus le lire, répondant aux charades, car il est assidu.)
Saint Remi (437-533) aurait vécu quatre vingt seize ans, soit le même nombre d'années que compta le cinquième siècle quand il baptisa Clovis, dont on n'est pas absolument certain que ce fut en 496 : il y a une marge d'incertitude entre 496 et 506.
Pour de plus amples informations biographiques sur saint rémi, je vous invite à vous reprter à ce qu'en dit wikipedia en cliquant sur le lien suivant :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Remi_de_Reims
1. Le roi guérisseur.
On connaît le miracle de la sainte ampoule, l'huile du baptême venant à manquer et l'esprit-saint y suppléant en apportant du Saint-chrème grâce auquel tous les rois de France, qui furent, à la suite de Clovis, sacrés à reims à l'exception de Louis VI, d'Henri IV et de Louis XVIII, eurent le pouvoir de guérir les écrouelles. Les rois de France ont ainsi été tenus pour taumaturges, et il y a de fortes chances pour que les miracles qu'on leur imputait soient véridiques, car on ne voit pas, sinon, comment leur pouvoir aurait tenu si longtemps. La formule rituelle du roi touchant les écrouelles le jour de son Sacre et en de certaines autres occasions marquées au cours de son règne était :
"Le roi te touche, dieu te guérit".
Avec la révolution, le regret le plus profond de ceux qui tenaient pour la sacralité du pouvoir du roi très-chrétien était sans doute du côté de ceux qui déploraient que l'on eût délaissé un régim fondé sur le pouvoir confirmatif du merveilleux, attaché aux promesses faites au Roi d'être béni dans l'exercice de son règne. Le roi serait reconnu pour légitime à régner, et son "droit divin" ne serait validé que moyennant qu'il ait un réel pouvoir de guérir. Les écrouelles viennent du bas latin scrofula. Le roi était donc censé guérir les scrofuleux. Voici ce qu'on trouve au sujet des écrouelles dans un dictionnaire de vulgarisation médicale :
"Les écrouelles sont des ganglions anormaux apparaissant au niveau du cou à la suite d'une infection chronique par la tuberculose. Et un peu plus loin, on trouve cette citation d'Eric le Labour (in "Les
rois maudits, l'enquête historique" : "Il semble que ce soit Saint-Louis (grand-père de Philippe le Bel), à travers la formule « Le roi touche, Dieu te guérit » qui instaure la pratique de ces rituels particuliers qui consistent à toucher les écrouelles le lendemain du sacre du roi pour que ceux-ci guérissent. Le toucher des écrouelles se poursuivra en France jusque sous Charles X qui, en 1825, touchera encore 121 scrofules dont 5 guériront."
Le 17 mars dernier, mourait Chenouda III, le pape des coptes, à l'âge de 88 ans, après quatre décennies de règne. (Pour une recension de cette information, voir par exemple cet article :
http://www.lemonde.fr/afrique/article/2012/03/17/mort-de-chenouda-iii-patriarche-copte-d-egypte_1671548_3212.html
)
La personnalité de ce patriarche était très contestée en Egypte, notamment à cause du soutien sans faille que lui apporta Osni Moubarak, dont la femme Suzanne était copte. Il se dit beaucoup qu'Osni Moubarak sentait depuis longtemps la nécessité de quitter le pouvoir, mais que sa femme Suzanne et son fils gamal ont eu une très mauvaise influence sur lui. On accusait entre autres Chenouda III d'avoir développé en Egypte une police parallèle. On met peu en relief, dans la vie de ce patriarche, qu'il s'opposa si farouchement aux accords de Campdavid que Sadate ordonna son exil hors d'egypte. Mais où le rapprochement avec le roi sacré touchant les écrouelles s'impose ici, c'est que "le pape des Coptes" est le seul patriarche chrétien à avoir été constamment taumaturge. Un "pape des coptes" qui ne serait pas taumaturge ne pourrait pas longtemps régner. Cela s'explique en partie parce que la Tradition attribue au pape des coptes l'héritage de ce qu'on a appelé la chaire de Saint Marc, lequel ne serait autre, non seulement que l'évangéliste, mais que le jeune homme riche évoqué dans l'Evangile. Or voici comment se termine l'evangile selon Saint-Marc, juste avant l'ascension du christ :
"Et ce sont ici les signes qui accompagneront ceux qui auront cru : en mon nom : ils chasseront les démons ; ils parleront de nouvelles langues ; ils prendront des serpents ; et quand ils auront bu quelque chose de mortel, cela ne leur nuira point ; ils imposeront les mains aux infirmes, et ceux-ci se porteront bien." (Marc, 16,17-18)
Le "pape des coptes" a toujours pris au sérieux la fin de l'evangile de celui dont il occupe la chaire ; les évangélistes d'aujourd'hui basent leur prédication sur des signes et des prodiges identiques, qu'ils affirment vérifiables. Leur mérite est à mes yeux de vouloir que l'Absolu dont ils témoignent soit confirmé par le merveilleux dont s'accompagne leur témoignage. N'ayant pas fréquenté assez assidûment leurs assemblées, je ne puis dire dans quelles proportions cette confirmation est attestée. Mais je parie quand même que, si la supercherie était totale, ils auraient été démasqués depuis longtemps.
2. Anamnèse et réminiscence.
On a tenu pour puérile l'engagement baptismal contracté par clovis, sous prétexte qu'il aurait été fait à la suite d'un chantage :
"Dieu, en qui la reine clotilde croit, donne-moi la victoire, et je me convertirai à Toi."
Clovis tint parole et, avec lui, furent baptisés trois mille de ses soldats, ce qui permit que soit posée la question du "baptême d'une nation", point qui tend à être récusé par un grand nombre de théologiens, sous l'influence de la laïcité.
Les paroles adressées par Remi à Clovis sont demeurées célèbres :
"Courbe la tête, fier sicambre,
, abaisse humblement ton cou.
Adore ce que tu as brûlé et brûle ce que tu as adoré.»
La première fois que j'ai lu ces paroles, je n'ai pu m'empêcher de me demander ce que c'était qu'un sicambre. ô surprise, un sicambre, c'est moi :
Sicambres
Peuple germanique établi dans le bassin de la Ruhr. Une partie d'entre eux
s'installa en Gaule, et, au IIIe siècle, se mêla aux Francs.
Bien, nous voilà renseignés, Clovis est un ancêtre de nos sidérurgistes.
Je ne sais pourquoi ce mot sicambre, sans doute parce que je l'ai découvert au même moment, me fait invariablement penser au mot zoïle. Méfiez-vous : si je vous le signale, c'est qu'il pourrait bien tomber lors d'une prochaine charade. Mais qu'est-ce qu'un zoïle (ou plutôt qui était zoïle ?)
Zoïle
Zoïle (en grec, Zoilos)
(IV éme siècle avant Jésus-Christ), sophiste grec; célèbre par ses critiques exagérément sévères des oeuvres d'Homère.
C'est ainsi que, moi qui ne suis pas Homère, je peux avoir mon zoïle. En ce qui me concerne, j'ai de la chance, j'en ai deux : le croissant de lune et Mustapha, pas tous les jours, mais plus souvent qu'à leur tour.
Or mes zoïles nous éloignent de notre clovis se faisant dire au baptistaire au milieu de ses soldats qu'il doit adorer ce qu'il a brûlé. On comprend la proposition inverse : les païens, pour devenir chrétiens, devaient brûler leurs idoles, au moins dans leur coeur. Mais faudrait-il supposer que le barbare clovis, avant d'être baptisé, aurait brûlé quelques effigies chrétiennes et, si oui, lesquelles ?
A la fin de la messe célébrée par lui au bourget le 1er juin 1980, un peu moins de trente-deux ans avant que françois Hollande n'annonce au même endroit que la première mesure qu'il prendrait serait d'inscrire la laïcité et la loi de 1905 portant (implicitement) séparation des eglises et de l'Etat dans la constitution française, à la fin d'un développement sur la culture où il déclarait que "l'homme était la route de l'Eglise", Jean-Paul II posa cette question qui contribua à rendre difficile son voyage à reims, seize années plus tard :
"France, fille aînée de l'Eglise, es-tu fidèle aux promesses de ton baptême ?"
C'était tout d'abord replacer la france dans un héritage chrétien avec lequel une bonne partie d'entre elle ne se reconnaissait plus : "fille aînée de l'eglise" ; c'était ensuite reconnaître une croyance dans le "baptême des nations" ; c'était enfin demander à la fille aînée de l'eglise (en tant que nation) et à la mère de la laïcité des comptes sur sa fidélité à un baptême dont il aurait fallu qu'elle se souvienne. C'était, en un mot, s'attendre, moins à ce que la France ait gardé quelques réminiscences de son baptême, qu'à ce qu'elle en fasse une anamnèse, savoir un retour volontaire à sa mémoire.
C. Qu'un sang impur.
"mon quatrième est rouge ou bleu, mais jamais impur ; donc il est blanc ?" Troublant !
Mouss écrit :
"4 sang s a n g. Je me suis toujours demandé pourquoi le sang des nobles était bleu. Est-ce parce qu'ils voyaient toujours rouge?...
A partir de la Révolution, ils avaient du mauvais sang à se faire."
Un jour, j'ai écrit au croissant de lune, cela a été reproduit dans l'un de ses compte rendus, qu'à sa différence lunaire, le Torrentiel avait le sang bleu (il est pourtant vrai que les torrents no'nt pas la couleur de la mer !) Mon jouteur adversaire n'eut pas de mal à me répondre, en sa qualité de "praticien de santé" que, si j'avais le sang bleu, c'est sûrement que j'avais un ématome. Depuis, je ne veux plus me bleuir, et encore moins passer pour un bleu !
Quand je vous disais que nous étions dans une décomposition française ! Nous passons du baptême de clovis à la révolution. Est-ce que j'écris comme un ultra ?
1. Une liaison mal-t'à propos ?Commençons par nous demander pourquoi faire une liaison aussi malt'à propos que celle du sanq'impur ! Car, si l'on s'en était tenu au nom et à l'adjectif qui devaient être reliés, ç'aurait été le sanj'impur qu'on aurait dû attendre. Cela certes aurait fait moins martial ! Ca aurait fait de grands "splatch", comme fait le sang quand il gicle, pauvre sang des êtres carnés !
Eh bien non ! Car on a oublié qu'un grand homme se dit un grant'homme Et dans quelques locutions figées comme celle qui nous intéresse, le "g" devient "k" ! On prononce le "g" avec l'accent alsacien.
Pourquoi ? Le Français s'est pour ainsi dire développé en sens inverse des langues qui se sont vocalisées. Il s'est déconsonnantisé, tandis que beaucoup de sons, formées à base d'une voyelle et d'une consonne, se sont nasalisés. Mais écoutons les spécialistes :
"La liaison est la prononciation dans certains cas d'une consonne qui n'est généralement pas entendue, suite à un amuïssement ancien. Cette consonne est située après la dernière voyelle du mot et avant la voyelle initiale du mot suivant. Elle rappelle que toutes les consonnes étaient prononcées en ancien français même si certaines ne sont plus que graphiques. Au contraire de l'élision qui supprime une voyelle (une amie), la liaison ajoute une consonne. (...) – Le g vélaire sonore se prononce [k], vélaire sourde. Un long article. Un sang impur. Bourg-en-Bresse. Cette prononciation est vieillie et ne se pratique plus guère. Le g a tendance à conserver son timbre même en liaison. "
2. La marseillaise en quelques dates.
D'abord, la marseillaise aurait dû s'appeler "la strasbourgeoise", puisque les paroles en furent écrites par claude Joseph rouget de l'Isle (affluent du rhin passant à Strasbourg) à la demande du maire d'icelle ville, le baron Frédéric de Dietrich, au domicile de qui elle aurait été exécutée pour la premièe fois). On craint aujourd'hui de ne plus connaître le compositeur de la musique de ce qui devait devenir une hymne soldatesque, puis notre hymne nationale. Dans mon enfance, on disait que la musique avait été composée et accompagnée au clavecin par la nièce de Rouget de l'Isle. On a l'air d'en douter aujourd'hui.
3. Le sang impur, signification ?
La marseillaise-strasbourgeoise fut composée dans la nuit du 25 au 26 avril 1792, adoptée une première fois par le comité de salut Public le 14 juillet 1795, abandonnée par l'Empire au profit du "chant du départ", puis adoptée à nouveau par la troisième Répubique le 14 février 1879 ("le sank'impur" le jour de la Saint-valentin).
Sont réputées impures quatre vingt jours après leurs couches les parturiantes, par le lévitique, ce livre même dont j'ai extrait la citation que "l'âme de la chair, c'est le sang" (Lévitique 17:11).
Mais le sang impur de la marseillaise n'est pas celui des parturiantes. Je cite :
"Aujourd'hui, en France, les paroles de La Marseillaise sont parfois critiquées. C'est le vers Qu'un sang impur abreuve nos sillons qui est notamment décrié et parfois qualifié de raciste.
Or quand on parle de sang impur dans la Marseillaise, ce n'est pas celui des ennemis dont il est question, mais du sang des hommes du peuple prêt au sacrifice pour défendre la patrie en danger contre les armées coalisées de l'aristocratie européenne contre-révolutionnaire, Contre nous de la tyrannie... L'Unité du genre humain avait été inscrite dans la Déclaration des Droits de l’Homme et du citoyen. La Révolution abolitionniste de Saint-Domingue avait triomphé.
En pleine guerre révolutionnaire et surtout contre-révolutionnaire, ce vers évoque un appel au martyre contre la noblesse, classe sociale fondée sur l'hérédité et dite de « sang pur » ou de « sang bleu »." En résumé, "le sang impur" serait offert d'être versé par le peuple à l'encontre d'une noblesse au prétendu sang pur et bleu, qui s'illustrerait dans des menées contre-révolutionnaires. Que cela se tienne historiquement, nous pourrions l'admettre, si autant d'allusions n'étaient pas faites, dans les paroles de "La marseillaise", si ce n'est pour en appeler à ce que le sang étranger abreuve les sillons français, en tout cas en haine manifeste de l'étranger.
Valéry Giscard d'Estaing avait déjà ralenti la musique de "La marseillaise" ; le Père Jean toulat, après alphonse de Lamartine, victor Hugo et... Mireille Mathieu, a lancé un appel au début des années 1990 pour que soient changées les paroles de "La marseillaise". vingt ans après, je ne pourrais que soutenir cet appel. Le plus drôle est que son initiateur, le Père Jean toulat, était un cousin de Jean Ferré, fondateur de "radio courtoisie", bien que les deux hommes n'aient pas du tout partagé les mêmes idées.
NB :
1. Pour consulter les paroles de "La marseillaise", cliquez ici :
http://www.marseillaise.org/english/francais.html
Pour entendre Jessye Norman chanter (fort laidement) "La marseillaise" lors de la célébration du bicentenaire de la révolution française, cliquez ici :
http://www.youtube.com/watch?v=1QQ2k3UpHwQ
(Elle chante même en décalage avec le choeur.)
D.
Le pronom réfléchi.
Ici, cette simple citation de la définition suffira, avec la solution qu'en donne Mouss. Il s'agit d'avoir à l'esprit les verbes pronominaux, dont nous approfondirons les différents genres une autre fois :
Moi :
"mon cinquième est un pronom réfléchi ;
Mous :
"
5 se s e. Pronom réfléchi (renvoyant au sujet lui-même) personnel de la 3ème personne du singulier, du masculin comme du féminin, pouvant être C.O.D. ou C.I.D. (j'aurais plutôt écrit : c.O.i. : l'essentiel est que l'on comprenne que le pronom réfléchi peut être indifféremment complément d'objet direct ou complément d'objet indirect du verbe pronominal.)
Le jeu entre les finales des deux charades nous fait percevoir que les deux "ce"(ou "se"), que l'on peut confondre dans l'orthographe grammatical, n'ont pas la même nature : le premier, s'écrivant "se" et entrant dans la conjugaison d'un verbe pronominal, est pronom réfléchi ; le second, s'écrivant "ce" et montrant un objet, est adjectif démonstratif. Mouss complète en parlant des particules démonstratives "ci" et "là" : "ci" est la particule de ce qu'on va exposer ou de l'objet le plus éloigné : celui-ci (fait référence au premier élément nommé dans une énumération), voici (fait référence à une matière qu'on va exposer) ; ""là" fait référence au dernier élément nommé dans une énumération et, dans "voilà", à ce qu'on vient d'exposer).
E.
Le préfixe de répétition.
Nous entrons ici dans la seconde charade, celle qui avait pour solution "reconnaissance" :
Ce sont deux éléments de "radio coulisse" qui m'arrêtent ici : une drôlerie de Ludo et une autre de babeth.
Ludo m'écrit :
"1 R, e, dont on se sert pour la notion de répétition comme dans Reblochon,
fromage cuit deux fois (bien, Ludo, tu m'apprends donc qu'il y a le blechon et le re-blechon).
Quant à Babeth, voici ce qu'elle m'écrit :
"
coucou Julien
reconnaissance
re ( redire une autre fois) co" (après m'avoir dit "coucou" ! Pour Babeth, "re" est le perroquet du "cou" : je me demande comment chante son coucou. Vous me direz que, pour Mouss, "ti" est la moitié d'un "titi", Babeth a été élevée à bonne école.
Tiens, puisqu'on parle du maître d'école, le voilà qui parle de "re" à la "hareu hareu" :
"
= 1 re r e: il fait et refait... je n'ai pas dit "dans sa culotte..." Forcément, le maître est sans culotte.
Mais laissons-le poursuivre :
"
2 co c o copilote, co-adjuteur... "and co" des Anglo-Saxons. Anglo-Saxons qui n'aiment pas qu'on les appelle ainsi, comme les Français n'aimeraient pas qu'on les appelle toujours "Gaulois"."
Tu entends, croissant de lune ?
F.
Le vivre et le mourir.
Ma définition disait :
"mon troisième fait le contraire de mourir ;".
Ludo me répond:
"3 N, a, î, t, moi, j'aurais dit que le contraire de mourir était de vivre,
mais je ne vois pas d'autre contraire pour naître."
Il se trouve que d'autres personnes, à qui j'avais posé cette charade, m'ont fait la même remarque.
L'objection de Ludo fait mieux que se défendre :le contraire de mourir, c'est vivre ! Mais, à y mieux réfléchir, vivre est le contraire d'être mort. Tandis que naître, en effet, est le contraire de mourir. La preuve, c'est qu'on ne voit pas d'autre contraire à "naître" que "mourir". Mais peut-être que "naître" serait le contraire de "mourir", tandis que "vivre" serait le contraire du "mourir". "Le mourir" est un processus lent, le "vivre" aussi, d'ailleurs ! Cherche désespérément une philosophie qui ne nous apprenne pas à "mourir", mais nous enseigne le "savoir-vivre" !
II LES DEUX GENEALOGIES DE LA REMINISCENCE ET DE LA RECONNAISSANCE
1. La réminiscence subjective.
a)
Réminiscence, réminiscence ! et dire qu'au début de ce compte rendu, j'ai parlé de l'affaire dreyfus, mais Proust aussi, lui, le fils de Jeanne-clémence Weil qui, tout au long de "La recherche", s'est amusé à brouiller les pistes ! Son père était antidreyfusard, lui était du parti inverse ; mais être du parti inverse, c'était "en être", comme "en être", c'était être du côté des "invertis". Alors, en était-il ? Et en était-il fièrement ou comme on est fier de "ses parties honteuses" ? Car une chose est sûre : c'est que Proust n'était pas fier d'être "inverti", ni que son "albertine" fût son chauffeur Albert, son fugitif chauffeur ! (Mais comment ne pas être fugitif quand on est chauffeur ? Quand on est un chauffeur motorisé? Il y a de quoi vous destiner à être un chauffard de l'amour, je n'ai pas parlé de "Monsieur Paul", Monsieur Maillot !) Dans "L'hymne à la réminiscence" qu'est "La recherche du temps perdu", qui est aussi la "Chronique de la vie d'un snobe", Proust s'emploie à merveile à brouiller les pistes, en particulier sur ce chapitre de l'affaire dreyfus : en est-il ? N'en est-il pas ? A priori, il en est. Mais comment expliquer, en allant un peu plus loin que le simple point de savoir que son père était un lecteur régulier de "L'action française", tandis que sa mère préférait Madame du défand et sa grand-mère Madame de sévigné, cette correspondance admirative de Proust à Maurras, où il lui écrivait que, chaque jour, en lisant "L'action française", il prenait "une cure d'altitude intellectuelle" ?
Lorsque j'ai posé cette charade, je n'étais pas allé chercher très loin. J'étais allé chercher dans ma mémoire, à faire l'apologie de la réminiscence subjective, comme Proust est passé maître à la faire, à travers l'apologie de la "petite madeleine" qui avait réveillé en lui le souvenir des aubépines, de la sonate de Vinteuil, et puis "du côté de Guermantes", à faire comprendre au narrateur pourquoi swann avait épousé Odette pour retenir l'amour de celle "qui n'était pas son genre" !
Tout est parti d'une remarque de Mouss qui, à propos d'autre chose, avait insisté sur le rôle des odeurs dans la mémoire
"
J'ai l'impression qu'on s'intéresse beaucoup à l'amnésie en ce moment (il y a un film récent qui traite le sujet). Antérieurement, il y a
"voyageur sans bagage" d'Anouilh, et
"Siegfried et le Limousin" de Jean Giroudoux.
Un jour, j'ai écouté une émission sur les odeurs; d'où mon projet de vous faire un petit topo sur l'anosmie (perte de l'odorat). J'y ai appris que pour faire revenir la mémoire, on se servait des odeurs. Aussi, fait curieux: en procédant ainsi, on a remarqué que l'amnésie se maintenait quand on disait au malade le nom de l'odeur. Le procédé consiste à faire sentir une odeur et c'est au malade d'associer des sensations, des souvenirs liés à cette odeur."
Je répondais :
"Le nom de l'odeur, pas de l'auteur, en alsace, on pourrait confondre.
Sérieusement, la mémoire a l'air d'en appeler aux sens qui appréhendent les choses de l'intérieur, comme le goût et l'odeur, par opposition à ceux qui appréhendent le monde de l'extérieur comme la vue ou le "tact" (condillac).
A la réflexion, c'est normal, puisque la mémoire est une faculté qui vient de l'intérieur et apporte une lumière intérieure sur le monde extérieur.
quand (on lit) les trois réminiscences de Proust, et surtout la plus célèbre, la petite madeleine, on est purement dans le registre du gustatif. Avec la deuxième, la sonate de vinteuil, on est dans le registre auditif. Mais l'écoute est elle-même un décryptage intérieur des sons qui rentrent à l'intérieur. Pour la troisième réminiscence, celle de la dénivellation du pavement lorsque le narrateur descend du trottoir, la réminiscence est de l'ordre de la sensation. Ce qui m'a toujours frappé, c'est combien cette réminiscence avait un caractère étrangement urbain dans cette oeuvre qui l'est si peu, non pas urbaine au sens de l'urbanité mondaine, mais urbaine au sens de l'urbanisme. Comme si l'évocation de cette réminiscence, avant laquelle la guerre (était passée) par là, avait pour but de montrer qu'on avait changé d'époque !
La mémoire, ou l'appel à une faculté spirituelle du sensualisme intérieur ! Il est frappant de constater combien de fois Proust n'hésite pas à en appeler à ce mot de "spiritualité", puisqu'il travaille sur la faculté artistique de sentir et de représenter (cf les longues descriptions de l'oeuvre d'elstir et... de wermer).
b)
De la réminiscence, m'est naturellement venu l'envie de parler de "la reconnaissance", étant donné qu'à chaque fois que j'ai vécu l'un de ces phénomènes dont Bergson parle comme d'un phénomènes de "fausse reconnaissance" (dans "L'énergie spirituelle", (justement), , où l'on a déjà l'impression d'avoir vécu la situation que l'on est en train de traverser, j'ai ressenti un malaise pouvant aller jusqu'au vertige et, si je ne luttais pas contre ce malaise de la prétendue "fausse reconnaissance", jusqu'à la perte de connaissance. Je n'ai qu'à, comme à présent, décrire ou me remémorer ces situation pour qu'aussitôt, le vertige m'en ressaisisse, comme dans une réminiscence particulièrement aiguë, celles-là mêmes dont parlait Proust, sans quoi il ne se serait jamais mêlé d'écrire.
Ces phénomènes de "fausse reconnaissance" entraînent, nous dit bergson, deux séries de fausses croyances : soit la croyance dans la prémonition, soit la croyance en la vie antérieure. Bergson, en bon rationaliste de son temps, a eu beau manifester l'ouverture d'esprit de demander que ces phénomènes ne soient pas ignorés par la philosophie ni la psychologie, et c'est pourquoi il a soutenu la création, puis les efforts de "l'Institut métapsychique" ; mais il a pris soin d'expliquer ces phénomènes et de les intégrer dans son système d'intensification du temps dans la durée : or, comme précisément, pour lui, le temps n'existait que rapporté à la durée, comme tous les souvenirs restaient présents au cerveau, il pouvait en aller de même du passé, le temps n'étant qu'une extension de la durée dans l'espace. A travers les phénomènes (dits) de "fausse reconnaissance", le sujet ne vivait qu'une certaine intensification de la durée dans le temps, et il était vain de chercher dans une caractérisation précise de ce temps intensifié au lieu d'être extensif et spatial, une manière de transcender le sujet au lieu d'intensifier la "durée pure", qui ne connaissait par définition, ni en-deçà, ni au-delà, catégories sensationnelles au sujet, mais inutiles à la philosophie, comme si celle-ci, soudainement, pouvait se développer indépendamment de l'observateur et de l'être éprouvant, la durée seule étant de l'être éprouvé.
2. La reconnaissance intelligible.
a) Le rappel.
J'en étais là, dans ce que je voulais souligner de la manière dont la réminiscence descendait de la reconnaissance (comme l'impulsion est le double et le trouble de l'intuition), et dont l'une et l'autre pouvait s'éprouver jusqu'au vertige et à la nausée, quand Mouss, toujours lui, à la faveur de sa décomposition, me fit ressouvenir de la réminiscence platonicienne, qui débordait largement le cadre subjectif à l'intérieur duquel, à la suite de Proust, je me bornais à raisonner, comme Sartre, de son côté, campant son Roquentin, ne savait pas qu'il ne faisait que décliner une forme particulière de vertige décompositionnel, pour entrer dans la nausée de diviser ce dont on ne perçoit que trop bien que c'est un symbole, comme la charade est la complaisance à feindre que les syllabes soient la raison des mots, quand elles ne servent qu'à en montrer le développement et l'expansion dans la polysémie du langage.
Mouss me fit ainsi sortir de moi :
C'est, si j'ai bien compris et me souviens bien, chez Platon, non pas le souvenir (résurgence du passé du sujet dans sa mémoire) mais une connaissance, un éclair, une illumination provenant d'une autre vie (Platon croyait à la transmigration des âmes) ou provenant du monde intelligible et se manifestant dans ce pauvre monde sensible."
a) Le rappel.
La réminiscence est donc un signe du monde intelligible, qui appelle "reconnaissance" de la connaissance que l'on a moins perdue qu'oubliée.
On dit que "la connaissance", c'est naître avec... ce qu'on apprend. La reconnaissance, c'est renaître avec... ce qui se rappelle à nous.
On moque beaucoup (et souvent, on a raison) les livres du "new age" comme de pures charlataneries, surtout quand elles sont américaines. Mais certains de ces ouvrages sont de pures oeuvres de vulgarisation platonicienne sans le savoir ou en feignant de l'ignorer. Ainsi du livre "Conversations avec Dieu" de Neal-donald walsh. Cette star des "talk shows" (comme Platon était connu pour ses dialogues) récuse l'idée que la vie est une école, un apprentissage, un stage, une épreuve... Il risque l'hypothèse que, pour le Créateur, l'existence de la créature est une façon de "faire l'expérience de lui-même" ou, selon sa terminologie, de "se connaître de façon expériencielle" ; et que, pour la créature, c'est un "rappel" : non pas la leçon d'un répétiteur, mais une façon d'entrer en reconnaissance ou de rentrer en connaissance, c'est-à-dire de se rappeler, de recevoir à nouveau son nom, et de se le donner aussi. Car, quand on nous demande :
"Comment tu t'appelles ?", ne nous demande-t-on pas raison du nom qu'on nous a donné ?
Et nous ne le discutons pas.
b)
La reconnaissance, prise comme cette renaissance du monde intelligible qui refait son expérience en nous de même que nous le redécouvrons en le connaissant déjà, suscite en nous une gratitude devant ce que j'ai appelé en posant ma charade "Le prodige d'exister", expression que j'ai empruntée à stann rougier (dans son livre : "dieu écrit droit avec des lignes courbes".)
De façon plus angoissamment libératoire (car toute libération est inséparable de l'angoisse avec laquelle nous ne parvenons pas à croire à notre élargissement), si nous acceptons la religion comme une sortie du sacrifice ; c'est-à-dire à la fois si nous acceptons que c'est la ligne évolutive vers laquelle ne peut logiquement qu'aboutir le sentiment religieux, et si nous acceptons, dans le cas particulier du christianisme, que le Sacrifice unique du christ a consacré la sortie du sacrifice, alors l'Eucharistie perd toute valeur propitiatoire, alors elle n'a plus pour fonction de soutenir le monde : mais elle se suffit à être louange, selon que l'étymologie nous en donne le sens. Elle se suffit à être louange à dieu pour avoir racheté à grand prix l'existence, qui est le devenir naturel de la vie. "On ne naît pas homme, femme ou vivant ni croyant, on le devient."
c) La propitiation de la tolérance.
Mouss écrit (et ce n'est pas un plaidoyer pour la tolérance) :
"Souvent il faut préciser "reconnaissance, au sens de gratitude". Mais il y a reconnaissance de dette (écrite). Je disais à mes élèves: "la tolérance, certes, est une belle chose, mais l'idée change selon les emplois, les formes grammaticales:
je tolère = je supporte mais j'aurais préféré ne pas avoir à le faire
intolérable = insupportable, qu'on ne peut souffrir.
Alors, Robert Misrahi, lequel avait la même idée de son côté, a dit un jour à France-Inter, vers 13H40, ce que je viens de dire et il a proposé et propose qu'on remplace "tolérance" et ses dérivés par "reconnaissance" et ses dérivés. Alors, "je reconnais" est mieux que "je tolère", etc."
Je pense justement le contraire puisque, si la gratitude s'affranchit de la propitiation, le monde continue d'avoir besoin d'être soutenu ; et, dans la mesure où "la tolérance" (qui supporte) et "la reconnaissance" sont des synonimes, c'est peut-être que la tolérance est appelée à supporter la nouvelle forme de propitiation. Voici donc ce que j'ai répondu à Mouss :
"Je ne peux m'empêcher d'aimer le mot de "tolérance", non seulement pour son goût de liberté, mais aussi parce que son étymologie, du verbe tolere, auquel moi aussi, je connais le sens de "supporter", mais je ne sais plus quel dictionnaire l'infirme, peut-être bien dic, en fait un ressort moral, dans la mesure où supporter, c'est soutenir, et où chacun demande en quelque sorte à être supporté et soutenu."
Je crois que la tolérance est la nouvelle mesure du moral du monde, peut-être la nouvelle forme de prière, comme Simonne weil cherchait "une nouvelle sainteté".
On est déchiré entre le désir de tout dire, le temps qui nous manque pour tout dire, la crainte, si l'on ne dit pas tout, d'oublier des perles qui se sont révélées au cours du jeu, la crainte enfin que vous ne croyiez que le charadier ne vous dise pas tout, et de là vous cache tout et ne vous dise rien ; la crainte, si l'on dit tout, de faire trop long et que vous ne lisiez pas une chronique patiemment mise sur le métier et qui distrait d'autres ouvrages.
Or les composantes de cette charade valent qu'on s'y arrête, car les uns et les autres nous y ont donné des instructions intéressantes, certaines définitions appelant quelques leçons ou rappels concernant l'histoire de france, bien que le sujet de cette charade se soit voulu, à l'origine, une méditation sur la mémoire.
Sommaire :
I UNE DECOMPOSITION FRANCAISE
A.
1. Les bagnards.
2. Les ponts boîteux.
B. Saint-Remi et le baptême de Clovis.
1. Le roi guérisseur.
2. Réminiscence et anamnèse.
C. Qu'un sang impur.
1. Une liaison mal't'à propos ?
2. La marseillaise en quelques dates.
3. Le sang impur, signification ?
D. Le pronom réfléchi.
E. Le préfixe de répétition.
F. Le vivre et le mourir.
II LES DEUX GENEALOGIES DE LA REMINISCENCE ET DE LA RECONNAISSANCE
1. La réminiscence subjective.
2. La reconnaissance intelligible.
a) Le rappel.
b) La gratitude (ou Eucharistie).
c) La propitiation de la tolérance
I UNE DECOMPOSITION FRANCAISE
A. L'île de Ré.
1. Les bagnards.
2. Les ponts boîteux.
A. L'île de ré.
"Première charade :Mon premier est une île de l'Atlantique" :
Mouss répond :
"Ile de Ré, qui n'est plus une île depuis la construction du pont; où Jospin a une maison, sûrement pas l'ancien fort Vauban, un bagne ("Merde à Vauban que chante Léo Ferré). Les habitants sont les Rêtais jamais arrêtais."
1. Les bagnards.
Tiens, et si nous écoutions "merde à vauban" ?
http://www.youtube.com/watch?v=HwHpjJfN7cw
a)
C'est que beaucoup de bagna)ards furent enfermés à l'île de Ré, dont le plus populaire n'est pas le maréchal Pétain, que son indignité nationale poursuit jusqu'à ne pas permettre que son tombeau soit rapatrié à douaumont, au milieu des soldats de verdun, bataille qu'il passe pour avoir vaincue, oui, mais pas seul !
Pétain prétendait avoir fait le don de sa personne à la france et pressentait qu'y serait sacrifié son honneur, car il aurait à se salir les mains avec des autorités d'occupation qui ne faisaient pas de quartier. Sa position a pourtant permis à l'armée d'Afrique de pouvoir combattre aux côtés des américains, dont certains historiens prétendent que Pétain les attendait, mais aux côtés d'un entourage tellement acquis à la cause nationale socialiste que, malheureusement, cela discrédite la mémoire chancelante du vieillard qui passait, avant guerre, pour un officier républicain.
Le testament sacrificiel de Pétain ressemble, dans son écriture, au testament de Louis XVI, qui refusa que fût versé le sang du peuple de Paris. D'aucuns, dont je suis, ont vu en CE ROI? Louis XVI un ROI martyre ; d'autres préfèrent le tenir pour un gouvernant faible, comme ils voient en Pétain un officier sénile. Et d'ajouter que la faiblesse ne sied pas aux gouvernants, et la sénilité encore moins.
b)
Toujours est-il que Pétain, comme le bagnard de Léo ferré, fut détenus sur l'île de ré. Or leur condition de prisonnier a eu beau être la même, le bagnard de Léo ferré n'aurait sans doute pas voulu partager la tristesse de sa condition de détenu avec le maréchal Pétain, lui qui, non seulement couvrit la déportation de juifs pour des "ailleurs" qu'il préférait ne pas connaître, préfèrent dire ses agiographes, qui ne veulent pas lui faire l'once d'une critique, mais fit des mutins de 1914, qui s'opposaient à une guerre qui sacrifia inutilemen toute une génération d'Européens et fit le lit de la haine racialde la guerre suivante dont l'Europe ne s'est jamais remise, (Pétain fit de ces lucides mutins) des "fusillés pour l'exemple", quoiqu'on puisse éventuellement convenir que le conflit gaullo-pétiniste ultérieur illustra la théorie de l'épée et du bouclier.
Guidony a fait un chef d'oeuvre à propos de ses mutins. c'est sa chanson "Le bon berger" que je vous propose d'écouter ici :
http://www.dailymotion.com/video/xrupu_guidoni-olympia-83-5-le-bon-berger_music
Il y décrit le comportement de son père, espérant en Pétain en relisant Péguy. Pétain a de fait réussi ce paradoxe bizarre, à travers "la révolution nationale", au lieu de remettre du coeur au ventre aux Français occupés, de mettre leur défaite sur le compte de leur incurie, et de les culpabiliser au moment où ils avaient besoin d'encouragements, de prétendre les restaurer moralement au moment où ils avaient besoin de remontrer militairement de quoi ils étaient capables, pour bouter hors de leur pays un occupant dont le nationalisme racial était ennemi de l'humanité.
guidony imagine encore dans sa chanson son oncle Marcel voulant faire don de la ponte de ses plus belles poules au vieux maréchal, avant de dénoncer de nuit tous ceux qui n'auraient pas été de "vrais français". Cela rappelle irrésistiblement cette scène d'"au bon beurre" où l'opportuniste crémier Charles-Hubert Poissonnard et sa femme Julie, qui ne se privaient pas de dénoncer de nuit leur voisin Léon Lécuyer, évadé de son camp de prisonnier, vont offrir à Pétain, en faisant le voyage de vichy, des oeufs de canard acquis au marché noir, en les faisant passer pour des oeufs de poule. Comme Pétain s'étonne de la grosseur de ces oeufs, Charles-Hubert a le trait de génie de dire que, quand la poule a su qu'elle pondait pour le maréchal, elle y a mis tout son coeur et a pondu un oeuf d'une grosseur inaccoutumée. Dutourd imagine à cet instant la présence de l'éditorialiste de "gringoire" René benjamin, qui immortalise la scènê en rédigeant un article intitulé :
"Le miracle de la poule", et qui est un chef d'oeuvre de pastiche de ce que put être la propagande de la révolution nationale.
Guidony, en face de ce père falot et de cet oncle délateur, imagine la grand-mère du narrateur, qui cuisine des rutabagas. Si "tous les enfants de France ont un second papi", la grand-mère, elle, aimerait bien faire goûter ses rutabagas au vrai grand-père de ses petits enfants. Mais le malheur veut que celui-ci soit mort en 1917, "fusillé pour l'exemple par notre bon berger",parce que mutin du "chemin des dames". Voici la mémoire de Pétain face aux mutins prise en charge par Jean guidony, qui souligne, dans son introduction à la chanson qu'il va interpréter en public, que tous les chanteurs ont un homme politique dont ils aiment arborer fièrement l'étendard : Barbara, c'était "l'homme à la rose" ; Bécault, c'était de Gaulle ; guidony, retrouvant des photos jaunies de l'été 43, ce sera Pétain, enfin, à sa manière, la même dont Roger Martin du gard soulignera dans "Les Thibault" que Jacques, l'un des deux frères, celui qui n'y survivra pas, refusera de prendre part à la guerre de 14, parce que cette guerre, dira-t-il, est celle des marchands d'armes et des patrons, pas celle des Français (ce qui n'est pas tellement le problème de Jacques), mais surtout pas celle de la classe ouvrière. Ce patriotisme, non de nation, mais de classe, est aujourd'hui entièrement assumé par Nathalie Arthaud, un peu moins clairement par Philippe Poutou, et à peu près dissimulé par Jean-Luc Mélanchon, alors que l'internationalisme est une composante essentielle de la pensée trotskiste et que, plus il est revendiqué, plus proprement on peut parler d'une extrême gauche, encore que le mot "extrême" soit, pour la plupart de ceux qui l'emploient, un terme disqualifiant, ce qu'il n'est pas dans ma bouche. Reste que l'internationalisme, tout en se donnant pour une pensée unificatrice, ne peut pas exister sans se donner un ennemi ; et cet ennemi, comme chacun sait, c'est la bourgeoisie, "le capital", le patronat.
Pétain, le fusilleur de mutins, a fait ce que Papon, déportateur sans scrupule de juifs à Mérignac où il ne s'était même pas donné la peine de se déplacer pour aller voir ce qui s'y passait, fera, en sa qualité de préfet, dans des circonstances nullement exceptionnelles où l'Etat était souverain, dans la répression de la manifestation du 17 octobre 1961, on l'on retrouvera beaucoup d'arabes jetés à la seine. La cohérence d'un homme peut juger de celui-ci.
Ce disant, me suis-je contredit ? Ai-je donné un coup à droite et un coup à gauche ? Ai-je assuré mes arrières en ne prenant pas totalement à mon compte la théorie de l'épée et du bouclier dont je pense qu'elle est la bonne interprétation de l'antagonisme gaullo-pétiniste, même s'il se peut que les deux personnages principaux de cet antagonisme ne l'aient pas entendu de cette oreille ? De vrai, je ne crois pas m'être contredit. Je crois avoir montré de quel côté un Pétain ou un Papon penchaient, compte tenu de ce qu'en eux, primait l'ordre militaire, non corrigé par ce vieux précepte chrétien de "désobéissance civile" qu'on n'appelait pas encore ainsi, mais "complexe d'antigone", qui fut particulièrement bien théorisé par Saint thomas d'aquin jugeant qu'on ne devait pas obéir à un ordre, nous fût-il doné du souverain, qui contrevenait manifestement aux lois de dieu, à la loi naturelle, à ce que le croissant de lune appellerait la "Justice basique". La faiblesse de cette injonction de désobéissance légitime à un ordre injuste, qui met le commandement politique en discussion permanente de ses agents militaires ou judiciaires, est qu'elle peut enrayer le bon fonctionnement de l'Etat. Mais il est vrai que, si l'Etat est bien gouverné, des discussions de ce genre ne devraient être qu'exceptionnelles, en cas de manquement flagrant à la Justice, lequel devrait être perceptible de tous.
c)
Le bagnard de Léo ferré n'aurait pas voulu partager le sort de Pétain, de même que les nostalgiques de Louis XVI, s'ils plaignent souvent aussi le sort de Pétain, auraient peu de pitié pour le bagnard de vauban de Léo ferré. Dis-moi quel détenu tu plains, et je te dirai pour quel ordre tu penches. Mais je te plaindrai aussi, si tu n'as pas pitié de tous les détenus politiques ou de droit commun, à travers le monde. Je reprocherai à ton coeur sa dureté, car il faut avoir pitié de la condition pénitentiaire et de ceux qui la subissent.
d)
Tant que j'y suis, je vais aggraver mon cas. Nous avons entendu le bagnard du fort vauban de l'île de Ré chanté par Léo ferré, nous avons modérément commisséré à l'exil tardif du vieillard galonné de Verdun et de vichy, mais rappellerons-nous qu'ils partagèrent le triste sort de la détention avec le bagnard de l'"île du diable", le capitaine Alfred Dreyfus, lequel fut libéré par la révision de son procès qui ne l'acquitta pas, fut réhabilité même après une Grâce qui ne cassa pas les condamnations de ses deux premiers procès, et de l'innocence de qui il est désormais interdit de douter, quand même la culpabilité d'Esterhazy n'a pas été établie de manière irréfutable, mais surtout alors que l'affaire dreyfus a été d'une très grande conséquence, puisqu'elle a abouti à l'unification du sionisme et à l'érection du "foyer national juif" en Etat d'Israël au terme du "plan de partage", pour la préoccupation du monde, encore soixante ans après cette reconnaissance onusienne.
Si l'on trouve que j'érige là des ponts douteux, c'est l'histoire qui est douteuse et toujours révisable, dans les jugements que nous devons avoir à son égard, et à l'égard des conséquences dont l'interprétation historique a toujours décidé des constructions politiques qui essaient de corriger les blessures de l'histoire. C'est pourquoi il faut avoir l'honnêteté de reconnaître, avec Tristan Mendès France et Michael Prasan - du temps qu'ils animaient leur émission "Le sens des mots" sur RCJ (Radio communauté Juive -), quoiqu'ils aient été farouchement partisans de la répression des révisionnistes et des négationnistes de la shoah, que l'histoire est par définition révisionniste, ce qui fait que les historiens sont de plus en plus réservés sur les lois mémorielles.
2. Les ponts boîteux.
L'île de Ré n'est plus une île, se plaint Mouss. De fait, qu'est-ce que c'est que cette manie de relier nos îles par des ponts, de manière à les rendre accessibles en voiture et plus du tout par bateau ? Ludo nous apprend que ce pont fut construit en 1989.
L'été dernier, quand nous nous rendîmes à Noirmoutiers, ma mie et moi, nous nous plaignîmes, en montant dans le car et dans l'espoir d'être entendus que, puisqu'un pont reliait le continent à l'île sur laquelle nous pénétrions pour la première fois, nous ne saurions pas quand nous arriverion sur cet île. Mais tout à coup, nous entendîmes la merre battre les vitres du car. Ca y était, nous y étions. Et comme nous longions l'île, la mer ne battait que plus fort à nos vitres. Mais, en écoutant mieux, nous nous aperçûmes que, certes, nous avions entendu la mer ; mais que ce que nous entendions maintenant, ce n'étaient pas les embruns comme nous l'avions espéré, mais l'averse qui nous accueillait, à notre arrivée sur l'île.
B. Saint-Remi et le baptême de clovis.
"Mes deux premiers forment le nom d'un évêque aux origines de la france ;" (J'avais été tenté de vous formuler mes deux premiers en un bloc :
mes deux premiers sont les deux premières notes du mode dorien).
La réponse était évidemment Saint Remi, qui conduisit le roi clovis au baptême. De mémoire, seuls, Ludo et Jean-Nicolas me l'ont donnée. (Au fait, quelqu'un a-t-il des nouvelles de Jean-Nicolas ? Je suis inquiet de ne plus le lire, répondant aux charades, car il est assidu.)
Saint Remi (437-533) aurait vécu quatre vingt seize ans, soit le même nombre d'années que compta le cinquième siècle quand il baptisa Clovis, dont on n'est pas absolument certain que ce fut en 496 : il y a une marge d'incertitude entre 496 et 506.
Pour de plus amples informations biographiques sur saint rémi, je vous invite à vous reprter à ce qu'en dit wikipedia en cliquant sur le lien suivant :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Remi_de_Reims
1. Le roi guérisseur.
On connaît le miracle de la sainte ampoule, l'huile du baptême venant à manquer et l'esprit-saint y suppléant en apportant du Saint-chrème grâce auquel tous les rois de France, qui furent, à la suite de Clovis, sacrés à reims à l'exception de Louis VI, d'Henri IV et de Louis XVIII, eurent le pouvoir de guérir les écrouelles. Les rois de France ont ainsi été tenus pour taumaturges, et il y a de fortes chances pour que les miracles qu'on leur imputait soient véridiques, car on ne voit pas, sinon, comment leur pouvoir aurait tenu si longtemps. La formule rituelle du roi touchant les écrouelles le jour de son Sacre et en de certaines autres occasions marquées au cours de son règne était :
"Le roi te touche, dieu te guérit".
Avec la révolution, le regret le plus profond de ceux qui tenaient pour la sacralité du pouvoir du roi très-chrétien était sans doute du côté de ceux qui déploraient que l'on eût délaissé un régim fondé sur le pouvoir confirmatif du merveilleux, attaché aux promesses faites au Roi d'être béni dans l'exercice de son règne. Le roi serait reconnu pour légitime à régner, et son "droit divin" ne serait validé que moyennant qu'il ait un réel pouvoir de guérir. Les écrouelles viennent du bas latin scrofula. Le roi était donc censé guérir les scrofuleux. Voici ce qu'on trouve au sujet des écrouelles dans un dictionnaire de vulgarisation médicale :
"Les écrouelles sont des ganglions anormaux apparaissant au niveau du cou à la suite d'une infection chronique par la tuberculose. Et un peu plus loin, on trouve cette citation d'Eric le Labour (in "Les
rois maudits, l'enquête historique" : "Il semble que ce soit Saint-Louis (grand-père de Philippe le Bel), à travers la formule « Le roi touche, Dieu te guérit » qui instaure la pratique de ces rituels particuliers qui consistent à toucher les écrouelles le lendemain du sacre du roi pour que ceux-ci guérissent. Le toucher des écrouelles se poursuivra en France jusque sous Charles X qui, en 1825, touchera encore 121 scrofules dont 5 guériront."
Le 17 mars dernier, mourait Chenouda III, le pape des coptes, à l'âge de 88 ans, après quatre décennies de règne. (Pour une recension de cette information, voir par exemple cet article :
http://www.lemonde.fr/afrique/article/2012/03/17/mort-de-chenouda-iii-patriarche-copte-d-egypte_1671548_3212.html
)
La personnalité de ce patriarche était très contestée en Egypte, notamment à cause du soutien sans faille que lui apporta Osni Moubarak, dont la femme Suzanne était copte. Il se dit beaucoup qu'Osni Moubarak sentait depuis longtemps la nécessité de quitter le pouvoir, mais que sa femme Suzanne et son fils gamal ont eu une très mauvaise influence sur lui. On accusait entre autres Chenouda III d'avoir développé en Egypte une police parallèle. On met peu en relief, dans la vie de ce patriarche, qu'il s'opposa si farouchement aux accords de Campdavid que Sadate ordonna son exil hors d'egypte. Mais où le rapprochement avec le roi sacré touchant les écrouelles s'impose ici, c'est que "le pape des Coptes" est le seul patriarche chrétien à avoir été constamment taumaturge. Un "pape des coptes" qui ne serait pas taumaturge ne pourrait pas longtemps régner. Cela s'explique en partie parce que la Tradition attribue au pape des coptes l'héritage de ce qu'on a appelé la chaire de Saint Marc, lequel ne serait autre, non seulement que l'évangéliste, mais que le jeune homme riche évoqué dans l'Evangile. Or voici comment se termine l'evangile selon Saint-Marc, juste avant l'ascension du christ :
"Et ce sont ici les signes qui accompagneront ceux qui auront cru : en mon nom : ils chasseront les démons ; ils parleront de nouvelles langues ; ils prendront des serpents ; et quand ils auront bu quelque chose de mortel, cela ne leur nuira point ; ils imposeront les mains aux infirmes, et ceux-ci se porteront bien." (Marc, 16,17-18)
Le "pape des coptes" a toujours pris au sérieux la fin de l'evangile de celui dont il occupe la chaire ; les évangélistes d'aujourd'hui basent leur prédication sur des signes et des prodiges identiques, qu'ils affirment vérifiables. Leur mérite est à mes yeux de vouloir que l'Absolu dont ils témoignent soit confirmé par le merveilleux dont s'accompagne leur témoignage. N'ayant pas fréquenté assez assidûment leurs assemblées, je ne puis dire dans quelles proportions cette confirmation est attestée. Mais je parie quand même que, si la supercherie était totale, ils auraient été démasqués depuis longtemps.
2. Anamnèse et réminiscence.
On a tenu pour puérile l'engagement baptismal contracté par clovis, sous prétexte qu'il aurait été fait à la suite d'un chantage :
"Dieu, en qui la reine clotilde croit, donne-moi la victoire, et je me convertirai à Toi."
Clovis tint parole et, avec lui, furent baptisés trois mille de ses soldats, ce qui permit que soit posée la question du "baptême d'une nation", point qui tend à être récusé par un grand nombre de théologiens, sous l'influence de la laïcité.
Les paroles adressées par Remi à Clovis sont demeurées célèbres :
"Courbe la tête, fier sicambre,
, abaisse humblement ton cou.
Adore ce que tu as brûlé et brûle ce que tu as adoré.»
La première fois que j'ai lu ces paroles, je n'ai pu m'empêcher de me demander ce que c'était qu'un sicambre. ô surprise, un sicambre, c'est moi :
Sicambres
Peuple germanique établi dans le bassin de la Ruhr. Une partie d'entre eux
s'installa en Gaule, et, au IIIe siècle, se mêla aux Francs.
Bien, nous voilà renseignés, Clovis est un ancêtre de nos sidérurgistes.
Je ne sais pourquoi ce mot sicambre, sans doute parce que je l'ai découvert au même moment, me fait invariablement penser au mot zoïle. Méfiez-vous : si je vous le signale, c'est qu'il pourrait bien tomber lors d'une prochaine charade. Mais qu'est-ce qu'un zoïle (ou plutôt qui était zoïle ?)
Zoïle
Zoïle (en grec, Zoilos)
(IV éme siècle avant Jésus-Christ), sophiste grec; célèbre par ses critiques exagérément sévères des oeuvres d'Homère.
C'est ainsi que, moi qui ne suis pas Homère, je peux avoir mon zoïle. En ce qui me concerne, j'ai de la chance, j'en ai deux : le croissant de lune et Mustapha, pas tous les jours, mais plus souvent qu'à leur tour.
Or mes zoïles nous éloignent de notre clovis se faisant dire au baptistaire au milieu de ses soldats qu'il doit adorer ce qu'il a brûlé. On comprend la proposition inverse : les païens, pour devenir chrétiens, devaient brûler leurs idoles, au moins dans leur coeur. Mais faudrait-il supposer que le barbare clovis, avant d'être baptisé, aurait brûlé quelques effigies chrétiennes et, si oui, lesquelles ?
A la fin de la messe célébrée par lui au bourget le 1er juin 1980, un peu moins de trente-deux ans avant que françois Hollande n'annonce au même endroit que la première mesure qu'il prendrait serait d'inscrire la laïcité et la loi de 1905 portant (implicitement) séparation des eglises et de l'Etat dans la constitution française, à la fin d'un développement sur la culture où il déclarait que "l'homme était la route de l'Eglise", Jean-Paul II posa cette question qui contribua à rendre difficile son voyage à reims, seize années plus tard :
"France, fille aînée de l'Eglise, es-tu fidèle aux promesses de ton baptême ?"
C'était tout d'abord replacer la france dans un héritage chrétien avec lequel une bonne partie d'entre elle ne se reconnaissait plus : "fille aînée de l'eglise" ; c'était ensuite reconnaître une croyance dans le "baptême des nations" ; c'était enfin demander à la fille aînée de l'eglise (en tant que nation) et à la mère de la laïcité des comptes sur sa fidélité à un baptême dont il aurait fallu qu'elle se souvienne. C'était, en un mot, s'attendre, moins à ce que la France ait gardé quelques réminiscences de son baptême, qu'à ce qu'elle en fasse une anamnèse, savoir un retour volontaire à sa mémoire.
C. Qu'un sang impur.
"mon quatrième est rouge ou bleu, mais jamais impur ; donc il est blanc ?" Troublant !
Mouss écrit :
"4 sang s a n g. Je me suis toujours demandé pourquoi le sang des nobles était bleu. Est-ce parce qu'ils voyaient toujours rouge?...
A partir de la Révolution, ils avaient du mauvais sang à se faire."
Un jour, j'ai écrit au croissant de lune, cela a été reproduit dans l'un de ses compte rendus, qu'à sa différence lunaire, le Torrentiel avait le sang bleu (il est pourtant vrai que les torrents no'nt pas la couleur de la mer !) Mon jouteur adversaire n'eut pas de mal à me répondre, en sa qualité de "praticien de santé" que, si j'avais le sang bleu, c'est sûrement que j'avais un ématome. Depuis, je ne veux plus me bleuir, et encore moins passer pour un bleu !
Quand je vous disais que nous étions dans une décomposition française ! Nous passons du baptême de clovis à la révolution. Est-ce que j'écris comme un ultra ?
1. Une liaison mal-t'à propos ?Commençons par nous demander pourquoi faire une liaison aussi malt'à propos que celle du sanq'impur ! Car, si l'on s'en était tenu au nom et à l'adjectif qui devaient être reliés, ç'aurait été le sanj'impur qu'on aurait dû attendre. Cela certes aurait fait moins martial ! Ca aurait fait de grands "splatch", comme fait le sang quand il gicle, pauvre sang des êtres carnés !
Eh bien non ! Car on a oublié qu'un grand homme se dit un grant'homme Et dans quelques locutions figées comme celle qui nous intéresse, le "g" devient "k" ! On prononce le "g" avec l'accent alsacien.
Pourquoi ? Le Français s'est pour ainsi dire développé en sens inverse des langues qui se sont vocalisées. Il s'est déconsonnantisé, tandis que beaucoup de sons, formées à base d'une voyelle et d'une consonne, se sont nasalisés. Mais écoutons les spécialistes :
"La liaison est la prononciation dans certains cas d'une consonne qui n'est généralement pas entendue, suite à un amuïssement ancien. Cette consonne est située après la dernière voyelle du mot et avant la voyelle initiale du mot suivant. Elle rappelle que toutes les consonnes étaient prononcées en ancien français même si certaines ne sont plus que graphiques. Au contraire de l'élision qui supprime une voyelle (une amie), la liaison ajoute une consonne. (...) – Le g vélaire sonore se prononce [k], vélaire sourde. Un long article. Un sang impur. Bourg-en-Bresse. Cette prononciation est vieillie et ne se pratique plus guère. Le g a tendance à conserver son timbre même en liaison. "
2. La marseillaise en quelques dates.
D'abord, la marseillaise aurait dû s'appeler "la strasbourgeoise", puisque les paroles en furent écrites par claude Joseph rouget de l'Isle (affluent du rhin passant à Strasbourg) à la demande du maire d'icelle ville, le baron Frédéric de Dietrich, au domicile de qui elle aurait été exécutée pour la premièe fois). On craint aujourd'hui de ne plus connaître le compositeur de la musique de ce qui devait devenir une hymne soldatesque, puis notre hymne nationale. Dans mon enfance, on disait que la musique avait été composée et accompagnée au clavecin par la nièce de Rouget de l'Isle. On a l'air d'en douter aujourd'hui.
3. Le sang impur, signification ?
La marseillaise-strasbourgeoise fut composée dans la nuit du 25 au 26 avril 1792, adoptée une première fois par le comité de salut Public le 14 juillet 1795, abandonnée par l'Empire au profit du "chant du départ", puis adoptée à nouveau par la troisième Répubique le 14 février 1879 ("le sank'impur" le jour de la Saint-valentin).
Sont réputées impures quatre vingt jours après leurs couches les parturiantes, par le lévitique, ce livre même dont j'ai extrait la citation que "l'âme de la chair, c'est le sang" (Lévitique 17:11).
Mais le sang impur de la marseillaise n'est pas celui des parturiantes. Je cite :
"Aujourd'hui, en France, les paroles de La Marseillaise sont parfois critiquées. C'est le vers Qu'un sang impur abreuve nos sillons qui est notamment décrié et parfois qualifié de raciste.
Or quand on parle de sang impur dans la Marseillaise, ce n'est pas celui des ennemis dont il est question, mais du sang des hommes du peuple prêt au sacrifice pour défendre la patrie en danger contre les armées coalisées de l'aristocratie européenne contre-révolutionnaire, Contre nous de la tyrannie... L'Unité du genre humain avait été inscrite dans la Déclaration des Droits de l’Homme et du citoyen. La Révolution abolitionniste de Saint-Domingue avait triomphé.
En pleine guerre révolutionnaire et surtout contre-révolutionnaire, ce vers évoque un appel au martyre contre la noblesse, classe sociale fondée sur l'hérédité et dite de « sang pur » ou de « sang bleu »." En résumé, "le sang impur" serait offert d'être versé par le peuple à l'encontre d'une noblesse au prétendu sang pur et bleu, qui s'illustrerait dans des menées contre-révolutionnaires. Que cela se tienne historiquement, nous pourrions l'admettre, si autant d'allusions n'étaient pas faites, dans les paroles de "La marseillaise", si ce n'est pour en appeler à ce que le sang étranger abreuve les sillons français, en tout cas en haine manifeste de l'étranger.
Valéry Giscard d'Estaing avait déjà ralenti la musique de "La marseillaise" ; le Père Jean toulat, après alphonse de Lamartine, victor Hugo et... Mireille Mathieu, a lancé un appel au début des années 1990 pour que soient changées les paroles de "La marseillaise". vingt ans après, je ne pourrais que soutenir cet appel. Le plus drôle est que son initiateur, le Père Jean toulat, était un cousin de Jean Ferré, fondateur de "radio courtoisie", bien que les deux hommes n'aient pas du tout partagé les mêmes idées.
NB :
1. Pour consulter les paroles de "La marseillaise", cliquez ici :
http://www.marseillaise.org/english/francais.html
Pour entendre Jessye Norman chanter (fort laidement) "La marseillaise" lors de la célébration du bicentenaire de la révolution française, cliquez ici :
http://www.youtube.com/watch?v=1QQ2k3UpHwQ
(Elle chante même en décalage avec le choeur.)
D.
Le pronom réfléchi.
Ici, cette simple citation de la définition suffira, avec la solution qu'en donne Mouss. Il s'agit d'avoir à l'esprit les verbes pronominaux, dont nous approfondirons les différents genres une autre fois :
Moi :
"mon cinquième est un pronom réfléchi ;
Mous :
"
5 se s e. Pronom réfléchi (renvoyant au sujet lui-même) personnel de la 3ème personne du singulier, du masculin comme du féminin, pouvant être C.O.D. ou C.I.D. (j'aurais plutôt écrit : c.O.i. : l'essentiel est que l'on comprenne que le pronom réfléchi peut être indifféremment complément d'objet direct ou complément d'objet indirect du verbe pronominal.)
Le jeu entre les finales des deux charades nous fait percevoir que les deux "ce"(ou "se"), que l'on peut confondre dans l'orthographe grammatical, n'ont pas la même nature : le premier, s'écrivant "se" et entrant dans la conjugaison d'un verbe pronominal, est pronom réfléchi ; le second, s'écrivant "ce" et montrant un objet, est adjectif démonstratif. Mouss complète en parlant des particules démonstratives "ci" et "là" : "ci" est la particule de ce qu'on va exposer ou de l'objet le plus éloigné : celui-ci (fait référence au premier élément nommé dans une énumération), voici (fait référence à une matière qu'on va exposer) ; ""là" fait référence au dernier élément nommé dans une énumération et, dans "voilà", à ce qu'on vient d'exposer).
E.
Le préfixe de répétition.
Nous entrons ici dans la seconde charade, celle qui avait pour solution "reconnaissance" :
Ce sont deux éléments de "radio coulisse" qui m'arrêtent ici : une drôlerie de Ludo et une autre de babeth.
Ludo m'écrit :
"1 R, e, dont on se sert pour la notion de répétition comme dans Reblochon,
fromage cuit deux fois (bien, Ludo, tu m'apprends donc qu'il y a le blechon et le re-blechon).
Quant à Babeth, voici ce qu'elle m'écrit :
"
coucou Julien
reconnaissance
re ( redire une autre fois) co" (après m'avoir dit "coucou" ! Pour Babeth, "re" est le perroquet du "cou" : je me demande comment chante son coucou. Vous me direz que, pour Mouss, "ti" est la moitié d'un "titi", Babeth a été élevée à bonne école.
Tiens, puisqu'on parle du maître d'école, le voilà qui parle de "re" à la "hareu hareu" :
"
= 1 re r e: il fait et refait... je n'ai pas dit "dans sa culotte..." Forcément, le maître est sans culotte.
Mais laissons-le poursuivre :
"
2 co c o copilote, co-adjuteur... "and co" des Anglo-Saxons. Anglo-Saxons qui n'aiment pas qu'on les appelle ainsi, comme les Français n'aimeraient pas qu'on les appelle toujours "Gaulois"."
Tu entends, croissant de lune ?
F.
Le vivre et le mourir.
Ma définition disait :
"mon troisième fait le contraire de mourir ;".
Ludo me répond:
"3 N, a, î, t, moi, j'aurais dit que le contraire de mourir était de vivre,
mais je ne vois pas d'autre contraire pour naître."
Il se trouve que d'autres personnes, à qui j'avais posé cette charade, m'ont fait la même remarque.
L'objection de Ludo fait mieux que se défendre :le contraire de mourir, c'est vivre ! Mais, à y mieux réfléchir, vivre est le contraire d'être mort. Tandis que naître, en effet, est le contraire de mourir. La preuve, c'est qu'on ne voit pas d'autre contraire à "naître" que "mourir". Mais peut-être que "naître" serait le contraire de "mourir", tandis que "vivre" serait le contraire du "mourir". "Le mourir" est un processus lent, le "vivre" aussi, d'ailleurs ! Cherche désespérément une philosophie qui ne nous apprenne pas à "mourir", mais nous enseigne le "savoir-vivre" !
II LES DEUX GENEALOGIES DE LA REMINISCENCE ET DE LA RECONNAISSANCE
1. La réminiscence subjective.
a)
Réminiscence, réminiscence ! et dire qu'au début de ce compte rendu, j'ai parlé de l'affaire dreyfus, mais Proust aussi, lui, le fils de Jeanne-clémence Weil qui, tout au long de "La recherche", s'est amusé à brouiller les pistes ! Son père était antidreyfusard, lui était du parti inverse ; mais être du parti inverse, c'était "en être", comme "en être", c'était être du côté des "invertis". Alors, en était-il ? Et en était-il fièrement ou comme on est fier de "ses parties honteuses" ? Car une chose est sûre : c'est que Proust n'était pas fier d'être "inverti", ni que son "albertine" fût son chauffeur Albert, son fugitif chauffeur ! (Mais comment ne pas être fugitif quand on est chauffeur ? Quand on est un chauffeur motorisé? Il y a de quoi vous destiner à être un chauffard de l'amour, je n'ai pas parlé de "Monsieur Paul", Monsieur Maillot !) Dans "L'hymne à la réminiscence" qu'est "La recherche du temps perdu", qui est aussi la "Chronique de la vie d'un snobe", Proust s'emploie à merveile à brouiller les pistes, en particulier sur ce chapitre de l'affaire dreyfus : en est-il ? N'en est-il pas ? A priori, il en est. Mais comment expliquer, en allant un peu plus loin que le simple point de savoir que son père était un lecteur régulier de "L'action française", tandis que sa mère préférait Madame du défand et sa grand-mère Madame de sévigné, cette correspondance admirative de Proust à Maurras, où il lui écrivait que, chaque jour, en lisant "L'action française", il prenait "une cure d'altitude intellectuelle" ?
Lorsque j'ai posé cette charade, je n'étais pas allé chercher très loin. J'étais allé chercher dans ma mémoire, à faire l'apologie de la réminiscence subjective, comme Proust est passé maître à la faire, à travers l'apologie de la "petite madeleine" qui avait réveillé en lui le souvenir des aubépines, de la sonate de Vinteuil, et puis "du côté de Guermantes", à faire comprendre au narrateur pourquoi swann avait épousé Odette pour retenir l'amour de celle "qui n'était pas son genre" !
Tout est parti d'une remarque de Mouss qui, à propos d'autre chose, avait insisté sur le rôle des odeurs dans la mémoire
"
J'ai l'impression qu'on s'intéresse beaucoup à l'amnésie en ce moment (il y a un film récent qui traite le sujet). Antérieurement, il y a
"voyageur sans bagage" d'Anouilh, et
"Siegfried et le Limousin" de Jean Giroudoux.
Un jour, j'ai écouté une émission sur les odeurs; d'où mon projet de vous faire un petit topo sur l'anosmie (perte de l'odorat). J'y ai appris que pour faire revenir la mémoire, on se servait des odeurs. Aussi, fait curieux: en procédant ainsi, on a remarqué que l'amnésie se maintenait quand on disait au malade le nom de l'odeur. Le procédé consiste à faire sentir une odeur et c'est au malade d'associer des sensations, des souvenirs liés à cette odeur."
Je répondais :
"Le nom de l'odeur, pas de l'auteur, en alsace, on pourrait confondre.
Sérieusement, la mémoire a l'air d'en appeler aux sens qui appréhendent les choses de l'intérieur, comme le goût et l'odeur, par opposition à ceux qui appréhendent le monde de l'extérieur comme la vue ou le "tact" (condillac).
A la réflexion, c'est normal, puisque la mémoire est une faculté qui vient de l'intérieur et apporte une lumière intérieure sur le monde extérieur.
quand (on lit) les trois réminiscences de Proust, et surtout la plus célèbre, la petite madeleine, on est purement dans le registre du gustatif. Avec la deuxième, la sonate de vinteuil, on est dans le registre auditif. Mais l'écoute est elle-même un décryptage intérieur des sons qui rentrent à l'intérieur. Pour la troisième réminiscence, celle de la dénivellation du pavement lorsque le narrateur descend du trottoir, la réminiscence est de l'ordre de la sensation. Ce qui m'a toujours frappé, c'est combien cette réminiscence avait un caractère étrangement urbain dans cette oeuvre qui l'est si peu, non pas urbaine au sens de l'urbanité mondaine, mais urbaine au sens de l'urbanisme. Comme si l'évocation de cette réminiscence, avant laquelle la guerre (était passée) par là, avait pour but de montrer qu'on avait changé d'époque !
La mémoire, ou l'appel à une faculté spirituelle du sensualisme intérieur ! Il est frappant de constater combien de fois Proust n'hésite pas à en appeler à ce mot de "spiritualité", puisqu'il travaille sur la faculté artistique de sentir et de représenter (cf les longues descriptions de l'oeuvre d'elstir et... de wermer).
b)
De la réminiscence, m'est naturellement venu l'envie de parler de "la reconnaissance", étant donné qu'à chaque fois que j'ai vécu l'un de ces phénomènes dont Bergson parle comme d'un phénomènes de "fausse reconnaissance" (dans "L'énergie spirituelle", (justement), , où l'on a déjà l'impression d'avoir vécu la situation que l'on est en train de traverser, j'ai ressenti un malaise pouvant aller jusqu'au vertige et, si je ne luttais pas contre ce malaise de la prétendue "fausse reconnaissance", jusqu'à la perte de connaissance. Je n'ai qu'à, comme à présent, décrire ou me remémorer ces situation pour qu'aussitôt, le vertige m'en ressaisisse, comme dans une réminiscence particulièrement aiguë, celles-là mêmes dont parlait Proust, sans quoi il ne se serait jamais mêlé d'écrire.
Ces phénomènes de "fausse reconnaissance" entraînent, nous dit bergson, deux séries de fausses croyances : soit la croyance dans la prémonition, soit la croyance en la vie antérieure. Bergson, en bon rationaliste de son temps, a eu beau manifester l'ouverture d'esprit de demander que ces phénomènes ne soient pas ignorés par la philosophie ni la psychologie, et c'est pourquoi il a soutenu la création, puis les efforts de "l'Institut métapsychique" ; mais il a pris soin d'expliquer ces phénomènes et de les intégrer dans son système d'intensification du temps dans la durée : or, comme précisément, pour lui, le temps n'existait que rapporté à la durée, comme tous les souvenirs restaient présents au cerveau, il pouvait en aller de même du passé, le temps n'étant qu'une extension de la durée dans l'espace. A travers les phénomènes (dits) de "fausse reconnaissance", le sujet ne vivait qu'une certaine intensification de la durée dans le temps, et il était vain de chercher dans une caractérisation précise de ce temps intensifié au lieu d'être extensif et spatial, une manière de transcender le sujet au lieu d'intensifier la "durée pure", qui ne connaissait par définition, ni en-deçà, ni au-delà, catégories sensationnelles au sujet, mais inutiles à la philosophie, comme si celle-ci, soudainement, pouvait se développer indépendamment de l'observateur et de l'être éprouvant, la durée seule étant de l'être éprouvé.
2. La reconnaissance intelligible.
a) Le rappel.
J'en étais là, dans ce que je voulais souligner de la manière dont la réminiscence descendait de la reconnaissance (comme l'impulsion est le double et le trouble de l'intuition), et dont l'une et l'autre pouvait s'éprouver jusqu'au vertige et à la nausée, quand Mouss, toujours lui, à la faveur de sa décomposition, me fit ressouvenir de la réminiscence platonicienne, qui débordait largement le cadre subjectif à l'intérieur duquel, à la suite de Proust, je me bornais à raisonner, comme Sartre, de son côté, campant son Roquentin, ne savait pas qu'il ne faisait que décliner une forme particulière de vertige décompositionnel, pour entrer dans la nausée de diviser ce dont on ne perçoit que trop bien que c'est un symbole, comme la charade est la complaisance à feindre que les syllabes soient la raison des mots, quand elles ne servent qu'à en montrer le développement et l'expansion dans la polysémie du langage.
Mouss me fit ainsi sortir de moi :
C'est, si j'ai bien compris et me souviens bien, chez Platon, non pas le souvenir (résurgence du passé du sujet dans sa mémoire) mais une connaissance, un éclair, une illumination provenant d'une autre vie (Platon croyait à la transmigration des âmes) ou provenant du monde intelligible et se manifestant dans ce pauvre monde sensible."
a) Le rappel.
La réminiscence est donc un signe du monde intelligible, qui appelle "reconnaissance" de la connaissance que l'on a moins perdue qu'oubliée.
On dit que "la connaissance", c'est naître avec... ce qu'on apprend. La reconnaissance, c'est renaître avec... ce qui se rappelle à nous.
On moque beaucoup (et souvent, on a raison) les livres du "new age" comme de pures charlataneries, surtout quand elles sont américaines. Mais certains de ces ouvrages sont de pures oeuvres de vulgarisation platonicienne sans le savoir ou en feignant de l'ignorer. Ainsi du livre "Conversations avec Dieu" de Neal-donald walsh. Cette star des "talk shows" (comme Platon était connu pour ses dialogues) récuse l'idée que la vie est une école, un apprentissage, un stage, une épreuve... Il risque l'hypothèse que, pour le Créateur, l'existence de la créature est une façon de "faire l'expérience de lui-même" ou, selon sa terminologie, de "se connaître de façon expériencielle" ; et que, pour la créature, c'est un "rappel" : non pas la leçon d'un répétiteur, mais une façon d'entrer en reconnaissance ou de rentrer en connaissance, c'est-à-dire de se rappeler, de recevoir à nouveau son nom, et de se le donner aussi. Car, quand on nous demande :
"Comment tu t'appelles ?", ne nous demande-t-on pas raison du nom qu'on nous a donné ?
Et nous ne le discutons pas.
b)
La reconnaissance, prise comme cette renaissance du monde intelligible qui refait son expérience en nous de même que nous le redécouvrons en le connaissant déjà, suscite en nous une gratitude devant ce que j'ai appelé en posant ma charade "Le prodige d'exister", expression que j'ai empruntée à stann rougier (dans son livre : "dieu écrit droit avec des lignes courbes".)
De façon plus angoissamment libératoire (car toute libération est inséparable de l'angoisse avec laquelle nous ne parvenons pas à croire à notre élargissement), si nous acceptons la religion comme une sortie du sacrifice ; c'est-à-dire à la fois si nous acceptons que c'est la ligne évolutive vers laquelle ne peut logiquement qu'aboutir le sentiment religieux, et si nous acceptons, dans le cas particulier du christianisme, que le Sacrifice unique du christ a consacré la sortie du sacrifice, alors l'Eucharistie perd toute valeur propitiatoire, alors elle n'a plus pour fonction de soutenir le monde : mais elle se suffit à être louange, selon que l'étymologie nous en donne le sens. Elle se suffit à être louange à dieu pour avoir racheté à grand prix l'existence, qui est le devenir naturel de la vie. "On ne naît pas homme, femme ou vivant ni croyant, on le devient."
c) La propitiation de la tolérance.
Mouss écrit (et ce n'est pas un plaidoyer pour la tolérance) :
"Souvent il faut préciser "reconnaissance, au sens de gratitude". Mais il y a reconnaissance de dette (écrite). Je disais à mes élèves: "la tolérance, certes, est une belle chose, mais l'idée change selon les emplois, les formes grammaticales:
je tolère = je supporte mais j'aurais préféré ne pas avoir à le faire
intolérable = insupportable, qu'on ne peut souffrir.
Alors, Robert Misrahi, lequel avait la même idée de son côté, a dit un jour à France-Inter, vers 13H40, ce que je viens de dire et il a proposé et propose qu'on remplace "tolérance" et ses dérivés par "reconnaissance" et ses dérivés. Alors, "je reconnais" est mieux que "je tolère", etc."
Je pense justement le contraire puisque, si la gratitude s'affranchit de la propitiation, le monde continue d'avoir besoin d'être soutenu ; et, dans la mesure où "la tolérance" (qui supporte) et "la reconnaissance" sont des synonimes, c'est peut-être que la tolérance est appelée à supporter la nouvelle forme de propitiation. Voici donc ce que j'ai répondu à Mouss :
"Je ne peux m'empêcher d'aimer le mot de "tolérance", non seulement pour son goût de liberté, mais aussi parce que son étymologie, du verbe tolere, auquel moi aussi, je connais le sens de "supporter", mais je ne sais plus quel dictionnaire l'infirme, peut-être bien dic, en fait un ressort moral, dans la mesure où supporter, c'est soutenir, et où chacun demande en quelque sorte à être supporté et soutenu."
Je crois que la tolérance est la nouvelle mesure du moral du monde, peut-être la nouvelle forme de prière, comme Simonne weil cherchait "une nouvelle sainteté".
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